Souffrance lors de l’abattage : la mission de la profession - La Semaine Vétérinaire n° 1805 du 06/04/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1805 du 06/04/2019

ROYAUME - UNI

ACTU

Auteur(s) : ANNE-CLAIRE GAGNON 

Prévenir et limiter la souffrance lors de l’abattage, c’est un sujet sur lequel sont moteurs la British Veterinary Association (BVA) et la Royal Society for the prevention of Cruelty to Animals (RSPCA). Elles ont eu un rendez-vous mi-mars avec Michael Gove, secrétaire d’État du département de l’Environnement, de l‘Alimentation et des Affaires rurales à ce sujet.

La question de l’étourdissement systématique avant l’abattage est une préoccupation de longue date de la British Veterinary Association (BVA), rappelle son président, Simon Doherty. Mais le non-respect de la lettre et de l’esprit de la réglementation européenne, avec l’exportation importante vers le Moyen-Orient de moutons britanniques abattus sans étourdissement a poussé la BVA et la Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals (RSPCA) à écrire conjointement le 14 février à Michael Gove, secrétaire d’État du département de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales (Defra)1. Lequel a accordé un rendez-vous mi-mars aux deux organisations, travaillant main dans la main sur ce dossier, comme sur d’autres.

Tous ensemble pour le bien-être animal

« La RSPCA avance de nombreux arguments scientifiques sur la question du bien-être animal (pour les animaux de laboratoire, les conditions d’abattage des animaux de boucherie), tout en ayant une approche pondérée sur la question des animaux de rente, reconnaît Simon Doherty. Nous avons pris une position commune sur le sujet des brachycéphales, le bien-être des animaux de laboratoire. Et la BVA garde la ligne directrice d’être aussi objective que possible sur la question du bien-être animal. Nous ne prenons aucune position pour ou contre des pratiques religieuses (et encore moins la liberté de culte), mais notre devoir est de garantir aux animaux les meilleures conditions de bien-être, y compris et surtout lors de leur abattage, concernant les animaux de rente. »

« Sur le dossier des conditions d’abattage, nous avons interrogé nos homologues en Finlande, en Belgique, au Danemark et nous sommes toujours soucieux de nous baser sur les données scientifiques, comme celles recueillies en Nouvelle-Zélande ». Dans les discussions que la BVA a eues avec les responsables des cultes, la question des étourdissements de mauvaise qualité a été évoquée et ne doit bien entendu pas être occultée.

« Toutes les nouvelles méthodes d’abattage plus respectueuses du bien-être des animaux sont à rechercher, que ce soit pour les bovins, les moutons et les poulets/poussins, comme l’étourdissement par basse pression atmosphérique, pour cette espèce. »

Une préoccupation au-delà des partis et des pays

Lors de leur entretien avec Michael Gove, la BVA et la RSPCA ont pu mettre en avant ces deux pistes : l’étiquetage informatif (dans le respect du bien-être animal ou non, sans utiliser des mots choquants comme “électrocution”, etc.) et l’arrêt de l’exportation d’animaux abattus sans étourdissement ou d’animaux vivant destinés à un abattage sans étourdissement.

L’étiquetage sélectif ne sera pas stigmatisant vis-à-vis de l’une ou l’autre des pratiques religieuses, l’objectif est de permettre au consommateur d’avoir une information éclairée lors de son achat de viande.

L’appel conjoint de la BVA et de la RSPCA a réuni à ce jour plus de 23 000 signatures.

Simon Doherty, sur son blog, appelle tous les vétérinaires à unir leurs forces, au service du bien-être animal. Une extension de cette belle initiative à toute l’Europe serait un beau signe d’espoir pour “une santé-un bien-être”, au-delà de toutes les querelles politiques.

1 La Semaine Vétérinaire n° 1798 du 1/3/2019, page 16.

GRILLE DE LECTURE DES LABELS QUALITÉ BRITANNIQUES

Pragmatique, la BVA a établi une grille de lecture à destination de tous les consommateurs britanniques, pour qu’ils puissent choisir en pleine conscience leurs produits carnés. Et pour pouvoir constater si oui ou non les animaux sont bien étourdis avant leur abattage.
L’autorisation d’un étourdissement postjugulation serait déjà une amélioration considérable, tant que l’étourdissement systématique et complet avant l’abattage n’est pas de règle. La BVA souligne qu’avec cette grille d’interprétation des labels elle offre à tous les citoyens britanniques l’information éclairée qu’ils méritent et aux vétérinaires la mise en avant de leur rôle d’actifs gardiens de la santé et du bien-être animal.

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