Les examens complémentaires en dermatologie - La Semaine Vétérinaire n° 1813 du 14/06/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1813 du 14/06/2019

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : MARINE NEVEUX 

Les examens complémentaires sont précieux en dermatologie, car il y a un manque de spécificité de la sémiologie cutanée et de la disparition souvent des lésions primaires. Les examens complémentaires sont choisis en fonction des hypothèses diagnostiques. Le matériel est peu onéreux. Il y a des examens immédiats.

Examens directs et biopsies cutanées


• La trichoscopie peut aider le praticien dans la démarche diagnostique des démangeaisons. Elle permet de rechercher des dermatophytes, des parasites (poux, démodécie), les causes d’alopécie, les dysmétabolismes.

La trichoscopie est rarement diagnostique, mais c’est souvent un élément supplémentaire. En matière de matériel, elle requiert des lames, lamelles et du lactophénol.

La trichoscopie est réalisée au niveau de la zone lésée et à différents endroits. Si le praticien est face à un cas d’alopécie, il réalise aussi une trichoscopie en zone saine pour pouvoir comparer.

Une vingtaine de poils sont prélevés avec une épilation franche et peuvent être mis dans une boîte de Petri. Pour préparer la lame, du lactophénol est mis en quantité suffisante sur la zone pour éviter les bulles d’air et les poils sont disposés longitudinalement dans le sens de la lame. La lamelle est placée et l’observation s’effectue au microscope. En fonction de la localisation du poil, différentes choses sont observées : par exemple lors de prurit, on va rechercher un apex fissuré, ce qui signe la présence d’un prurit. Lors de prurit, les tiges ont aussi un aspect “Mikado” (des sections de poils ne sont pas normales ; si cette image se répète, cela veut dire qu’il y a du prurit). Lors d’alopecia areata, on peut voir une image en point d’exclamation du poil.


• Le raclage permet de rechercher des parasités pour des agents de gale plus profond que les chorioptes. Pour effectuer le prélèvement, la lame doit être émoussée (elle ne doit plus couper). Pour un bon raclage, il faut une zone de tonte. Il convient de racler des zones non remaniées. Le raclage se fait avec un pli de peau jusqu’à la rosée sanguine. Le matériel recueilli peut être mis dans une boîte. Il est monté entre lame et lamelle avec lactophénol. Le prélèvement est étalé pour que ce soit le plus fin possible et que le parasite ne soit pas caché au milieu de débris.

Lors de recherche de dermatophytes : la cuticule du poil n’est pas droite, le diamètre est plus large et, dedans, sont observés des hyphes.


• Lors de biopsie, le choix de la zone prélevée est celle des lésions primaires typiques de la maladie, pas les croûtes, pas les ulcères ni les zones remaniées.

Il n’y a pas de préparation du site. En revanche, après la biopsie, il convient de désinfecter. Le choix du laboratoire est également important.

Les examens cytologiques

On peut faire un calque sur lame par étalement, impression ou apposition. Le calque est effectué à l’aide de Cellophane adhésive, ou sur lame par écouvillonnage, ou encore par étalement de produit d’une ponction à l’aiguille fine.

La coloration RAL et l’examen au microscope nécessitent de bien sécher entre chaque trempage de la lame. On utilise d’abord un objectif à faible grossissement pour choisir une zone, puis on passe au microscope à immersion pour voir les bactéries et la zone est balayée de façon systématique. Le diaphragme doit être ouvert pour récupérer le maximum de lumière.

La cytologie permet d’avoir une première idée d’un infiltrat inflammatoire ou néoplasique. Lors de cytologie de pus, il peut être composé essentiellement de polynucléaires, et aussi d’images de phagocytose : cela traduit une pyodermite.

Les cultures

Les cultures sont effectuées d’emblée dans les cas graves, ainsi que chez les chevaux qui ont déjà reçu des traitements bactériens.

Culture bactérienne : l’écouvillon en surface est très difficile à interpréter, celui après pression est mieux. L’idéal est une mise en culture de biopsie après désinfection de la surface.

Culture fongique : c’est le seul examen qui permet d’avoir le nom du dermatophyte.

En conclusion, les examens complémentaires sont nombreux et faciles à réaliser.

Sur le même thème :
Numéro spécial de Pratique Vétérinaire Équine « Vers une dermatologie équine raisonnée », Le Point Vétérinaire, 2018, bit.ly/2WaZAfa.

Vincent Bruet Spécialiste en dermatologie, clinique Vétocéane à Vertou (Loire-Atlantique).

Didier Pin Professeur de dermatologie à VetAgro Sup, à Marcy-l’Étoile (Rhône).

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