SANCTUAIRE

Originaire d’une région en Afrique du Sud où le cheval est particulièrement vénéré, la famille de Koto Bolofo fut contrainte de s’exiler dans les années 1960, afin d’échapper à des menaces policières liées à l’apartheid. À la recherche d’un asile, elle arriva en France, où le futur artiste, qui n’était alors qu’un enfant, fut fortement marqué par sa visite du château de Versailles. Installé finalement à Londres, il y épanouit un talent visuel singulier qui le propulsa rapidement photographe dans le milieu de la mode à New York. Désormais mondialement reconnu, ce dernier a accepté sans hésiter la proposition faite par Bartabas de revenir à Versailles pour effectuer un travail artistique qui mette en valeur l’académie équestre que l’écuyer a fondée en 2003 dans les anciennes écuries royales du château. S’immisçant dans les coulisses et le quotidien de ce haut lieu de discipline et d’élégance, le Sud-Africain, a posé, loin de l’imagerie documentaire, son regard incisif et sensible sur la matière, les lignes architecturales, les objets et les corps. À fleur de naseaux et de crinières, ses clichés, majoritairement noir et blanc, capturent l’instant où le fugace et l’immuable se rejoignent pour dire la grâce éphémère du lien qui unit ici cavalières et cavaliers à leurs montures. Un livre à la séduction intemporelle qui rend à la fois la solennité et l’intimité de ce sanctuaire dédié corps et âme à la transmission d’un art équestre qui est autant un savoir-faire qu’un savoir être.
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Académie équestre de Versailles de Koto Bolofo, préface de Bartabas, Actes Sud, 24 x 32 cm, 288 pages, 200 photos, 49 €.