Hernie diaphragmatique chez un chat - La Semaine Vétérinaire n° 1804 du 30/03/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1804 du 30/03/2019

CAS CLINIQUE

PRATIQUE CANINE

Formation

Présentation du cas

Un chat mâle castré de 1 an est présenté pour dyspnée et prostration à la suite d’une fugue. L’examen radiographique met en évidence une hernie diaphragmatique. L’animal est référé pour prise en charge chirurgicale. Il présente une tachypnée modérée avec des bruits cardiaques assourdis. Il est hospitalisé, mis sous perfusion et placé sous oxygénothérapie. Il est anesthésié à l’aide de morphine (0,2 mg/kg par voie intraveineuse [IV]) et de propofol (4 mg/kg IV). Un relai gazeux à l’isoflurane est instauré et une ventilation assistée mise en place. De l’amoxicilline (20 mg/kg IV) est administrée. La tonte large de l’abdomen et du thorax caudal révèle un large hématome au niveau du sternum caudal. La laparotomie exploratrice met en évidence un hématome rétropéritonéal. La hernie diaphragmatique est circonférentielle ventrale avec engagement du foie, de la vésicule biliaire et d’une partie de l’omentum. Les organes herniés, d’apparence normale, sont remis en place. La brèche diaphragmatique est refermée à l’aide d’un surjet simple continu (Monosyn® 2-0) en passant autour des côtes adjacentes. Le vide pleural est réalisé, puis la paroi abdominale est refermée. Dès que le vide pleural est obtenu, l’animal est progressivement sevré du ventilateur anesthésique. La fonction respiratoire est bonne en postopératoire immédiat. L’analgésie est poursuivie à l’aide de morphine (0,2 mg/kg par voie sous-cutanée [SC]) pendant 24 heures. Du méloxicam (0,05 mg/kg par voie orale [PO]) est prescrit pendant 4 jours. Au bout de 12 heures, l’oxygénothérapie est arrêtée, et 2 jours après l’intervention, l’animal peut rentrer chez ses propriétaires avec une restriction d’activité. Lors du retrait des fils à 14 jours postopératoires, le chat respire normalement. Trois mois plus tard, les propriétaires décrivent une clinique normale.

Discussion

La hernie diaphragmatique correspond à une protrusion d’organes abdominaux dans le thorax au travers d’une brèche diaphragmatique, qui viennent comprimer le cœur ou les poumons. De plus, la rupture du diaphragme entraîne une perte de sa fonction mécanique et des difficultés respiratoires marquées. Enfin, les organes herniés peuvent être endommagés et la douleur aggrave les difficultés respiratoires. Les hernies diaphragmatiques chez les chats surviennent le plus souvent à la suite d’un accident de la voie publique ou à un écrasement.

Diagnostic

Le tableau clinique lors d’hernie diaphragmatique est variable : de la détresse respiratoire sévère à l’absence de signe. La dyspnée peut être fruste si peu d’organes abdominaux sont engagés dans le thorax et peut demeurer latente longtemps après le traumatisme. Dans la majorité des cas, le diagnostic est réalisé à l’aide de clichés radiographiques.

Traitement

La réanimation préopératoire est primordiale : oxygénothérapie, mise sous perfusion et gestion de la douleur. L’intervention chirurgicale est programmée dès que l’animal est stabilisé. Si l’estomac est engagé dans la hernie et dilaté, il est nécessaire de le ponctionner en urgence ou de sonder l’animal. Le traitement chirurgical consiste à restaurer l’intégrité anatomique du diaphragme, afin de permettre le retour à une fonction ventilatoire normale. L’anesthésie est délicate et nécessite une ventilation assistée (mécanique idéalement, mais une ventilation manuelle est aussi possible). Les organes abdominaux passés dans le thorax sont examinés et remis en place. La réparation de la brèche du diaphragme se fait le plus souvent à l’aide d’un surjet simple continu avec le passage de la suture autour des côtes pour permettre une meilleure solidité. Enfin, il est important de restaurer le vide pleural à l’aide d’un drainage peropératoire du thorax. Il convient d’éviter la surinsufflation des poumons, car cela peut entraîner une rupture du parenchyme pulmonaire et un pneumothorax, un œdème pulmonaire et des lésions de reperfusion.

Pronostic

Le pronostic vital peut être rapidement engagé et 15 % des animaux meurent avant d’être opérés. L’induction est une phase critique. Cependant, le taux de survie avoisine les 90 %. Le signalement de l’animal, l’ancienneté de la hernie ou le moment de l’intervention chirurgicale n’ont pas d’incidence sur le taux de mortalité.

Chantal Ragetly Spécialiste en chirurgie, diplomate ACVS et ECVS, praticienne à la clinique Evolia à l’Isles-Adam (Val-d’Oise).

Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr