L’entretien et le stage, deux piliers du recrutement - La Semaine Vétérinaire n° 1802 du 15/03/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1802 du 15/03/2019

ÉCOLES VÉTÉRINAIRES AMÉRICAINES

ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON 

La séance du 7 mars de l’Académie vétérinaire de France a abordé les modalités de recrutement des écoles vétérinaires américaines.

En France, la classe préparatoire reste encore la principale voie d’accès des écoles vétérinaires françaises. Aux états-Unis, le recrutement dans les 28 écoles vétérinaires1 est bien moins académique, comme l’a expliqué Francis Fiéni, professeur en biotechnologies et pathologie de la reproduction à Oniris, lors de la séance du 7 mars de l’Académie vétérinaire de France. Après le lycée, les étudiants doivent d’abord obligatoirement passer par un 1er cycle universitaire (undergraduate). En théorie, il aboutit à un Bachelor of arts (BA) ou Bachelor of science (BS) au bout de quatre ans. Néanmoins, son obtention n’est pas un prérequis pour accéder aux écoles vétérinaires. « Dans la sélection, les écoles recherchent un niveau équivalent au Bachelor of science », a précisé le conférencier, les étudiants devant donc uniquement suivre les cours demandés par les écoles vétérinaires, et en valider un minimum2. Pour autant, une grande majorité des étudiants intégrant une école ont, dans les faits, validé leur Bachelor. Cette étape est en réalité une remise à niveau, comme l’a souligné Francis Fiéni, les élèves à la sortie du lycée n’ayant pas de bases scientifiques assez solides pour suivre directement les enseignements des écoles. Des tests de connaissances générales permettent ensuite d’évaluer l’acquisition effective des connaissances, et donc l’aptitude des candidats à poursuivre des études dans le domaine médical. Selon les écoles, il s’agira d’un test soit de connaissances en sciences exactes (MCAT® pour Medical college admission tes t ®), soit en langue anglaise, rédaction et mathématiques (GRE® pour Graduate record examination ®).

Identifier les bons profils

Outre-Atlantique, bien recruter signifie « apprécier la motivation des candidats, leur connaissance de la réalité du métier et ses valeurs humaines ». Pour ce faire, chaque candidat doit avoir eu un minimum d’expérience de travail avec les animaux. Pour certaines écoles, cela correspond à des stages en clinique vétérinaire. Par exemple, l’UC Davis School of Veterinary Medicine réclame 180 heures ou davantage3. Le candidat doit, de plus, passer un entretien individuel devant un jury. À l’UC Davis, il s’agit de 10 mini-entretiens durant lesquels l’étudiant est mis en situation, avec l’intervention d’un acteur. Par exemple, le candidat doit montrer sa capacité à accompagner un propriétaire, joué par un comédien, lors d’une euthanasie. « On s’assure des qualités humaines de l’étudiant, à savoir ses compétences en communication, sa capacité à travailler en équipe, ses capacités décisionnelles éthiques et critiques, son empathie, son honnêteté et sa fiabilité. » Des lettres de recommandation complètent le dossier de candidature. Une fois la phase de recrutement passée, la formation initiale dure quatre ans, et est validée par un test final, le NAVLE®, pour North American veterinary licensing examination ®.

1 Certaines écoles sont publiques, les autres privées, avec une nette différence de coûts pour les études (20 000 $ versus 70 000 $).

2 Le site de l’Association of American Veterinary Medical Colleges liste les prérequis demandés par les écoles vétérinaires : aavmc.org.

3 Dans les faits, ce sont en moyenne 1 476 heures d’expériences cliniques que les candidats ont suivi.

L’AVIS DE FRANCIS FIÉNI

PROFESSEUR EN BIOTECHNOLOGIES ET PATHOLOGIE DE LA REPRODUCTION, FRANCIS FIÉNI A RÉALISÉ DEUX MOBILITÉS ENSEIGNEMENT ET RECHERCHE À L’UC DAVIS EN 1998 ET 2011.

« Pour être un bon vétérinaire, faut-il seulement aimer les animaux ? Est-ce que ce n’est pas un handicap ? à mon sens oui, car être vétérinaire, c’est en priorité s’assurer de la bonne santé et du bien-être des animaux. En d’autres termes, on est vétérinaire pour l’animal et pas pour soi. Le problème est qu’aujourd’hui, en France, un certain nombre de jeunes s’engagent dans les études pour combler un vide affectif et parfois un manque de relations humaines. Ces étudiants, fragiles émotionnellement, conditionné par des reportages télévisés, idéalisent le métier de vétérinaire, en occultant certaines facettes comme celle de la mort par abattage ou euthanasie. C’est tout le contraire des écoles américaines qui recrutent des étudiants qui connaissent, grâce aux stages, déjà parfaitement les contraintes de l’exercice vétérinaire. Afin de recruter les meilleurs professionnels de demain, le système français devrait s’inspirer des stages et de l’entretien devant le jury. Un autre point est intéressant : les étudiants doivent acquérir un certain nombre de compétences avant de postuler dans une école vétérinaire, ce qui leur permet d’avoir plusieurs choix de cursus possibles, médicaux ou autres. »
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