Quelles solutions pour améliorer le maillage territorial en zone rurale ? - La Semaine Vétérinaire n° 1810 du 11/05/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1810 du 11/05/2019

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Auteur(s) : TANIT HALFON 

FACILITER LES STAGES

A leur sortie de l’école, les jeunes diplômés sont plutôt attirés par les structures dans les grandes villes ou situées à proximité. Je pense aussi qu’un grand nombre d’entre eux préfèrent rester autour de leur école, du fait des amitiés qu’ils ont pu lier dans le coin. Moi-même j’ai souhaité rester dans le secteur de mon école, d’autant plus que le cadre de vie y est agréable, avec la mer pas loin ainsi que des villes pour les sorties. Mis à part la sphère familiale qui peut contribuer à un retour dans certaines régions, il apparaît nécessaire de réfléchir à des moyens d’attirer les praticiens. Nous pourrions nous inspirer de ce qui est fait en médecine humaine et proposer aux jeunes qui intègrent les écoles vétérinaires une prise en charge financière d’une partie de leur formation contre quelques années d’exercice en zone rurale. Ceci étant dit, c’est aussi à la profession vétérinaire de se rendre attractive et de faire connaître certaines régions. Cela passe par les stages dans les zones et les établissements qui ont le plus besoin de praticiens. Dans ce cadre, les stages tutorés de cinquième année d’étude sont particulièrement intéressants car ils permettent d’acquérir de l’expérience tout en aidant les vétérinaires de la structure.

Nicolas Damas

SE REGROUPER

A mon sens, la tendance est au regroupement et à l’émergence de structures de grande taille composées d’une dizaine de praticiens, qui ne seront pas tous forcément actionnaires de la structure, mais seront peut-être uniquement salariés. Cela aurait l’avantage d’offrir aux jeunes diplômés de meilleures conditions de travail, plus compatibles avec leur vie privée. D’ailleurs, actuellement, je remarque qu’ils ont déjà tendance à se diriger vers ce genre de structures. En outre, pour améliorer le maillage, encore faut-il maintenir l’élevage dans nos territoires. Mes associés et moi faisons globalement de moins en moins d’actes dans ce domaine, au profit de la canine. Certains éleveurs nous appellent moins pour des raisons économiques. Si on veut maintenir des cabinets vétérinaires à vocation rurale, il faut pouvoir offrir du travail dans ce domaine. Cela est aussi à mettre en relation avec une nouvelle vision qu’ils ont de l’élevage, qui prend plus en compte la prévention. Dans ce contexte, le conseil est une voie d’avenir pour le vétérinaire. D’ailleurs, autour de chez nous, certains de nos confrères ont déjà sauté le pas en ne faisant plus que du conseil en élevage. A nous aussi de nous adapter à cette évolution de l’élevage, ce qui va dans le sens du fonctionnement en réseau de cliniques, au sein duquel on pourrait avoir un panel de compétences, du praticien « urgentiste » pour la médecine individuelle au vétérinaire conseil.

Emmanuel Gautier

DIVERSIFIER L’OFFRE DE SERVICES

Plusieurs points méritent d’être pris en considération pour attirer des jeunes sur l’activité rurale. D’abord, il faudrait que la formation initiale soit davantage équilibrée entre la pratique rurale et la canine. L’activité rurale est aussi à valoriser lors des stages afin que les étudiants gagnent en autonomie et en confiance en soi. Des efforts sont aussi à faire du côté des élevages, d’abord pour la contention. Il est inconcevable de demander à des jeunes diplômés de prendre des risques inconsidérés. Les éleveurs doivent aussi faire un travail sur le bien-être animal. Du fait de considérations économiques, certains d’entre eux peuvent ne pas appeler pour des soins vétérinaires, ce qui choque beaucoup de jeunes praticiens. Davantage de travail de l’éleveur sur la prévention me semble aussi essentiel, car un cabinet qui ne fonctionnerait que sur des urgences médicales serait ingérable. De plus, ce serait plus rentable pour le vétérinaire mais aussi pour l’éleveur. Une étude récemment menée par un organisme professionnel auprès des exploitations de la région a d’ailleurs confirmé que c’était le cas. Cette prévention passerait par des visites régulières et programmées. Outre cet aspect, d’autres services de type conseil pourraient être proposés aux éleveurs. Le problème : notre facture n’est pas éligible aux aides recevables par les éleveurs, alors que d’autres organismes le sont.

Nicolas Lucas
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