Chaînon manquant

Le studio d’animation Laika s’est déjà distingué par sa manière très créative de combiner la technique artisanale du stop motion aux toutes dernières innovations numériques. Ce style exigeant excelle une fois de plus ici, dans un registre plus gai et coloré que les opus précédents¹. Monsieur Link narre, à l’époque victorienne, l’épopée amusante de deux figures improbables dans leurs quêtes individuelles pour se trouver une place dans le monde. Sir Lionel Frost, cryptozoologue flegmatique (il chasse les monstres en costume pied-de-poule), cherche à se faire adouber par ses pairs qui le boudent. Une lettre anonyme lui donne l’espoir de prouver l’existence du bigfoot, chaînon manquant de l’évolution. Dans les forêts américaines, la créature se présente à l’aventurier et avoue avoir elle-même écrit la lettre pour solliciter son aide. Dernier représentant de son espèce, elle n’en peut plus de vivre seule et voudrait émigrer chez ses cousins, les yétis. Durant leur périple jusqu’en Himalaya, la perfection formelle, la subtilité des caractères (sans les simplifications d’usage), l’humour anglais des dialogues et le burlesque du géant maladroit, l’emportent sur l’intrigue qui ne s’intensifie que tardivement, sans résoudre la solitude du bigfoot. Il comprendra avec Frost que mieux vaut s’accepter que de chercher à se faire accepter… et que le véritable chaînon manquant est l’amitié. Comme eux, le film affirme sa différence, offrant sa réjouissante qualité à ceux qui voudront l’apprécier.
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¹ Coraline, L’Étrange pouvoir de Norman, Les Boxtrolls, Kubo et l’armure magique.

Monsieur Link de Chris Butler, États-Unis, avec les voix françaises de Thierry Lhermitte et Éric Judor, 1 h 34, sortie le 17 avril.