Applifarm s’engage pour le bien-être animal - La Semaine Vétérinaire n° 1803 du 23/03/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1803 du 23/03/2019

DONNÉES D’ÉLEVAGE

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON 

De par ses compétences numériques, la start-up se veut un partenaire des acteurs de l’élevage sur la question du bien-être animal.

Le mardi 26 mars, la start-up Applifarm1 organisait une matinée de conférences sur le bien-être animal. L’objectif de cette journée : partager les expériences et compétences de plusieurs acteurs d’élevage sur cette question à fort enjeu sociétal. Et surtout, mettre en avant l’intérêt de la valorisation des données d’élevage pour évaluer le bien-être animal. Ainsi Xavier Wagner, directeur général d’Applifarm, a-t-il présenté le tout dernier-né de la société : une application pour faciliter les audits centrés sur le bien-être animal. Dans un contexte de baisse de consommation dans certaines filières animales et de multiplication des labels ou « promesses marketing » pour rassurer le consommateur, « l’enjeu est d’être en capacité d’industrialiser les preuves issues de l’élevage, et de détecter des anomalies afin d’aider plus précocement et efficacement l’éleveur ». En clair, il faut apporter des garanties au consommateur. En pratique, l’application, associée à une interface web, est personnalisable, chaque client pouvant demander à la start-up d’y associer son propre référentiel bien-être animal. à la fonction de base de collecte des données peuvent s’ajouter des options sur demande, telles que des alertes ou des plans de progrès pour coller aux cahiers des charges. De plus, à chaque indicateur est épinglé un logo de couleur orange signifiant que les données sont déjà disponibles et préremplies2. Des tableaux de bord permettent ensuite d’avoir une vision globale et immédiate de tous les élevages audités. Enfin, les preuves collectées pourront être accessibles au consommateur. L’application est disponible sur abonnement.

Diversifier les partenaires

Applifarm est décrit par son directeur comme une véritable « boîte à outils pour la réalisation de projets ». Aussi, à l’instar de l’application bien-être animal, une solution qualité garantissant l’absence d’organisme génétiquement modifié (OGM) est également proposée. De plus, la start-up a aussi récemment conclu un contrat avec l’entreprise Natrus Bas (transformateur espagnol de viande) pour laquelle elle va mettre en place une plateforme de traçabilité blockchain bovins viande. En outre, à l’écoute des différentes interventions de la matinée, il semblerait que les solutions digitales d’Applifarm puissent intéresser d’autres acteurs de l’élevage. Par exemple, Alexandre Charrier, chargé d’affaires au Bureau Veritas, organisme de certification, a expliqué que « toutes les données de traçabilité allaient révolutionner leurs méthodes d’audits ». Séverine Fontaine, directrice qualité alimentaire chez Carrefour, a précisé que les audits des prestataires ne s’effectuaient qu’une fois par an. « Clairement, c’est du “one shot”. Mais si on avait accès à une plus grande quantité de données historiques, le travail de l’auditeur serait facilité ». Enfin, du côté du réseau France conseil élevage, seule une partie des données sont valorisées au niveau national, comme l’a expliqué Agnès Lejard, chargée de mission à l’association : « On n’en est qu’au début ».

1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1789 du 14/12/2018, pages 30 et 32.

2 L’application peut être préalimentée par des données issues des autres partenaires d’Applifarm.

LES VÉTÉRINAIRES FONT DU BIEN-ÊTRE… MAIS PAS DE LA DONNÉE

Invité par la start-up Applifarm, Jean-François Labbé, trésorier de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV), a présenté le rôle des praticiens dans le bien-être animal. « On en a toujours fait, mais ce n’est que dans les années 2013-2014 qu’il y a eu une vraie prise de conscience de cette notion », a indiqué notre confrère. Il souligne notamment l’exemple de la chaire bien-être animal créée il y a deux ans à VetAgro Sup. Entre les soins aux animaux et la détection des situations à risque, le vétérinaire apparaît comme un garant majeur du bien-être animal. Excepté qu’il y a un hic : il ne génère que peu de données numériques. « On observe, on conseille mais on ne note pas toujours », détaille Jean-François Labbé. Même si le travail est au final effectivement accompli sur le terrain, les données récoltées restent à ce jour non valorisées. Aussi, « il va falloir continuer à travailler et à créer des bases de données ». Pour amener les vétérinaires à devenir des acteurs de la certification bien-être animal ? Pas si simple : « Je pense que cela ne pourrait pas se faire chez nos propres clients. » Au risque d’être possiblement taclé sur la question de l’indépendance. Affaire à suivre.
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