Entérotomie chez un gecko léopard

CAS CLINIQUE

Commémoratifs, anamnèse et examen clinique

Une femelle gecko léopard (Eublepharis macularius), âgée de 1 an, est présentée en consultation pour anorexie et absence de selles depuis 3 jours. Elle vit seule dans un terrarium ayant pour substrat des fibres de coco et est nourrie avec des grillons.

À l’examen clinique, l’état d’embonpoint de l’animal est évalué à 3/5 (poids de 48 g). L’abdomen paraît dilaté et une induration des anses intestinales est notée. Le gecko reste vif.

L’examen radiographique révèle une perte de contraste dans le cœlome caudal sans corps étranger radio-opaque apparent.

À l’échographie, une rétention folliculaire, ainsi qu’une occlusion intestinale sont diagnostiquées (photo 1). Le traitement est donc chirurgical en urgence.

Traitement chirurgical

L’animal est prémédiqué avec de la kétamine (20 mg/kg) et du butorphanol (1 mg/kg) par voie intramusculaire au niveau du biceps brachial. Après 15 min, une intubation (sonde urinaire 1,3 mm) est possible, et permet un maintien de l’anesthésie à l’isoflurane. Un doppler est placé entre les deux membres antérieurs pour suivre la fréquence cardiaque du lézard tout au long de l’anesthésie. Des bouillotes sont déposées sous l’animal pour préserver une température élevée.

Après désinfection chirurgicale, une incision paramédiane de la peau et du muscle sont réalisées afin d’éviter une lésion de la veine médiane. Les grappes ovariennes, hypertrophiées, sont visualisées. Caudalement, les anses intestinales sont palpées délicatement. Puis l’anse contenant le corps étranger est extériorisée et incisée sur 5 mm. Le contenu est retiré à la pince et par taxis : il s’agit d’un reste de grillon et de multiples copeaux. La muqueuse apparaît rosée et saine. Le site est refermé par un surjet simple au monofilament résorbable 5-0. Environ 1 cm plus loin, une deuxième occlusion est objectivée. Une deuxième entérotomie est alors pratiquée, de la même façon que précédemment. Un rinçage doux au sérum physiologique stérile tiédi est réalisé. Le muscle est suturé par un surjet simple au monofilament résorbable 5-0 et la peau par un surjet éversant au monofilament résorbable 4-0. Le réveil est rapide (photo 2).

Le gecko est hospitalisé durant 3 jours et reçoit du méloxicam (0,2 mg/kg, par voie sous-cutanée, une fois par jour), une réhydratation sous-cutanée, une association triméthoprime-sulfamides (30 mg/kg per os une fois par jour), des pansements gastro-intestinaux et des gavages hyperdigestibles. L’antibiothérapie est poursuivie à domicile durant 7 jours.

DISCUSSION

Environnement

L’environnement d’un saurien est un facteur essentiel. Ceux-ci se nourrissant au sol, leur substrat peut être ingéré de manière accidentelle en même temps que leurs proies. Il convient donc de choisir un substrat de grande taille ou du linoléum, idéal car très facile à nettoyer et sans risque d’occlusion.

Anesthésie

Les reptiles sont des animaux très résistants à l’anaérobiose, capables d’apnée de plusieurs dizaines de minutes. Leur anesthésie reste donc un challenge et une induction directement au gaz est souvent vaine. La prémédication permet de pouvoir les intuber facilement (selon leur taille). Ils sont ensuite ballonnés tout au long de la chirurgie. En ce qui concerne le monitoring, le doppler cardiaque permet d’en suivre la fréquence. Un oxymètre de pouls est inutile : le sang des lézards est un “sang mélangé” puisqu’ils ne possèdent qu’un unique ventricule ; les valeurs données sont donc basses.

Particularités chirurgicales pour un gecko

La principale difficulté de ce cas réside dans la taille de l’animal. Du matériel de microchirurgie est utilisé. Les gestes doivent être délicats et méticuleux pour éviter de provoquer de graves lésions. La stase préovulatoire n’a pas été traitée chirurgicalement, car de la rapidité de l’intervention dépend le rétablissement de l’animal. Cette stase n’étant pas majeure, le gecko peut vivre plusieurs années sans qu’elle ne soit responsable de signes cliniques.
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