REVUE DE presse - La Semaine Vétérinaire n° 1810 du 11/05/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1810 du 11/05/2019

PRATIQUE MIXTE

Formation

L’ENVIRONNEMENT IMPACTE LE MICROBIOTE

Une étude s’est intéressée à l’impact d’une infection à Nosema ceranae ou d’une exposition chronique à différents neurotoxiques (fipronil, thiaméthoxam, imidaclopride et coumaphos) sur le microbiote de l’abeille domestique Apis mellifera. Des groupes d’abeilles, issues de colonies échantillonnées en période hivernale et estivale, ont été placés dans des conditions expérimentales et exposés, ou non, au pathogène ou à des doses sublétales en continu d’insecticides. Pour le fipronil uniquement, deux dosages ont été testés1. L’analyse des résultats a montré une baisse significative de la survie des abeilles infectées ou exposées à la plus forte dose de fipronil. Le facteur saison a majoritairement impacté la composition du microbiote intestinal avec Bifidobacterium spp., Lactobacillus spp., LactobacillusFirm-5 et Alphaproteobacteria qui étaient significativement plus abondants pour les abeilles d’hiver, tandis que Gammaproteobacteria et Gilliamellaapicola l’étaient pour celles d’été. L’exposition aux pesticides a aussi modifié le microbiote. Au final, l’effet des pesticides était plus significatif chez les abeilles d’hiver. Enfin, de la même manière, l’infection à N. ceranae a significativement diminué l’abondance des principaux taxons, à savoir Alphaproteobacteria, Bifidobacterium spp. et Lactobacillusspp., et ce, quelle que soit la saison. Ces résultats montrent que le microbiote de l’abeille réagit à des facteurs environnementaux, même à faibles doses. De plus, ils mettent en lumière l’importance de prendre en compte l’effet saison dans l’évaluation des effets de facteurs de stress. Reste maintenant à déterminer le mécanisme sous-jacent entraînant une altération du microbiote intestinal. En outre, la question des conséquences d’une dysbiose intestinale, et en particulier d’une réduction des bactéries lactiques, reste en suspens.



10,25 μg/kg ou 1 μg/kg de fipronil. Pour les autres insecticides : 650 μg/kg de coumaphos, 1,7 μg/kg de thiaméthoxam ou 3,5 μg/kg d’imidaclopride.

Rouzé R., Moné A., Delbac F. et coll.The honeybee gut microbiota is altered after chronic exposures to different families of insecticides and infection by Nosema ceranae. Microbes and Environments, étude présentée aux journées vétérinaires apicoles 2018.
Tanit Halfon

LE GLYPHOSATE A DES EFFETS SUBLÉTAUX SUR LE MICROBIOTE DE L’ABEILLE

Des chercheurs se sont penchés sur l’impact du glyphosate et de son principal métabolite, l’acide aminométhylphosphonique (AMPA pour aminomethylphosphonic acid) sur le microbiote de l’abeille. Des groupes d’abeilles, issues de plusieurs colonies d’Apis mellifera ligustica d’un même rucher, ont été placés dans des conditions expérimentales et exposés, ou non, au glyphosate1 et/ou à Nosema ceranae. En outre, les chercheurs ont différencié les abeilles d’hiver et d’été, ces dernières étant soumises à de plus fortes concentrations de pesticides. L’analyse des résultats a montré que l’exposition aux deux contaminants n’a pas eu d’impact sur la survie des abeilles, au contraire de l’infection à Nosema, confirmant de précédentes études qui avaient montré que le glyphosate n’était pas “un tueur d’abeilles”. De plus, aucun effet synergique sur la survie des abeilles n’a été constaté entre Nosema et le glyphosate ou ce dernier et son métabolite, de même que pour la consommation alimentaire. Il a été observé une baisse significative de Snodgrassella alvi à la suite d’une exposition au glyphosate, indépendamment de la dose ou de la saison, de même qu’une augmentation de Lactobacillus spp. et Lactobacillus Firm-5 pour la dose la plus élevée de glyphosate. Les autres groupes bactériens du microbiote ayant été globalement moins impactés. Au contraire, l’exposition au métabolite n’a eu aucun effet sur le microbiote. Ces résultats peuvent s’expliquer par une sensibilité spécifique de certaines bactéries du microbiote au glyphosate, qui pourrait inhiber, ou pas, leur croissance. Si les conséquences d’une telle dysbiose ne sont pas connues, les auteurs appellent à tenir compte du microbiote en cas de contraintes environnementales.



1 Exposition chronique à 1,5 mM de glyphosate, distribué dans une solution sucrée.
Blot N., Veillat L., Rouze R., Delatte H. et coll.Glyphosate, but note its metabolite AMPA, alters the honeybee gut microbia, PLoS ONE 14(4):e0215466.
Tanit Halfon
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