Intérêts des concentrés riches en fibres pour les chevaux âgés - La Semaine Vétérinaire n° 1808 du 27/04/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1808 du 27/04/2019

ALIMENTATION

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : CHANTAL BÉRAUD 

Outre des affections dentaires1, le cheval âgé développe souvent un PPID (pituitary pars intermedia dysfunction ou syndrome de Cushing) avec ou non une réduction de la masse musculaire. Il est donc essentiel de se concentrer sur la fourniture de fibres alimentaires de bonne qualité apportées en quantité suffisantes pour permettre le maintien dans un état sain.

Avec quels fibres et concentrés ?

Les produits commercialisés sont les sons de blé et d’avoine, les coques et la paille, la pulpe de betterave, le soja et la luzerne. Lors du calcul de la ration incluant des concentrés, il est primordial de prendre en compte les avantages de la source de fibres utilisée au regard des niveaux de sucre, d’amidon, de protéines et de calcium. Par exemple, un apport exclusif de luzerne pourrait augmenter le risque de calculs médullaires rénaux et de calculs de la vessie chez le cheval âgé à cause de sa forte teneur en calcium. Cependant, la luzerne est quand même intéressante pour le cheval senior, car elle contient entre 19 et 23 % de protéines brutes, est très appétente et a un faible indice glycémique. Les coques de soja sont une autre excellente source de protéines, avec un taux de protéine brute compris entre 12 et 16 %, ainsi que la pulpe de betterave (7 à 11 % de protéines).

Comment nourrir un cheval âgé ?

Pour un cheval âgé en bonne santé, le calcul des besoins nutritionnels de base est le même que pour un cheval adulte. Lui donner de l’herbe ou du foin de bonne qualité, plus une pierre à sel et un balancer adapté (pour un apport équilibré en vitamines et minéraux). S’il s’agit d’un cheval âgé en bonne santé mais en surpoids, l’alimenter à hauteur de 2 kg de matière sèche par 100 kg de poids vif sous forme de fourrages de bonne qualité ou de substituts de foin. Puis le peser chaque semaine. S’il ne perd pas de poids, la ration doit être réduite à 1,5 kg de matière sèche de fourrage par 100 kg de poids vif. Il est aussi conseillé de lui mettre à disposition une pierre à sel et un balancer à faible valeur énergétique. Au contraire, pour un cheval en bonne santé mais maigre, la ration doit être augmentée pour atteindre 2,5 kg de matière sèche par 100 kg de poids vif (avec de l’herbe, un fourrage de bonne qualité ou un substitut du foin). Si l’animal ne grossit pas, ajouter un concentré à base de céréales. Des calories supplémentaires peuvent être apportées sous forme d’huile. Celle-ci est cependant à introduire progressivement, car elle a aussi du goût…

Quelle alimentation pour un cheval atteint de PPID ?

Le régime idéal devrait être faible en amidon et en sucres simples pour prévenir les risques de fourbure, avec un accès restreint au pâturage. Les analyses de fourrage sont utiles pour évaluer la teneur en amidon et en glucides solubles dans l’eau (glucides non structuraux). Pour un cheval sujet aux fourbures, un fourrage avec une teneur en glucides non structuraux inférieure à 10 % de la matière sèche est recommandé. Pour les chevaux en surpoids, une perte de poids progressive est conseillée. Quant aux chevaux maigres atteints de PPID, un taux d’ingestion entre 2 et 2,5 kg de matière sèche par 100 kg de poids vif doit être obtenu avec des fourrages ou des substituts de foin dont la teneur en amidon et en sucres simples est faible. Enfin, pour les chevaux présentant une masse musculaire réduite, de nombreuses gammes d’aliments seniors contenant de 12 à 16 % de protéines ont été développées (voire jusqu’à 25 % pour des aliments balancers). Ils contiennent aussi souvent de la lysine pour cette même raison.

1 Voir La Semaine Vétérinaire nos 1806 et 1807 des 26/4 et 3/5/2019, page 35.

Nicola Jarvis Experte anglaise en médecine vétérinaire équine et en nutrition du cheval âgé, travaille au Redwings Horse Sanctuary (refuge qui prend soin de 1 500 chevaux, poneys, ânes et mules). Article rédigé d’après une présentation faite lors du congrès Lab To Field à Dijon (Côte-d’Or), en novembre 2018.

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