Arti-cell® Forte, premier médicament vétérinaire à base de cellules souches - La Semaine Vétérinaire n° 1814 du 21/06/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1814 du 21/06/2019

PHARMACIE

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Boehringer Ingelheim a présenté le 7 juin, lors d’une conférence de presse à Paris, le premier médicament vétérinaire à base de cellules souches pour le traitement de l’arthrose du cheval .

En proposant Arti-Cell® Forte, Boehringer Ingelheim veut répondre à une problématique chez le cheval et innove en proposant une nouvelle solution ne se limitant pas à la prise en charge des signes cliniques, mais ciblant la cause profonde de la maladie, en améliorant la production de matrice extracellulaire et en stimulant localement les chondrocytes.

Des cellules souches mésenchymateuses à prédifférenciation chondrogénique

Arti-cell® Forte est constitué de deux flacons. Le premier contient les cellules souches mésenchymateuses à prédifférenciation chondrogénique, un milieu nutritif et du diméthylsulfoxyde (DMSO) comme cryoconservateur. Le deuxième contient du plasma pour améliorer la viabilité et l’adhérence des cellules.

Une étude sur 75 chevaux souffrant de boiterie chronique a été effectuée (50 traités et 25 avec placebo) pendant un an. Une évaluation du résultat est faite à 3, 6, 12 et 18 semaines, puis à 1 an (graduation de la boiterie selon l’American Association of Equine Practitioners [AAEP], test de flexion, examen clinique). Le protocole exige un repos absolu de trois jours après l’injection du produit, puis une marche en main pendant trois semaines. Une amélioration significative de la locomotion est obtenue dès trois semaines s’accentuant jusqu’à 12 semaines (score AAEP de boiterie réduit de 2 dans le groupe traité par rapport au groupe placebo). Dès la sixième semaine, plus de 60 % des chevaux traités ont repris le travail (80 % à la semaine 18). Après un an, ces chevaux sont toujours au travail.

Selon l’étude, les meilleurs résultats seront obtenus sur une boiterie légère (3/5 AAEP), avec des anomalies radiographiques modérées. Il faut éviter les cas en dernière chance, car la présence de cartilage est nécessaire.

Arti-cell® Forte en pratique

Le produit est conservé congelé, livré sur glace carbonique sans passage par les centrales. Si la décongélation du plasma peut être faite un peu avant l’intervention, celle des cellules doit être réalisée 5 minutes avant l’injection. Il convient alors de reconditionner l’adjuvant et les cellules et d’injecter immédiatement. Certains médicaments peuvent entraîner une diminution de la viabilité des cellules mésenchymateuses. Par exemple, lors d’utilisation d’anesthésiques locaux, il convient d’attendre 24 heures avant l’injection et trois semaines lors d’utilisation de corticostéroïdes en intra-articulaire ou après une arthroscopie. Une fois l’injection effectuée, l’animal reste au boxe trois jours, puis il sera maintenu au pas sept jours. La reprise progressive du travail se fera ensuite.

Le temps de conservation dans la carboglace étant de 72 heures et celui de la livraison de 48 heures, le praticien a 24 heures pour l’intervention.

Le produit est disponible en achat direct au prix de 720 € HT le flacon.

COMMENT AGISSENT LES CELLULES SOUCHES

Les cellules souches sont capables de se multiplier et de se transformer en différents types de cellules. Après fécondation et quelques divisions cellulaires est obtenu le blastocyte, constitué de cellules souches embryonnaires pluripotentes capables de se différencier en cellules des trois feuillets (endoderme, mésoderme et ectoderme). Le mésoderme est constitué de cellules mésenchymateuses capables de se différencier en chondrocytes, en ostéocytes, en myocytes et en ténocytes. Il est possible d’orienter les cellules mésenchymateuses en production de chondrocytes. Cette prédifférenciation facilite leur fixation en couche homogène sur les lésions. Le recueil de ces cellules souches peut se faire de différentes façons : la voie sanguine, peu invasive, est la plus intéressante. La transplantation allogénique est bien tolérée chez le cheval grâce à la faible immunogénicité de ces cellules. La sélection des donneurs est primordiale, car tous ne sont pas de même qualité. Le prélèvement sur des chevaux malades donne des cellules souches qui s’agglutinent dans l’articulation (d’où la suspicion quant à l’intérêt d’une transplantation autologue).
Dans l’articulation, ces cellules adhèrent à la lésion cartilagineuse et la recouvrent temporairement, elles ont alors un effet anti-inflammatoire. Leur fixation au cartilage active des mécanismes chondroprotecteurs et contribue à la production cartilagineuse.
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