Soirée de sensibilisation à l’accidentologie à Oniris - La Semaine Vétérinaire n° 1811 du 17/05/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1811 du 17/05/2019

EXERCICE PROFESSIONNEL

ACTU

Auteur(s) : MARYLÈNE OMONT 

Les intervenants réunis le 9 avril à l’école nantaise avaient pour objectif d’informer sur les risques professionnels lors de la prise en charge des animaux : quels sont-ils ? Comment s’en prémunir ? Les étudiants sont venus nombreux recueillir leurs conseils.

Plus d’une soixantaine d’étudiants de toutes les promotions, ainsi qu’une vingtaine de praticiens et les organisateurs, s’étaient donné rendez-vous dans l’amphithéâtre d’honneur d’Oniris, à Nantes (Loire-Atlantique), le 9 avril dernier. Cette soirée a permis d’aborder la prévention des accidents et les approches friendly en structure vétérinaire. Les retours ont été très positifs, aussi bien de la part des étudiants que des praticiens. Les élèves ont souligné l’intérêt de la démarche, le risque d’accident et la prévention n’étant que très peu, voire pas du tout abordés dans leur cursus. L’Association de protection vétérinaire (APV), qui a recueilli le soutien d’Oniris pour réaliser cette communication à but informative et confraternelle, espère qu’elle leur permettra d’être plus aguerris face à ces risques.

Plusieurs motifs d’agression

Pourquoi un animal agresse-t-il ? Deux possibilités : soit pour protéger une de ses ressources (nourriture, lieu de son repos, son partenaire social), soit pour se protéger lui-même dans le cadre d’une agression, par peur, douleur, inconfort. C’est ce deuxième type d’agression, par autoprotection, qui se produit de façon très majoritaire lors de la visite chez le vétérinaire. La peur est un facteur majeur d’agression en structure vétérinaire. Or, plus un animal est stressé lors des soins, plus il risque de se sensibiliser à chaque passage à la clinique, c’est-à-dire qu’il va avoir de plus en plus peur. Le risque d’agression peut donc être majoré au fur et à mesure des visites… Lutter contre la peur est, par conséquent, un excellent moyen de prévenir les accidents dans le cadre de la pratique.

Les approches pet friendly, qui tiennent compte des spécificités comportementales de l’animal en clinique afin de diminuer l’appréhension et la peur de l’animal, prennent ici tout leur intérêt. Il s’agit d’adapter le comportement du vétérinaire et du personnel soignant, et d’aménager l’environnement afin d’assurer une meilleure prise en charge des animaux.

Que faire en pratique ? En premier lieu, observer l’animal. Surveiller et s’entraîner à repérer les signaux de stress est primordial : léchage des babines, détournement de tête, halètement, bâillement, ébrouement… L’animal explore-t-il son environnement ? Vient-il interagir avec le vétérinaire ? Ces observations permettent d’évaluer l’état émotionnel de l’animal et d’adapter la prise en charge.

Proposer des interactions positives

Pour contrebalancer les interactions désagréables inévitables pour l’animal (soins douloureux, injections, contraintes, contentions, etc.), un maximum d’interactions positives (du point de vue de l’animal) doivent être proposées lors de la visite.

La friandise est un excellent outil pour changer l’état émotionnel de l’animal, en plus d’être une récompense pour celui-ci. Elle peut être distribuée généreusement par le vétérinaire, avant même toute tentative d’interaction envers l’animal. Au pire, s’il ne la mange pas, l’interaction sera neutre, mais ne pourra pas être négative, comme ce serait le cas avec une caresse non désirée par l’animal, par exemple.

Patienter en salle d’attente ou pendant que le vétérinaire remplit le carnet de santé est plus agréable pour le chien s’il a à disposition un Kong® fourré d’un biscuit ou un Pipolino® avec quelques friandises. Cela évitera, de plus, le “mâchouillage” des pieds de la table, et la sanction prévisible du propriétaire.

La contention, si elle est parfois nécessaire, peut-être pensée a minima. Des techniques d’approches coopératives, comme l’utilisation d’un leurre, permettent souvent de réaliser des soins désagréables avec une contention très réduite, voire inexistante (injections sous-cutanées, nettoyage des oreilles, retrait d’un pansement, etc.).

Enfin, le medical training est également intéressant. Il s’agit d’entraîner l’animal à des procédures médicales, qui peuvent être très simples (monter sur la balance, sur la table de consultation) ou plus complexes (accpeter le port de la muselière, se mettre en décubitus latéral pour une radio, etc.).

Utilisant les techniques de shapping et le renforcement positif, ces apprentissages se font sous forme de jeu pour le chien. Cela contribue évidemment grandement à diminuer le stress de l’animal. Initiés à la clinique, les propriétaires peuvent continuer les entraînements au domicile, ce qui permet d’améliorer la tolérance aux soins également à la maison.

PLUSIEURS INTERVENANTS

Différentes facettes de la prévention des accidents ont été abordées au cours de cette soirée : la réglementation et les assurances ont été présentées par Éric Waysbort, président de l’Association de protection vétérinaire (APV) ; des cas pratiques ont été décryptés par Christelle Waysbort, certificat d'études approfondies vétérinaires (CEAV) en médecine du comportement, cofondatrice de l’APV ; notre consœur Morgane Libeau (N 97), praticienne à Saint-Herblain (Loire-Atlantique), a témoigné au sujet d’un accident récent avec un chat ; les méthodes de prévention et les approches friendly en structure vétérinaire ont aussi été abordées et la Société francophone d'éthologie vétérinaire (SFEV) junior de Nantes a présenté son travail de medical training avec les chiens du chenil pédagogique.
Cette soirée a été organisée par notre consœur Marylène Omont, CEAV en médecine du comportement des animaux domestiques, chargée de consultation et d’enseignement vacataire en comportement à Oniris, et avec le soutien exclusif de Coveto, par l’intermédiaire de notre confrère Emmanuel Thébaud.
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr