Vers un renforcement des “3R” - La Semaine Vétérinaire n° 1808 du 27/04/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1808 du 27/04/2019

EXPÉRIMENTATION ANIMALE

ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON  

Selon un rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, des progrès sont envisageables pour réduire, remplacer ou améliorer le recours aux animaux en recherche (“3R”) 1.

Quelles sont les perspectives d’amélioration de l’expérimentation animale ? C’est la question à laquelle entend répondre le dernier rapport2 de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, publié le 21 mars. Fruit d’une journée d’audition publique, ce travail avait pour objectif de faire un état des lieux de l’expérimentation animale telle qu’elle est menée actuellement en France, et d’évaluer les méthodes alternatives. La conclusion : « Plusieurs voies d’amélioration peuvent être envisagées. » Les rapporteurs, le député Cédric Villani et la sénatrice Florence Lassarade, encouragent le développement d’études épidémiologiques et de biosurveillance. En utilisant les possibilités offertes par le big data, il semble désormais possible de mener des études à très grande échelle. De plus, avec l’avènement des données issues du dossier médical partagé, un observatoire de la physiologie de la population française pourrait être envisagé. L’intelligence artificielle n’est pas en reste, puisque les algorithmes développés sont présentés comme disposant d’un « fort potentiel de remplacement de l’expérimentation animale ». Ils seraient particulièrement indiqués pour apporter la preuve de concept avant toute entrée d’un médicament dans les essais cliniques. Les plateformes numériques seraient également utiles pour communiquer à l’ensemble de la communauté scientifique les résultats “négatifs” afin d’éviter tout projet de recherche en doublon.

Repenser la formation

Faire évoluer les pratiques passe aussi par la formation, en témoigne l’appel des auteurs à « prodiguer les rudiments de la formation à l’éthique et à la bientraitance des animaux dans le cursus universitaire ». Ils encouragent aussi de limiter le recours aux animaux dans les séances de travaux pratiques uniquement à l’enseignement supérieur. À noter toutefois que, selon Francelyne Marano, présidente de Francopa, la plateforme nationale pour le développement des méthodes alternatives en expérimentation animale, les universités utilisent de moins en moins d’animaux, et une transition vers des méthodes substitutives, telles que les outils vidéos ou les modèles inertes mimant des organes, sont en cours, en particulier dans les écoles vétérinaires. En outre, Hélène Combrisson, professeure à l’École nationale vétérinaire d’Alfort et présidente de la Commission nationale de l’expérimentation animale, a indiqué aux parlementaires la mise en place d’un groupe de travail sur l’usage des animaux dans l’enseignement supérieur.

1 Replacement, reduction, refinement.

2 senat.fr/rap/r18-400/r18-400.html.

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