Les pièges à acariens, une nouveauté présentée comme révolutionnaire - La Semaine Vétérinaire n° 1810 du 11/05/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1810 du 11/05/2019

DERMATOLOGIE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : MARION MOSCA  

Ce moyen biologique, sous forme de spray, attire les acariens en dehors de leur milieu de vie, pour mieux pouvoir les éliminer par simple lavage du support sur lequel il est appliqué.

Lors des journées du groupe d’étude en dermatologie des animaux de compagnie (Gedac), les 22 et 23 mars, une session était consacrée aux dermatoses allergiques. Anne-Catherine Mailleux, professeure à l’université catholique de Louvain (Belgique), directrice générale de la compagnie Domobios, s’est penchée sur les acariens domestiques, avec notamment la présentation de techniques efficaces pour les combattre, n’hésitant pas à parler de « révolution des pièges à acariens ».

Les acariens attirés par des molécules semblables aux phéromones

Le piège à acarien est un nouveau moyen biologique de lutte, sous forme de spray. Il se nomme Itchy-GO® et n’est pas encore commercialisé en France. Il consiste en une solution de molécules attractives. Celle-ci est vaporisée sur un textile recouvrant le matelas (ou une serviette en coton sur le tapis du chien). Après vaporisation, 80 % des acariens, attirés par l’odeur, se regroupent en 2 heures environ dans le textile, qui est ensuite placé dans la machine à laver à 90 °C. Après lavage, quand le textile est sec, il peut à nouveau être disposé sur une autre pièce matelassée, être imprégné de la solution pour servir à nouveau de piège à acariens. Attention, il conviendra d’ajouter à ce piège une aspiration du matelas qui contient toujours les allergènes (déjections, par exemple). Aucune de ces solutions n’empêche la recolonisation et elles doivent être renouvelées régulièrement. Pour le piège à acarien, il est recommandé de le faire deux fois par semaine pendant un mois, puis deux fois par mois ensuite. Une enquête auprès de 17 vétérinaires a montré de bons résultats avec plus de 60 % de chiens présentant une amélioration des symptômes en deux semaines.

Une éviction des acariens parfois conseillée chez les chiens atopiques

Pour rappel, les acariens vivent principalement dans les matelas et les canapés, zones sur lesquelles les humains passent plus de 2 heures par jour. Ils se nourrissent de squames humaines et de tous débris organiques. Pour survivre, ils ont besoin avant tout d’humidité et de chaleur. Lorsqu’un individu s’allonge sur son matelas, ils se regroupent autour de lui pour s’alimenter et absorber l’humidité nécessaire à leur multiplication. Après son départ, l’humidité et la chaleur diminuent, les acariens s’enfoncent dans les matelas, sécrètent alors des phéromones d’agrégation et se regroupent pour minimiser les pertes d’eau. 10 à 15 % de la population humaine est allergique aux acariens (conjonctivite, rhinite, eczéma, asthme et fatigue). Ces signes ont un réel impact sur la qualité de vie. Ce sont en fait les substances présentes dans les déjections des acariens et dans les exuvies (peaux laissées après la mue de l’acarien) qui déclenchent l’allergie.

Chez les chiens atteints de dermatite atopique (10 % de la population), la barrière épidermique est inefficace et la sensibilisation aux allergènes est favorisée. Dans la prise en charge de la maladie, une éviction de l’acarien est parfois conseillée

Ventilation, aspiration, housses, etc.

Il est impossible d’éliminer tous les acariens des poussières, car ils se reproduisent rapidement, et s’accrochent grâce à des ventouses. Le but est de réduire le nombre d’acariens dans les matelas et les divans essentiellement. La conférencière a cité les moyens de traitement inefficaces : les acaricides (résistance, toxicité pour l’homme), les antifongiques (toxicité pour l’homme), le chauffage (couverture électrique ou chauffage ambiant), le nettoyage à la vapeur (apport d’humidité, température au centre du matelas trop faible), le nitrogène liquide. Parmi les méthodes efficaces, en plus d’Itchy-GO®, Anne-Catherine Mailleux a rappelé l’importance d’aérer le logement (attention, l’humidité doit être inférieure à 55 % dans la chambre). Le nettoyage à sec est aussi pertinent. Faire bouillir les supports serait un bon moyen de lutte, mais difficile. Il existe des housses pour matelas qui agissent comme des barrières hermétiques, attention à la qualité du produit, celles qui fonctionnent sont onéreuses et souvent à base de matières synthétiques, parfois désagréables à l’emploi. Une aspiration des zones à risque avec un aspirateur puissant équipé de sacs dotés de filtres adéquats permet de diminuer la présence des acariens avec leurs allergènes (malheureusement, au niveau d’un matelas, un aspirateur ne retire que 3 à 5 % de la population).

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