Performances et santé des vaches laitières : différents systèmes d’élevage à l’essai - La Semaine Vétérinaire n° 1802 du 15/03/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1802 du 15/03/2019

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE  

L’élevage bovin laitier français actuel est caractérisé par des fluctuations de prix et de coûts importantes et peu prévisibles à la suite de l’abandon des quotas et par une grande diversité des systèmes de production. Dans ce contexte difficile, le choix de la race de la vache laitière et donc de la capacité d’adaptation des élevages à la fois en matière de production, de reproduction et de santé se pose. C’est pourquoi les auteurs de cette étude1 ont comparé les performances de vaches de races prim’holstein (Ho) et montbéliarde (Mo) dans deux systèmes à bas intrants, durant 11 ans, en agriculture biologique2.

Deux systèmes à l’étude

Le premier système étudié (40 vaches montbéliardes et prim’holstein), herbager (SH), était fondé exclusivement sur l’utilisation de prairies permanentes (sans aliments concentrés) pour une production de lait réalisée principalement au pâturage durant 8 mois, tandis que le second, un système de polyculture-élevage (SPCE ; 60 vaches montbéliardes et prim’holstein), reposait sur une très forte autonomie en fourrages, en grains et en paille de litière. La production et la composition du lait, les variations d’état corporel, la reproduction et les analyses de longévité et de carrière ont été examinées sur l’ensemble des vaches.

Une meilleure productivité des prim’holstein en système de polyculture-élevage

Les chercheurs ont constaté que sur les 44 semaines de lactation, les vaches Ho ont produit davantage de lait (+ 797 kg) et de matière utile (+ 46 kg) que les Mo. Par ailleurs, cet écart entre races était plus marqué dans le SPCE (+ 1 000 kg) que dans le SH (+ 590 kg). De plus, la production de lait par kg de poids vif était plus élevée (+ 1,04 kg/kg) dans le SPCE. En revanche, les performances de reproduction des vaches Ho ont été médiocres, surtout dans le SH (- 12 % de taux de réussite) et elles ont atteint un état corporel minimal plus faible. En matière de santé, les troubles génitaux en début de lactation étaient plus nombreux chez les vaches Ho, mais les montbéliardes ont été plus sujettes aux boiteries, le SH semblant avoir favorisé ces deux troubles sanitaires.

Des avantages différents

Ces résultats ont confirmé ceux d’une étude précédemment réalisée3, à savoir que l’interaction significative entre la race et le niveau d’alimentation, plus favorable dans le SPCE, traduit la réactivité laitière plus grande des vaches Ho face à des apports nutritifs plus conséquents. Enfin, selon les auteurs, si les deux races présentent des avantages différents pour répondre aux enjeux des systèmes d’élevage très autonomes, les difficultés de reproduction rencontrés chez la vache prim’holstein réduisent sa pertinence dans le cadre des systèmes très herbagers, conduits en vêlages groupés.

1 Robin, 2017.

2 Coquil et coll., 2011.

3 Delaby et Fiorelli, 2014.

Article rédigé d’après la conférence présentée lors des journées 3R (Rencontres recherche ruminants), des 5 et 6 décembre 2018. Fiorelli J. L., Trommenschalager J.M., Brunet L., Delaby L. (Inra), Bareille N., Robin M. (Bioepar, Inra, Oniris), Ollion E. (Isara) : « Performances et santé des vaches laitières holstein et montbéliarde conduites en systèmes à bas intrants ».

SYSTÈME DE POLYCULTURE-ÉLEVAGE

« Modèle qui associe sur l’exploitation plusieurs cultures et un ou plusieurs élevages. C’est un système complexe, diversifié et peu spécialisé », selon la définition du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Et ce mode d’élevage va même au-delà d’une juxtaposition de productions animales et végétales avec la recherche d’une bonne valorisation des déjections animales, la rotation des cultures (notamment avec des légumineuses) et la fourniture d’alimentation et de litière aux animaux1. En France, le système de polyculture-élevage est fréquent, cependant, les différents ateliers ne sont souvent que faiblement intégrés, ce qui fragilise leurs résultats économiques et environnementaux. C’est pourquoi le gouvernement encourage actuellement les démarches conduisant à une plus grande synergie entre les ateliers (optimisation des interactions écologiques, recyclage des éléments et valorisations des ressources renouvelables2), afin d’avoir plus d’autonomie et d’efficience dans l’usage des ressources (résilience économique et performances sociales et écologiques élevées)3.
1 Institut de l’élevage, 2011 (bit.ly/2HItZKe).
2 bit.ly/2W8fV0K.
3 bit.ly/2Fu10Zn.
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