Thierry Bedossa (A 89) présente sa candidature à la présidence de la SPA - La Semaine Vétérinaire n° 1811 du 17/05/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1811 du 17/05/2019

ENTRETIEN

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR LORENZA RICHARD 

Les élections du conseil d’administration de la Société protectrice des animaux (SPA) auront lieu le 22 juin. Avec sa liste Action SPA, Thierry Bedossa souhaite resserrer les liens entre l’association et la profession vétérinaire, et entamer une réflexion sur les pratiques actuelles.

Quelles sont les circonstances qui vous ont mené à présenter votre candidature ?

Fin mars, l’ancien directeur de la SPA, Jean-Benoît Sangnier, et la journaliste Yolaine de la Bigne m’ont proposé de conduire la liste Action SPA. J’ai pris 15 jours de réflexion. Je n’ai en effet jamais été adhérent à la SPA. En tant que militant pour la bientraitance, je trouvais que les conditions de vie des animaux à la SPA n’étaient pas optimales, malgré ses bonnes intentions. Cependant, j’interagis avec elle et je réponds aux demandes de ses présidents successifs depuis 27 ans. J’ai été collaborateur de Serge Belais, puis j’ai été chargé de différentes missions par Caroline Lanty et Natacha Harry. Finalement, j’ai accepté. Je souhaite mettre au service de la protection animale mes connaissances, basées sur les études scientifiques récentes, mon expérience de vétérinaire comportementaliste et de gérant du refuge AVA (Agir pour la vie animale) et ma pratique auprès des chiens et chats libres dans plusieurs pays d’Europe de l’Est dans les années 1990.

L’un de vos objectifs est de doubler les adoptions d’ici à 2025, par quel moyen ?

La révolution digitale de la SPA apportera un changement majeur, en mettant directement en relation les adoptants avec les “abandonnants” et avec des experts en cas de difficultés, via une plateforme d’adoption digitalisée. Julien Muller, fondateur de Pet Alert, mettra en place cet outil à l’échelle nationale. Elle limitera également le transit des animaux en refuge et les euthanasies en fourrière. Aucune situation n’impose l’euthanasie, sauf la souffrance en phase terminale. Il conviendra aussi d’augmenter le nombre de familles d’accueil, de renforcer leur accompagnement et de moderniser les aménagements, dans le but de répondre au mieux aux besoins des animaux et à leur bien-être.

Vous souhaitez que les vétérinaires s’impliquent davantage. Comment ?

Il est nécessaire de resserrer nos liens avec les acteurs de la protection animale. Tous les vétérinaires font de la protection animale, mais nous devons le faire savoir et de manière concertée, solidaire et confraternelle, sans pratiques abusives ni concurrence déloyale. Une discussion doit être menée entre les instances représentatives de la profession (l’Ordre, les écoles nationales vétérinaires et les organisations associatives académiques) pour développer son implication dans le soin des animaux des personnes démunies. Cela ne passe pas par l’ouverture de dispensaires, mais par la création de conventions cadres supervisées par l’Ordre, par exemple. De plus, nous devons aider les acteurs de la protection animale à prendre les bonnes décisions, notamment concernant les chiens dangereux ou catégorisés, la stérilisation, etc.

Vos idées sur la stérilisation des animaux ne font pas consensus. Qu’en dites-vous ?

Je ne suis pas contre la stérilisation. Mon projet n’impose rien. Je souhaite qu’une réflexion critique soit menée sur les techniques utilisées, au regard des dernières avancées scientifiques, qui montrent notamment que le retrait des gonades vulnérabilise les animaux1. Cela peut être employé pour un chat qui vit chez son propriétaire, mais quid des chats qui sont relâchés et qui doivent rester aptes à la compétition avec leurs congénères ? Cela les rend dépendants au nourrissage humain et cette promiscuité entre animaux dans un même lieu est à l’origine de la propagation de maladies infectieuses. La vasectomie des chats et la ligature des cornes utérines, ou le retrait de l’utérus et d’un ovaire des chattes, sont les techniques utilisées en Europe de l’Est pour contrôler leur population sans leur porter préjudice. Hélas, cette remise en question de nos méthodes met en colère beaucoup de vétérinaires et d’associations. C’est pourquoi, si je suis nommé, un comité de réflexion éthique sera chargé de débattre de ce sujet, notamment. Au final, ce seront les acteurs de la protection animale qui décideront.

1 Les études sur lesquelles se base notre confrère, ainsi que son programme détaillé, sont consultables sur le site internet de la liste Action SPA : action-spa.org.

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