Gagner de l’argent avec sa trésorerie - La Semaine Vétérinaire n° 1805 du 06/04/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1805 du 06/04/2019

FINANCES

ÉCO GESTION

Auteur(s) : FRANÇOISE SIGOT  

Parfois la trésorerie disponible de la clinique représente plus que son besoin en fonds de roulement. Plutôt que de la laisser dormir, elle peut travailler et donc rapporter !

Cela n’arrive pas tous les jours, mais parfois la trésorerie est excédentaire. Et souvent, les dirigeants hésitent à placer cet argent disponible. La prudence les incite à le laisser sur le compte bancaire de la clinique pour faire face aux éventuels imprévus. La posture n’est pas à blâmer, au contraire, mais, sans se démunir, il est toutefois possible de tirer parti de cet excédent en le plaçant et en récoltant les fruits de cette gestion prudente. Et même si les taux d’intérêt sont actuellement au plus bas, ce défi n’est pas impossible. Pour autant, il faut agir avec prudence et méthode.

Évaluer le montant de la trésorerie excédentaire

La première étape consiste à ne pas se laisser griser par les milliers d’euros disponibles. En effet, la gestion d’une clinique comme de toute entreprise obéit à des cycles. La trésorerie peut donc être excédentaire durant plusieurs mois, voire plusieurs années, et tout à coup fondre comme neige au soleil. C’est pourquoi, avant tout arbitrage, il convient d’évaluer avec précision, le besoin en fonds de roulement (BFR) de sa clinique. Autrement dit de calculer l’ensemble des charges fixes et variables en gardant une petite marge de manœuvre pour faire face à d’éventuels imprévus, afin d’avoir une vision précise de l’argent dont on a besoin. Cet exercice doit être fait en prenant en compte les dépenses de plusieurs exercices fiscaux, afin d’être le plus proche possible de la réalité. « Vous devez conserver et maintenir disponible les liquidités nécessaires au cycle d’exploitation de l’entreprise. Après avoir financé le BFR, s’il reste des liquidités supplémentaires, on parle de liquidités excédentaires », souligne Franck Fargerelle, directeur stratégie entreprise de Netinvestissement entreprise, conseil en gestion de patrimoine. Et celles-là peuvent être placées et ainsi générer des bénéfices supplémentaires pour la société, puisqu’une trésorerie d’entreprise optimale doit être proche de zéro. En prenant garde toutefois d’être plutôt juste au-dessus de zéro, sous peine de générer des frais si la trésorerie devient négative. Ce qui serait un comble si en parallèle l’argent disponible est placé.

Définir les priorités de la clinique et de ses associés

Une fois que l’on a une vision précise du BFR, il est facile de voir si la trésorerie lui est supérieure. Si tel est le cas, il faut songer à la faire rapporter. Mais il ne s’agit pas de céder aux sirènes des nombreux placements alléchants. Au contraire, il faut prendre le temps de se poser les bonnes questions pour pouvoir faire les bons arbitrages entre la myriade de produits financiers disponibles sur le marché. « Il y a cinq questions à poser : quelle est la durée de mon placement ? Quel est le montant à placer ? Suis-je susceptible d’avoir besoin de cette trésorerie à n’importe quel moment ? Est-ce que je suis prêt à prendre des risques et pour quel rendement ? Est-ce que les statuts de l’entreprise m’autorisent à placer la trésorerie excédentaire ? », explique le spécialiste de la gestion financière. Bien évidemment, plus le placement s’inscrit sur une longue période et plus les sommes placées sont importantes, plus les profits sont élevés. De même, si les fonds sont bloqués pendant longtemps, les rendements sont meilleurs et, si les produits sont risqués, on peut aussi espérer de meilleures performances financières. Beaucoup de “si”… Face à ces incertitudes, la prudence est de mise, et surtout la diversification. « La meilleure façon d’atténuer les risques est de diversifier votre portefeuille d’investissement. En combinant des placements peu risqués avec des placements plus risqués, vous pouvez ainsi compenser les risques et diminuer la volatilité de votre portefeuille », conseille Franck Fargerelle. Trois niveaux d’horizon sont communément pris en compte dans les placements : le court terme, c’est-à-dire moins d’un an ; le moyen terme jusqu’à 4 à 5 ans et le long terme. Il est possible d’espérer aux alentours de 1 % à court terme, de 2 % au moins, pouvant aller au double, avec des placements à moyens terme et autour de 3 % au moins à long terme. Au-delà du temps, le risque est aussi à prendre en compte, avant de s’engager.

Choisir le ou les placements

Vient ensuite le temps de l’arbitrage. Pas toujours simple, même si les priorités sont bien définies, d’autant que l’environnement financier évolue très vite. Actuellement, les produits bancaires offrent des rendements assez peu lucratifs, mais ce n’est pas forcément une raison pour les bouder catégoriquement. D’une part parce que la conjoncture peut vite se retourner et d’autre part parce que le banquier de la clinique est souvent plus enclin à quelques facilités en cas de problème s’il voit quelques économies à côté du compte en banque. En marge des produits bancaires, l’immobilier, via les sociétés civiles de placement immobilier (SCPI), reste un moyen de faire rapporter la trésorerie, mais il faut alors s’inscrire sur de longues durées de placement. Ceux qui aiment le risque peuvent parier sur le crowdfunding. « Il s’agit de financer des projets d’autres entreprises. La rémunération offerte par ce type de placement est attractive, pouvant aller de 5 à 10 % par an », fait valoir Franck Fargerelle, qui évoque aussi les contrats de capitalisation. « Ils correspondent à des contrats d’assurance-vie destinés aux entreprises. Cette solution est avantageuse, car les sommes placées peuvent être immédiatement retirées selon le support choisi et car vous pouvez moduler le contrat selon vos besoins et attentes. De plus, il s’agit de l’une des meilleures enveloppes fiscales du marché ». À moyen terme, certains comptes à terme non bloqués sont à regarder, comme les possibilités d’investir en placements obligataires. Bien d’autres produits sont disponibles, mais il est en général très complexe de parvenir à identifier clairement où ira l’argent placé et quels sont les risques encourus. Aussi, il faut être prudent et se faire conseiller, et parfois deux ou plus avis valent mieux qu’un pour ne pas perdre l’excédent de trésorerie.

OPTIMISER SA TRÉSORERIE

Pour être encore plus efficace, le travail d’évaluation de la trésorerie disponible devrait se doubler de la mise en place de quelques outils permettant d’assainir ses finances. Le premier consiste tout simplement à se montrer intraitable sur les délais de paiement en instaurant des règles précises en matière de délais de paiement et en relançant quasi quotidiennement les mauvais payeurs. La réciproque est aussi à suivre, car être un bon payeur peut avoir des avantages. Certains fournisseurs peuvent en effet consentir un escompte commercial à un client qui le règle rubis sur l’ongle ! Bien entendu, optimiser sa trésorerie vise également à réduire ses charges. Mise en concurrence des fournisseurs, attention soutenue au gaspillage, achats groupés sont autant de bonnes pratiques pouvant générer des économies substantielles et donc de la trésorerie supplémentaire. Enfin, ce n’est pas parce qu’on dégage un excédent que l’on est à l’abri d’un coup dur. Il faut donc bien penser à négocier les conditions d’une autorisation de découvert avec son banquier, même si le compte bancaire de la clinique est dans le vert.

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