Téléconsultation : c’est déjà demain en Grande-Bretagne ! - La Semaine Vétérinaire n° 1812 du 25/05/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1812 du 25/05/2019

ROYAUME-UNI

ACTU

Auteur(s) : ANNE-CLAIRE GAGNON  

Comment prendre soin de son patient dans un monde et par voie numérique, telle est la quadrature du cercle actuel qui mobilise soignants et ingénieurs en médecine humaine comme vétérinaire. Le développement de la télémédecine et de la téléconsultation était au cœur d’une table ronde lors du congrès de la BSAVA.

La télémédecine et la téléconsultation étaient le thème d’une table ronde organisée lors du congrès de la British Small Animal Veterinary Association (BSAVA), le 5 avril à Birmingham (Royaume-Uni). Ce rendez-vous s’est déroulé devant une salle comble et avec des équipes vétérinaires déjà impliquées dans le domaine.

Le premier rapport d’Ameli sur six mois d’exercice de téléconsultation en France est positif, notamment dans les zones de déserts médicaux. À Londres, une application permet enfin aux patients de trouver en moins d’une heure un généraliste disponible derrière son écran (souvent des jeunes femmes médecins, qui peuvent concilier vie professionnelle et vie privée). La téléconsultation est enregistrée, disponible pour le médecin comme pour le patient.

Masculinisation des téléconsultations

Un des trois acteurs du domaine, Thom Jenkins, CEO de Gula, une application vidéo qui rassure et oriente, si nécessaire, vers des vétérinaires locaux, a présenté ses premières statistiques. La téléconsultation répond bien au souhait de rendre la consultation vétérinaire facile, sans le parcours du combattant pour décrocher un rendez-vous, faire rentrer son chat dans la cage, affronter les embouteillages et passer trop de temps en salle d’attente. 55 % des utilisateurs de Gula sont des hommes, une surprise, et beaucoup sont des “milleniums”. 50 % sont propriétaires de chiens, 25 % de chats et 25 % d’autres animaux de compagnie. La consultation dure en moyenne 7 minutes et 12 secondes, et seulement 9 % étaient des urgences réelles (transmises au vétérinaire disponible le plus proche, sans coût pour cet appel ou cette consultation). Les motifs d’appel sont surtout des problèmes dermatologiques, urinaires, nutritionnels, comportementaux.

Aller de l’avant dans le respect de la qualité des soins

Kate Richards, présidente du comité des standards d’exercice pour le Royal College of Veterinary Surgeons (RCVS), a expliqué l’opportunité que représentait la téléconsultation pour la médecine vétérinaire, dans le respect des deux principes essentiels : pas de compromis avec le bien-être animal et une garantie de sécurité pour la santé publique. Ainsi, le RCVS, qui a inscrit cette nouvelle forme d’exercice dans son plan stratégique, va mettre en place un essai sur deux ans, avec un service 24 h/24, 7 j/7.

Simon Doherty, président de la BVA, a conclu les débats en soulignant l’opportunité que représentait cette nouvelle technologie. En médecine aviaire ou en aquaculture, l’examen clinique individuel n’existe pas, sans que cela pose de préjudice. En humaine, on réduit les durées d’hospitalisation et on délègue les soins. « Embrasser les nouvelles technologies est le gage du développement durable de la profession, en changeant sa façon de voir et d’être. »

Le coût de la téléconsultation (20
) est attractif, motivant de nouveaux clients qui n’auraient pas poussé la porte d’une clinique. Une chose est certaine, au pays de James Herriot, les vétérinaires vivent avec leur temps et s’adaptent aux desiderata de leurs clients.

Une application révolutionnaire

Début mai, l’application Joii a été lancée sur le marché vétérinaire numérique. Ses concepteurs, trois vétérinaires chevronnés et une équipe composée d’entrepreneurs spécialisés dans la technologie médicale et de créatifs, ont développé cet outil révolutionnaire en santé animale, destiné aux propriétaires d’animaux de compagnie, qui donne accès gratuitement à un vérificateur de symptômes, ainsi qu’à des consultations vidéo avec des vétérinaires et des auxiliaires spécialisés vétérinaires. Il repose sur un système d’intelligence artificielle sur-mesure, qui apprend à identifier les schémas complexes des maladies pour aider aux diagnostics et aux choix des traitements par les vétérinaires. Les propriétaires renseignent dans l’application les éléments clés : signalement de leur animal, symptômes, sévérité des signes et photographies. Et en quelques instants, le propriétaire de chat, de chien ou de lapin voit apparaître sur son téléphone une recommandation claire sur la démarche la plus appropriée à adopter en fonction de la sévérité de l’état décrit. Les conseils vont du rouge au vert pour un simple conseil ou un achat de produit en ligne. Un vrai baromètre médical !

Robert Dawson, vétérinaire cofondateur de Vet-AI et son équipe, qui ont créé l’application, ont validé en amont les situations où la téléconsultation est adaptée et ont produit un article clinique avec des spécialistes en dermatologie sur la fiabilité du diagnostic dans ce domaine lors de téléconsultation. Cette application de triage constitue le “baromètre de gravité” de l’appel.

Des spécialités adaptées à l’exercice à distance

Vet-AI est persuadé qu’en proposant cet outil facile d’utilisation et peu coûteux aux propriétaires cela permettra d’identifier la nécessité de nouveaux traitements dans les cliniques (examens complémentaires, interventions chirurgicales, soins et chirurgie dentaires ou vaccinations) et d’améliorer le bien-être des animaux de compagnie en donnant facilement accès à des téléconsultations concernant les affections chroniques et à bas risque comme la dermatologie.

Les huit vétérinaires et les trois ASV de l’équipe, qui font les téléconsultations vidéo, travaillent à distance et en réseau depuis la Grande-Bretagne et dans toute l’Europe, même si chacun reste dans sa bulle numérique. « C’est important de partager notre éthique, nos valeurs et missions, et de communiquer très régulièrement entre nous », souligne Sarah Warren, vétérinaire cofondatrice de Vet-AI. Toute l’équipe est forte d’une longue expérience en pratique clinique, pour « donner au client le meilleur de la médecine vétérinaire, en personnalisant les soins ».

55 %

des utilisateurs de l’application de téléconsultation Gula sont des hommes et beaucoup sont des “milleniums”.
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