Le casse du siècle ? - La Semaine Vétérinaire n° 1810 du 11/05/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1810 du 11/05/2019

Edito

Auteur(s) : TANIT HALFON 

Mentir est un vilain défaut. Passé le stade de l’enfance, et la peur des remontrances des “grandes personnes”, cet adage n’apparaît plus si catégorique. Pour certains, mentir fait même partie intégrante de l’activité professionnelle… car le mensonge peut rapporter gros ! Il semblerait que le secteur de l’alimentaire soit un bon filon, certains escrocs ayant trouvé le moyen d’en exploiter les failles. Ainsi, un rapport de 2013 du Parlement européen1 avait indiqué qu’Europol constatait une hausse du nombre de cas de fraude alimentaire… et une implication croissante d’organisations criminelles qui avaient flairé le possible bon coup ! Dans ce secteur, les affaires font grand bruit, en témoigne celle de la viande de cheval. Un sacré mensonge tout de même qui aurait concerné 4,5 millions de plats cuisinés, environ 800 t de viande en France, et 16 états membres. Les annonces n’ont pas tardé, notamment à l’échelle européenne. En 2013, un réseau européen de lutte contre la fraude (Food Fraud Network) est mis en place, permettant un échange facilité d’informations et donc une meilleure collaboration entre les membres du réseau. Une équipe consacrée aux fraudes est également montée au sein de la direction générale santé et consommation de la Commission européenne2. Plus récemment, en mars 2018, cette dernière a annoncé la création d’un centre de connaissances sur la fraude alimentaire et la qualité des denrées alimentaires, constitué d’experts internes et externes à la Commission, afin d’apporter un soutien technique aux autorités nationales et européennes. En France, à la suite de l’affaire de la viande avariée, le gouvernement, en la personne de Nathalie Loiseau, a prôné la création d’une force européenne d’inspection sanitaire. Derrière la lutte contre la fraude alimentaire, il s’agit en fait de pouvoir s’assurer de l’efficacité et de la fiabilité des systèmes de traçabilité, dont la mise en place incombe à chaque opérateur privé3. En matière de fraude, au-delà de l’indispensable coopération à l’échelle européenne (essentielle avec la libre circulation des marchandises), il est aussi nécessaire que l’échelon national soit consolidé. Comme l’indique clairement un rapport du Sénat de 2013 sur la filière viande en France4, « l’ampleur de l’affaire de la viande de cheval a révélé une forme de faillite du système d’autocontrôle. Il est par ailleurs à noter que le renforcement de la certification privée ne saurait remplacer les contrôles officiels. Les opérateurs ont en effet besoin d’une autorité fiable de référence pour évaluer et certifier les procédures sanitaires mises en œuvre. » Une autorité nationale, somme toute. ●

1 bit.ly/2WkfILy.

2 bit.ly/2wcTrk2.

3 Lire pages 34 à 40 de ce numéro.

4 bit.ly/2WkxjD8.

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