Vaccins contre la FCO : les vétérinaires rappelés à l’ordre - La Semaine Vétérinaire n° 1802 du 15/03/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1802 du 15/03/2019

BONNES PRATIQUES

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE 

Face à des défauts d’immunisation de bovins vaccinés contre la fièvre catarrhale ovine (FCO) observés chez des animaux destinés à l’export, l’Ordre national des vétérinaires a été sommé par le directeur général de l’alimentation, Patrick Dehaumont, de « sensibiliser les vétérinaires à l’importance d’assurer la qualité de la vaccination » .

À la demande du directeur général de l’alimentation (DGAL), Patrick Dehaumont, l’importance de « s’assurer de la qualité de la vaccination contre la fièvre catarrhale ovine (FCO) » a été rappelée aux vétérinaires dans un communiqué de l’Ordre national des vétérinaires publié le 18 mars1.

Une forte circulation virale

Depuis le 14 décembre 2018, les cas cliniques de FCO chez les bovins, maladie virale vectorielle transmise par des moucherons piqueurs de type culicoïdes, se sont multipliés (plus de 50 suspicions confirmées par des analyses virologiques, principalement sur les veaux nouveau-nés2) dans les élevages allaitants de plusieurs régions françaises comme en Allier3. Or, bien que la vaccination des élevages contre la FCO reste un acte volontaire et soit pratiquée par l’éleveur lui-même pour tous les reproducteurs non destinés aux échanges internationaux, dans le cas des bovins destinés aux échanges intracommunautaires ou aux exportations avec certification, elle doit être effectuée par un vétérinaire sanitaire qui certifie sa réalisation4.

Des échanges commerciaux compliqués

Cependant, comme l’a indiqué Patrick Dehaumont, « les contrôles réalisés dans le cadre des échanges internationaux de bovins, de juillet 2018 à janvier 2019, ont permis de mettre en évidence une absence d’immunité sur 20 à 30 % des animaux contrôlés par le pays destinataire, rendant difficiles les transactions commerciales (interdiction de mouvement ou euthanasie) ». Parmi les explications potentielles, l’absence de séroconversion des animaux malgré leur vaccination est possible, selon le directeur général de l’alimentation, car elle « a été constatée dans certaines études scientifiques » 5. Cependant, il a aussi précisé qu’« il demeure des causes relevant de la responsabilité directe des docteurs vétérinaires (conservation des flacons ouverts, protocole de vaccination, délai entre deux injections de primovaccination) et que, dans certains cas, des pratiques relevant de poursuites judiciaires ont été mises en évidences ».

La vaccination, un « acte responsable »

C’est pourquoi, pour répondre à la demande de la DGAL, l’Ordre national des vétérinaires a publié un communiqué le 18 mars rappelant aux vétérinaires que « la vaccination vis-à-vis de la FCO est un acte vétérinaire qui engage la responsabilité du vétérinaire, à qui il revient de veiller à la bonne administration conformément au recueil des caractéristiques du produit ». Dans le même temps, comme l’a indiqué le président du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL), Laurent Perrin, dans un courrier adressé à Patrick Dehaumont : « Un réseau de délégués locaux a été chargé de diffuser une information de sensibilisation auprès de tous les vétérinaires concernés par la vaccination FCO », même si, selon lui, « certaines informations et prescriptions émanant des services d e la DGAL lors des précédentes opérations de vaccination ont pu brouiller certains messages ». Ainsi, ont pu « créer un trouble dans la compréhen sion de l’intérêt du respect des pratiques vaccinales préconisées par les laboratoires » : les courriers envoyés par les directions départementales (de la cohésion sociale) et de la protection des populations (DD(CS)PP) de différents départements aux praticiens leur recommandant un usage des vaccins dans les 48 heures suivant l’ouverture, « afin d’optimiser l’utilisation des flacons », lorsque ceux-ci étaient pris en charge par l’État ; et la prolongation des dates de péremption permise par l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV), à deux reprises (pour deux lots). Toutefois, les instances professionnelles vétérinaires ont indiqué ne pas cautionner les pratiques relevant de procédures judiciaires et elles restent mobilisées afin que « la France continue d’être reconnue comme une référence en matière de certification sanitaire ».

1 bit.ly/2HIVOD9.

2 bit.ly/2YtotkB.

3 bit.ly/2WsPzXc.

4 bit.ly/2FpX7mI.

5 Poster de vaccination du laboratoire Boehringer Ingelheim présenté aux journées nationales des groupements techniques vétérinaires à Nantes (Loire-Atlantique), en 2018 : bit.ly/2TIeXqw.

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