Les nouvelles technologies s’invitent en élevage - La Semaine Vétérinaire n° 1814 du 21/06/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1814 du 21/06/2019

E-SANTÉ

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : AMÉLIE MUGNIER 

Présentée lors d’une journée scientifique à l’ é cole nationale vétérinaire de Toulouse le 23 mai, l’utilisation de l’intelligence artificielle pourrait permettre des avancées en matière de santé et de bien-être animal.

Dans l’élevage de précision, les nouvelles technologies sont utilisées pour aider l’éleveur dans la gestion de son troupeau. Les objectifs sont multiples : améliorer le bien-être des animaux, adapter l’alimentation à leurs besoins, envisager des thérapeutiques individualisées (et non plus de la métaphylaxie), mais également réduire l’impact environnemental des exploitations tout en préservant leurs performances techniques et économiques. Ces nouveaux outils, dont certains ont été présentés lors d’une journée scientifique intitulée « Des données à la gestion médicale », le 23 mai, à l’école nationale vétérinaire de Toulouse1 (ENVT), rendent possible une plus grande transparence auprès des consommateurs sur la qualité des produits et les pratiques d’élevage. Ils se basent sur des données épidémiologiques couplées à l’intelligence artificielle.

En assurant un suivi précis, continu et automatisé des animaux, ces outils visent à détecter précocement des anomalies et donc à permettre une action rapide, ont expliqué les conférenciers, le Pr Didier Concordet2 et le Dr Tomas Norton3 à l’ENVT. L’objectif de ces systèmes n’est pas de remplacer l’éleveur. Utilisés en complément de son expertise et de celle des autres professionnels du secteur, ils permettront des évolutions.

écouter les porcs

Dans l’espèce porcine, un outil audio, SoundTalks SOMO®, associant un microphone et un logiciel, permet d’enregistrer en continu les sons émis au sein d’un bâtiment d’élevage. Le logiciel est capable de trier les différents sons enregistrés (porte, ventilation, voix humaines, etc.) et de repérer celui qu’il va cibler pour ensuite l’analyser, à savoir les toux émises par les porcs. Cette analyse rend compte de l’évolution du nombre de toux au sein du bâtiment. Le dépassement d’un seuil déterminé entraîne l’émission d’une alerte rendant possible un diagnostic précoce et donc un traitement rapide. Ce système de suivi en continu, déjà disponible sur le terrain, fournit à l’éleveur des informations précises pour décider de son mode d’action.

Mesurer le poids et la prise alimentaire

Encore en cours de développement, PigLetDetect4 a pour objectif de prédire la survenue d’une diarrhée chez des porcelets en post-sevrage à partir du comportement alimentaire et dipsique, ainsi que de la courbe de poids. Le système se base sur des nourrisseurs connectés qui suivent, de manière individuelle, le poids et la consommation des porcelets équipés de puces RFID (en anglais, radio frequency identification). Un algorithme permet ensuite de faire le lien entre les données enregistrées par les nourrisseurs et l’état sanitaire des porcelets. Objectif du système : déceler les modifications du comportement de consommation des porcelets qui précèdent la survenue d’un épisode de diarrhée. L’éleveur pourra ainsi l’anticiper et en limiter les conséquences. Cet outil est prometteur mais des améliorations sont en cours car il présente des résultats encore insuffisants pour être utilisable sur le terrain (sensibilité ≈ spécificité ≈ 75 %).

Filmer les déplacements

L’utilisation des technologies d’analyse d’images permet également de voir apparaître des innovations. Des systèmes se développent afin de compter et de suivre les poulets de manière individuelle pour en déduire un comportement collectif. L’objectif est de pouvoir détecter des anomalies de distribution des animaux au sein du bâtiment reflétant des problèmes de ventilation ou de ligne de distribution des aliments, par exemple. L’alerte donnée à l’éleveur lui permet encore une fois d’agir rapidement pour améliorer le bien-être de ses animaux et éviter des pertes importantes.

1 Voir La Semaine vétérinaire n°1812 du 07/06/2019, page 18.

2 Professeur de statistique et de modélisation, Unité mixte de recherche (UMR) Toxalim, ENVT.

3 Assistant professeur, M3-Biores (“Measure, Model & Manage Bioresponses”), KU Leuven.

4 Outil développé par l’UMR InTheRes (Innovations thérapeutiques et résistances) Institut national de la recherche agronomique (INRA)/ENVT, l’Institut du porc (Ifip) et un partenaire privé (Asserva).

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