L’intelligence artificielle au service des soignants - La Semaine Vétérinaire n° 1812 du 25/05/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1812 du 25/05/2019

E-SANTÉ

ACTU

Auteur(s) : AMÉLIE MUGNIER  

L’utilisation des données pourrait permettre de belles avancées dans le monde de l’élevage, de la santé humaine et animale, comme l’ont présenté les unités de recherche présentes sur le campus de l’École nationale vétérinaire de Toulouse lors d’une journée scientifique, fin mai.

Une journée scientifique intitulée «   Des données à la gestion médicale   » s’est tenue à l’École nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT) le 23 mai. L’objectif était de présenter aux étudiants et aux chercheurs les activités de recherche de l’ENVT1 en lien avec les thématiques du big data, de la médecine connectée et de l’élevage de précision. De nombreuses questions autour des données, de leur gestion et de leur utilité en santé humaine et animale ont été abordées.

En effet, le domaine de la santé est fortement impacté par la révolution numérique en cours : des innovations voient le jour et de nouvelles modalités de diagnostic apparaissent grâce à l’utilisation des données. L’intelligence artificielle est au cœur de l’actualité. Si certains considèrent qu’elle va peu à peu remplacer l’homme pour certaines tâches spécifiques, d’autres estiment qu’elle est plutôt un outil qui lui permettra de gagner en efficacité.

Aide à la décision thérapeutique

En médecine humaine et animale, des innovations ont d’ores et déjà vu le jour : elles tirent parti de la masse de données disponibles pour guider les praticiens. En médecine humaine, il existe, par exemple, une application qui aide les thérapeutes à choisir le traitement adéquat pour des patients atteints d’un cancer de la prostate. Elle génère d’abord un dossier en regroupant l’ensemble des données disponibles sur le patient (résultats d’examen, âge, taille, etc.). Puis elle analyse l’ensemble de la littérature scientifique disponible concernant les traitements possibles. Finalement, elle soumet au praticien des propositions de traitements (recommandés, à envisager ou déconseillés). Ainsi, cette application fait ses propositions en tenant compte de l’existence d’éventuelles affections connexes grâce aux données compilées dans le dossier du patient. De nombreuses autres applications sont disponibles ou en cours de développement (aide à la lecture d’images radiographiques, définition de recommandations en temps réel basée sur le suivi de nombreux paramètres pour les personnes diabétiques, etc.).

Détections précoces d’anomalies

Dans le domaine des productions animales, les technologies de l’information peuvent aider les éleveurs à être plus efficaces dans la gestion de leurs troupeaux tout en gagnant en confort de vie. En effet, elles peuvent assurer un suivi en temps réel des animaux et générer automatiquement des alertes, permettant une réaction rapide en cas de problème. Des systèmes de surveillance vidéo ont, par exemple, été développés afin de repérer des anomalies de distribution des volailles au sein des bâtiments (détection d’un problème d’ambiance ou de ligne de distribution de l’aliment). D’autres systèmes permettent d’identifier des boiteries chez des vaches laitières à l’aide de caméras 3D.

Optimisation des ressources

Ces nouvelles technologies transforment l’élevage traditionnel en élevage de précision et vont permettre une optimisation des ressources utilisées (par exemple, adaptation des rations alimentaires par des calculs individualisés), réduisant ainsi l’impact sur l’environnement. Les applications développées peuvent également rendre possible un meilleur suivi au niveau des élevages, améliorant ainsi la santé et le bien-être des animaux et permettant une plus grande transparence quant à la qualité des produits.

Chez les carnivores domestiques, des systèmes de collecte de données de santé à grande échelle se développent, comme SAVSNET (Small Animal Veterinary Surveillance Network) au Royaume-Uni. Ce réseau collecte les données cliniques saisies par les praticiens volontaires afin de réaliser des études épidémiologiques à grande échelle. A partir de ces données, il analyse, entre autres, les facteurs de risque associés à certaines maladies ou les prescriptions d’antibiotiques réalisées afin de décrire les pratiques des vétérinaires.

1 Six unités mixtes de recherche (UMR), travaillant en partenariat avec d’autres instituts de recherche comme l’Inra ou l’Inserm, sont notamment présentes sur le site de l’ENVT.

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