Fils de Krahô - La Semaine Vétérinaire n° 1808 du 27/04/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1808 du 27/04/2019

FILM

DITES-NOUS TOUT

Auteur(s) : MICHEL BERTROU  

C’est en accélérant l’action par le montage que le cinéma captive mais c’est à l’inverse sa capacité à arrêter le temps en nous plongeant dans une torpeur hypnotique qui éveille les sens et ouvre à l’expérience d’un dépaysement. L’ouverture hallucinée de ce film en est un bel exemple. Au cœur de la forêt, une nuit baignée de lune, un jeune indigène au pied d’une cascade entend, comme un rêve éveillé, son père disparu lui réclamer la fête funéraire qui va mettre fin à la période de deuil et libérera son esprit de ses liens aux vivants. Le jeune homme refusera par la suite son destin de chaman que présagent sa capacité à dialoguer avec les morts et les visions animales qui le tourmentent. Souffrant physiquement, il s’enfuit en ville où l’attend une autre réalité tout aussi violente. Le Brésil d’aujourd’hui. Tourné en pellicule et en immersion pendant neuf mois dans un village isolé de la communauté Krahô du centre nord du Brésil, le film est un mélange de fiction minimaliste et de document ethnologique. Le parti de ne pas forcer le drame, ni le procès de la colonisation, tout comme le respect des autochtones dans leurs interprétations improvisées sont des choix respectables mais ils tempèrent l’éloquence artistique du film. La poésie visuelle et sonore, la justesse du regard porté sur ce monde animiste (autosuffisant, conscient du monde extérieur mais fidèle à ses traditions et à son propre rythme de vie) n’en sont pas moins admirables. Pour ceux que la lenteur ne rebute pas.

Le chant de la forêt de João Salaviza, Renée Nader Messora, avec Henrique Ijhãc Krahô, Raene Kôtô Krahô et les habitants de village de Pedra Branca, Brésil, 1 h 54, sortie le 8 mai.

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