Dentisterie : les recommandations de l’AAHA - La Semaine Vétérinaire n° 1808 du 27/04/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1808 du 27/04/2019

SYNTHÈSE

PRATIQUE CANINE

Formation

Auteur(s) : MARINE GUEDE  

L’American Animal Hospital Association (AAHA) a mis à jour son guide de bonnes pratiques de soins dentaires pour les chiens et les chats1. L’importance de la santé bucco-dentaire est soulignée : lorsqu’elle est compromise, la santé, la longévité, la qualité de vie et la relation propriétaire-animal sont impactées. Des douleurs, des infections et des inflammations chroniques surviennent fréquemment sans que l’animal ne présente de signes cliniques évidents, avec des conséquences sur le système vasculaire voire des modifications histologiques dans des organes à distance.

Aussi le vétérinaire devrait-il réaliser un examen minutieux de la cavité buccale dès l’âge de 6 mois, à l’occasion duquel il explique aux propriétaires les bonnes pratiques préventives (brossage quotidien, alimentation et friandises acceptées par le Veterinary Oral Health Council, jouets adaptés, réduction de l’anxiété, etc.), en particulier chez les chiens de poids inférieur à 10 kg. Un examen bucco-dentaire complet sous anesthésie comprenant des radiographies et un nettoyage est recommandé entre l’âge de 1 et 2 ans.

L’examen de la cavité buccale doit être systématisé

L’évaluation de la cavité buccale chez l’animal vigile constitue la première étape. Il est important de réduire l’anxiété, le stress et la douleur par la mise en place d’un environnement calme et adapté. L’utilisation de molécules sédatives ou anxiolytiques est recommandée, en particulier l’administration de gabapentine chez le chat (la veille au soir et jusqu’à 2 heures avant la consultation) ainsi que l’injection raisonnée de butorphanol, d’acépromazine, de dexmédétomidine ou d’alfaxalone. Cependant, seul un examen sous anesthésie permet une investigation complète. Chaque dent doit être minutieusement évaluée : les recommandations insistent sur l’importance de la réalisation systématique de radiographies, car de nombreuses anomalies d’importance clinique ne sont pas observables à l’examen visuel.

Le nettoyage dentaire est le pilier de la prévention

Les soins bucco-dentaires préventifs reposent sur l’abrasion mécanique et/ou chimique. La première consiste en un détartrage puis un curage, permettant d’enlever le tartre. Un polissage de la couronne doit systématiquement être réalisé, afin de réduire les micro-abrasions de l’émail qui favorisent l’accumulation de la plaque dentaire. Lorsque la récession gingivale dépasse 50 % de la racine, l’extraction est indiquée. Une suture doit être réalisée si le site d’extraction est supérieur à 1 mm. L’utilisation du pas-d’âne est déconseillée car l’hyperextension de l’articulation temporo-mandibulaire peut compromettre le retour du flux sanguin, pouvant causer une myalgie, une névralgie voire une cécité.

L’anesthésie générale doit être privilégiée

Des molécules avec une récupération rapide et complète (propofol ou alfaxalone), des agents pouvant être facilement antagonisés (diazépam, midazolam, opioïdes, dexmédétomidine) ou encore des gaz totalement éliminés par ventilation assistée (isoflurane, sévoflurane) sont privilégiés. Une intubation trachéale, un monitoring et un soutien physiologique doivent toujours être mis en place. La sédation lors de manipulations dans la cavité buccale est à proscrire car les voies respiratoires ne sont pas protégées et les mouvements réflexes de l’animal constituent un risque pour lui-même, le praticien et le matériel. Compte tenu de la sensibilité gingivale et dentaire, l’analgésie est essentielle lors de toute procédure, en particulier lors d’extraction dentaire.

Une antibiothérapie raisonnée à individualiser

Il est courant qu’une infection buccale provoque une bactériémie transitoire, dont la fréquence augmente lors d’intervention bucco-dentaire. Habituellement non nécessaire après une extraction dentaire, l’administration postopératoire de clindamycine ou d’amoxicilline-acide clavulanique est indiquée si une ostéomyélite est suspectée. Une maladie parodontale de stade avancé motive l’utilisation d’antibiotiques en préopératoire. Les patients à risque systémique et ayant des antécédents chirurgicaux (immunosuppression, implants orthopédiques, etc.) sont candidats à recevoir des antibiotiques en peropératoire, le risque d’ensemencement dans d’autres zones chirurgicales éloignées étant possible. Combiner des soins dentaires à une autre intervention chirurgicale doit être réfléchi.

1 Bellows J., Berg M., Harvey R. et coll. 2019 AAHA Dental care guidelines for dogs and cats. J. Am. Anim. Hosp. Assoc. 2019;55(2):49-69.

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