Second colloque du réseau interécoles vétérinaires consacré à l’éthique animale - La Semaine Vétérinaire n° 1804 du 30/03/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1804 du 30/03/2019

ÉCOLE VÉTÉRINAIRE

ACTU

Auteur(s) : JULIE HERVÉ 

à l’initiative des animateurs du réseau “éthique animale”, les enseignants des quatre écoles vétérinaires françaises se sont réunis, début février, pour échanger et faire progresser ensemble leur relation à l’animal.

Créé en 2017 à l’initiative d’Annabelle Meynadier et Hervé Cassard (École nationale vétérinaire de Toulouse), Fanny Storck (École nationale vétérinaire d’Alfort), Samuel Vidal (VetAgro Sup) et Julie Hervé (Oniris), le réseau interécoles vétérinaires françaises (EVF) dédié à l’éthique animale veut promouvoir les échanges entre enseignants des EVF dans un but d’amélioration de leur relation à l’animal. Ces regards croisés doivent permettre des échanges de pratiques entre les écoles vétérinaires, mais aussi des innovations profitables à tous : animaux, propriétaires, étudiants et enseignants vétérinaires. Les animateurs du réseau ambitionnent également de conduire une réflexion, afin de proposer des réponses aux questionnements des étudiants vétérinaires et de la société concernant la place de l’animal.

à quoi pensent les animaux ?

La deuxième édition du colloque du réseau s’est déroulée le 1er février à Oniris, à Nantes (Loire-Atlantique). Après l’accueil des participants par Julie Hervé, Marc Vandenheede, spécialiste en éthologie vétérinaire, bien-être des animaux et éthique animale à la faculté de médecine vétérinaire de Liège (Belgique), a livré à l’auditoire une conférence intitulée « Une éthique vétérinaire pour une éthique animale ». Une fois rappelées la responsabilité de la profession vis-à-vis du bien-être des animaux et la nécessité de prendre la place qui est la sienne dans le débat actuel, son intervention a ensuite porté sur l’évolution du statut de l’animal dans nos sociétés, depuis la pensée cartésienne jusqu’à la description récente des émotions et de la conscience des animaux. Si, à la fin du siècle dernier, se posait la question de l’existence même d’une pensée animale, les scientifiques cherchent maintenant à découvrir à quoi pensent les animaux. Le conférencier a aussi interpellé l’assemblée sur le sens des mots. Ainsi, pourquoi les animaux seraient-ils des “bêtes” ? Comment en sommes-nous devenus les “propriétaires” ? Comment les éleveurs ont évolué en “exploitants” ? Questionnant successivement et de façon non partisane notre relation à l’animal, qu’il soit de ferme, de compagnie, expérimental ou sauvage en captivité, il a invité à prolonger la réflexion sur l’animalité avec l’étude des œuvres de Baptiste Morizot, Charles R. Magel, Peter Singer, Jocelyne Porcher ou encore Philippe Descola.

Un état des lieux des pratiques pédagogiques

à l’issue de la conférence, les discussions se sont poursuivies autour de l’abattage sans étourdissement, de l’idéologie végan, etc. Autant de sujets sensibles auxquels la profession est confrontée. Si la conférence introductive du colloque était ouverte à tous, l’accès aux présentations et aux discussions de l’après-midi était restreint aux enseignants vétérinaires des quatre écoles, ainsi qu’à des représentants étudiants vétérinaires choisis pour leur implication dans la promotion de l’éthique et du bien-être animal à Oniris. Pendant ce temps d’échanges interécoles, un état des lieux actualisé des pratiques pédagogiques impliquant des animaux dans les différents cursus a été réalisé. Les enseignants ont notamment insisté sur les moyens déployés dans chacune des écoles pour respecter la règle des “3R”(replace, reduce, refine). Ainsi, le recours à la simulation médicale se généralise permettant aux étudiants de ne pas pratiquer la première fois sur l’animal vivant. à VetAgro Sup comme à Oniris, les étudiants sont des acteurs majeurs du bien-être animal. En effet, ceux-ci sont incités à parrainer les animaux impliqués dans leur cursus de formation. Les parrains sont encouragés à développer une relation particulière avec les animaux dont ils ont la charge, axée sur le renforcement positif via des actions de type pansage, broutage et travail à pied pour les chevaux ou encore promenade, medical training et séances d’éducation pour les chiens. S’il améliore le bien-être quotidien des animaux utiles à la formation des étudiants vétérinaires, le parrainage facilite également la retraite de ces animaux qui sont alors mieux préparés à l’adoption.

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