Efficacité du budésonide dans le traitement de l’asthme équin sévère - La Semaine Vétérinaire n° 1812 du 25/05/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1812 du 25/05/2019

ANALYSE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : ANNE COUROUCÉ  

Lors d’asthme équin sévère, les corticoïdes sont les médicaments les plus efficaces. Ils sont généralement administrés par voie systémique. C’est le cas de la triamcinolone, de la prednisolone et de la dexaméthasone, cette dernière étant la plus efficace dans des études comparatives. Toutefois, l’ustilisation prolongée de ces molécules présente un certain nombre d’effets secondaires comme une diminution de l’immunité et l’apparition possible d’une fourbure. L’administration de molécules par inhalation, telles que la béclométhasone ou la fluticasone, a été montrée comme étant efficace sans effets secondaires majeurs.

Le budésonide est fréquemment utilisé dans le traitement de l’asthme humain. L’objectif de cette étude était d’évaluer son efficacité chez le cheval atteint d’asthme équin sévère.

Matériel et méthodes

Douze chevaux adultes connus pour présenter de l’asthme équin sévère sont inclus dans une double étude. Au préalable, un examen clinique et un bilan hémato-biochimique sont réalisés pour s’assurer de la bonne santé des chevaux.

L’équipe de chercheurs procède à des mesures de fonction pulmonaire à l’aide d’un pneumotachographe relié à un cathéter œsophagien avec ballonnet, afin d’évaluer la résistance et l’élastance pulmonaires notamment. Un lavage broncho-alvéolaire (LBA) est également effectué, de même que le dosage du cortisol et de l’hormone adrénocorticotrope (ACTH). Deux études sont menées.

Première étude

Dans la première, le budésonide inhalé est comparé à des injections par voie intraveineuse de dexaméthasone. Une dose de 1 800 g de budésonide est administrée deux fois par jour à six chevaux à l’aide d’un Respimat®, pendant 14 jours. Durant la même période, les six autres chevaux reçoivent de la dexaméthasone par voie intraveineuse à la dose de 0,04 mg/kg, une fois par jour. Les tests de fonction pulmonaire ont lieu toutes les semaines jusqu’à 1 semaine après le dernier traitement. Les LBA sont réalisés avant le début de l’étude, puis à J14 et J28. Les mesures de cortisol et d’ACTH sont également effectuées à J14 et J28.

Deuxième étude

Dans la deuxième étude, le budésonide inhalé est comparé à de la dexaméthasone par voie orale chez huit chevaux. Le budésonide est administré à la dose de 450 g (dose faible), 900 g (dose moyenne) et 1 800 μg (dose élevée). La dexaméthasone est administrée à la dose de 0,066 mg/kg par voie orale. Chaque traitement dure 2 semaines. Une période de washout de 2 semaines est respectée entre chacun des traitements. Les tests de fonction pulmonaire ont lieu toutes les semaines jusqu’à une semaine après le dernier traitement. Les mesures de cortisol et d’ACTH sont également effectuées à J0, J14 et J21.

Les résultats

Les résultats de ces recherches indiquent que l’administration de budésonide par inhalation en utilisant la technologie du Respimat® est efficace pour contrôler l’obstruction des voies respiratoires chez des chevaux présentant de l’asthme équin sévère. Aux doses les plus élevées, l’amélioration de la fonction pulmonaire est comparable à celle obtenue avec de la dexaméthasone administrée par voie systémique. L’efficacité et la diminution de la cortisolémie sont proportionnelles à la dose administrée et comparables à celles observées avec la dexaméthasone.

Chez le cheval, quelques études ont permis de comparer l’efficacité et la toxicité de corticoïdes inhalés versus administrés par voie systémique. La béclométhasone (1 320 g toutes les 12 heures) administrée par inhalation améliorait de façon significative la fonction pulmonaire de chevaux présentant un asthme équin sévère. Néanmoins, cette amélioration était moins importante que celle de la dexaméthasone. De façon surprenante, il a été mis en évidence qu’une dose plus faible (500 g) était tout aussi efficace qu’une dose élevée (1 500 g). À l’inverse, les présents travaux ont mis en évidence une efficacité dose-dépendante lorsque le budésonide était administré à faible, moyenne et forte dose. Seule la forte dose apportait des changements comparables à la dexaméthasone. Il est également important de préciser que le degré d’amélioration avec des corticoïdes inhalés ou administrés par voie systémique n’est pas en relation avec le degré d’obstruction des voies respiratoires. Ainsi, les chevaux les moins sévèrement atteints ne sont pas forcément ceux qui répondent le mieux à ces traitements.

Les corticoïdes sont utilisés pour leurs effets anti-inflammatoires. Toutefois, s’il existe une amélioration des signes cliniques et de la fonction pulmonaire, ces molécules ont, en général, peu d’effet pour contrôler l’inflammation neutrophilique pulmonaire. Dans ces deux études, il y avait une différence significative entre les chevaux traités avec du budésonide et ceux qui avaient reçu de la dexaméthasone par voie intraveineuse à J28. Ainsi, les chevaux traités avec de la dexaméthasone présentaient un pourcentage de neutrophiles significativement plus bas dans le LBA comparé aux autres.

Il est attendu que les corticoïdes inhalés présentent moins d’effets secondaires que les corticoïdes administrés par voie systémique. Parmi ces effets secondaires, il y a la suppression de la production endogène de cortisol. En comparant le budésonide avec la dexaméthasone, il a été montré que les doses nécessaires pour obtenir une efficacité du traitement étaient associées à une suppression de la production de cortisol. Ces résultats sont en accord avec ceux d’autres études utilisant la beclométhasone et la fluticasone administrés en inhalation.

Enfin, la méthode utilisée pour administrer les corticoïdes par inhalation est importante. L’administration des molécules par le Respimat® était bien tolérée par les chevaux. Cet appareil de petite taille permet de générer un aérosol de gouttes inhalables sans électricité d’une façon standard et reproductible. L’amélioration de l’élastance était particulièrement importante, ce qui signifie que le principe actif se dépose dans la partie la plus distale des voies respiratoires, site des différentes affections. Cet outil est très certainement avantageux comparé aux autres techniques d’administration des corticoïdes dans les voies respiratoires, car il améliore la délivrance du produit dans les voies respiratoires profondes en diminuant son dépôt dans les voies respiratoires supérieures.

Article rédigé d’après Lavoie J. P., Leclere M., Rodrigues N. et coll. Efficacy of inhaled budesonide for the treatment of severe equine asthma. Equine Vet J. 2019;51(3):401-407.

POINTS FORTS


• Les résultats de cette double étude indiquent que l’administration de budésonide par inhalation en utilisant la technologie du Respimat® est efficace pour contrôler l’obstruction des voies respiratoires chez des chevaux présentant de l’asthme équin sévère.

• Chez le cheval, quelques études ont permis de comparer l’efficacité et la toxicité de corticoïdes inhalés versus administrés par voie systémique.

• Les corticoïdes sont utilisés pour leurs effets anti-inflammatoires.

• Il est attendu que les corticoïdes inhalés présentent moins d’effets secondaires que ceux administrés par voie systémique.

• La méthode utilisée pour administrer les corticoïdes par inhalation est importante.
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