Comment voyez-vous l’évolution de l’exercice vétérinaire en filières ? - La Semaine Vétérinaire n° 1802 du 15/03/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1802 du 15/03/2019

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Auteur(s) : TANIT HALFON 

UN ACCOMPAGNEMENT SUR DE NOUVELLES THÉMATIQUES

L’exercice en filières repose principalement sur le conseil et la prévention. Une solide maîtrise des aspects zootechniques et d’hygiène en élevage, de l’épidémiologie, ainsi que des techniques et méthodes diagnostiques sont nécessaires pour accompagner l’éleveur.
Ces dernières années, de nouvelles thématiques ont émergé. Nous sommes sollicités pour accompagner la mise en œuvre des plans ÉcoAntibio. Nous sommes aussi mobilisés sur les sujets de bien-être animal et de biosécurité, qui concernent désormais de nouveaux chapitres dans nos visites sanitaires annuelles. En découlent de nouveaux services aux éleveurs, comme la révision du plan de biosécurité ou encore des formations qui vont certainement être amenées à se développer. De plus, les exigences économiques font que les éleveurs vont intégrer davantage le système des labels, impliquant un accompagnement de notre part, pour répondre aux objectifs des chartes et établir des certifications. Un autre enjeu de demain sera l’accompagnement de l’éleveur dans des démarches d’assainissement pour maîtriser les coûts sanitaires avec, pour certains élevages, des objectifs d’éradication de maladies. Nos compétences en gestion des maladies à l’échelle d’un troupeau et d’une filière sont reconnues. Ainsi, avec l’évolution des élevages, le vétérinaire est de plus en plus demandé.

Jeanne Dupuis

UN DÉVELOPPEMENT DE L’APPROCHE MÉTABOLIQUE

Cela fait seulement deux ans que j’exerce en filières. Auparavant, j’ai travaillé pendant 10 ans dans les centres hospitaliers vétérinaires en tant que consultant exclusif pour les nouveaux animaux de compagnie et la faune sauvage. Cette expérience m’a permis de mettre en application une approche diagnostique métabolique dans les élevages, avec le soutien de mes nouveaux confrères. Les enjeux de démédication et le recours aux solutions alternatives aux traitements conventionnels justifient que les vétérinaires des filières s’y intéressent : on ne peut plus rester dans le schéma “une maladie-un antibiotique”. En pratique, de la même manière que l’on procède à une analyse bactériologique sur un échantillon d’individus, explorer le métabolisme implique de réaliser des bilans sanguins sur quelques animaux. Cela aboutira à une prescription adaptée au désordre métabolique. Cette approche complète l’approche classique en infectiologie, et permet aussi de développer les actes et les services. Les vétérinaires sont aussi attendus sur le bien-être animal, sans oublier celui de l’éleveur. Dans ce cadre, nous avons développé des audits au moyen d’outils d’évaluation du bien-être en élevage. Aujourd’hui, charge à nous d’accompagner les évolutions sociétales mais aussi de faire valoriser nos compétences en physiologie animale et en infectiologie.

Samuel Sauvaget

UN BESOIN ACCRU EN COMPÉTENCES VÉTÉRINAIRES

En filières, l’évolution en cours des systèmes d’élevage accentue la demande en compétences vétérinaires. Si, au départ, nous étions davantage perçus comme des “soignants”, cette image s’oriente de plus en plus vers celle de conseiller en élevage. Avec les plans de réduction d’usage des antibiotiques, nous avons pu renforcer nos actions en matière de prévention. Notre avis compte ainsi de plus en plus en ce qui concerne les choix zootechniques. Les filières “sans antibiotiques” demandent souvent trois à quatre visites vétérinaires, quand une seule était requise pour les cahiers des charges classiques. Les vaccins et les autovaccins prennent également une plus grande place, tant en filière porcine qu’avicole. Enfin, nous aurons un rôle croissant à jouer dans la prise en compte du bien-être animal en élevage. Toutes ces évolutions viennent bouleverser notre modèle économique traditionnel fondé sur la vente des médicaments, au profit de l’activité de conseil. Nous sommes en train de devenir les garants des bonnes pratiques de l’élevage. Le problème est que la relève n’est pour l’instant pas assurée, les écoles communiquant peu sur nos métiers. Pourtant, nos missions sont variées et il est rare de rencontrer des praticiens blasés, comme cela peut être le cas pour d’autres formes d’exercice.

Joël Bertin
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