- La Semaine Vétérinaire n° 1802 du 15/03/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1802 du 15/03/2019

REVUE DE PRESSE

PRATIQUE MIXTE

Formation

LES BIENFAITS DU POLLEN DE TOURNESOL CONTRE LES PATHOGÈNES DES ABEILLES

Une étude a cherché à évaluer l’effet du pollen sur la santé des abeilles. Pour ce faire, dans un premier essai, Bombus impatiens est infecté avec Crithidia bombi(Trypanosomatidae), un protozoaire parasite du tube digestif, et quatre régimes alimentaires à base de pollen sont comparés (tournesol, colza, sarrasin et mélange des trois). Il en ressort une baisse significative de l’infection1 pour le groupe nourri avec du pollen de tournesol. Cet effet positif est observé pour des pathogènes issus de deux lignées différentes (isolées en Caroline du Nord et dans le Massachusetts), et avec des pollens issus de deux sources différentes (Chine et états-Unis). De plus, deux tiers des abeilles nourries au pollen de tournesol ne présentent plus de traces d’infection après 1 semaine de traitement. Dans un second essai, des microcolonies de bourdons infectés dépourvues de reines sont nourries avec un régime soit de pollen, soit de sarrasin. Avec le tournesol, les marqueurs de la reproduction sont significativement augmentés (quantité d’œufs, nombre et poids des larves, probabilité de produire des pupes). De plus, la production d’œufs est diminuée avec le sarrasin, mais pas avec le tournesol suggérant que la consommation de tournesol peut réduire cet effet négatif de l’infection. Dans un troisième essai, Apis mellifera est infectée avec Nosema cerenae, et nourrie avec soit du pollen de tournesol, soit du sarrasin. Avec le tournesol, l’intensité de l’infection diminue 0 et 15 jours post-infection, mais la mortalité augmente2. Enfin, un essai sur le terrain (Massachusetts, états-Unis) révèle aussi une baisse de l’intensité de l’infection à Crithidia chez des colonies de bourdons, plus marquée dans les zones plus riches en tournesol, sans qu’un lien soit établi avec les pratiques des fermiers (conventionnelle versus biologique). Pour les auteurs, d’autres études sont nécessaires afin d’évaluer les doses de pollen les plus appropriées pour la santé des abeilles à utiliser dans des suppléments alimentaires. Ils suggèrent aussi d’étudier les acides gras présents dans les pollens, car ces composés pourraient avoir contribué aux effets positifs du pollen de tournesol. Selon les auteurs, il serait intéressant d’inclure le tournesol dans les politiques d’aménagement du territoire. à noter qu’aucun résidu de pesticides n’a été trouvé dans les pollens utilisés dans les essais.


1 Évaluation du niveau d’infection en comptant les cellules du pathogène dans un échantillon de contenu digestif.
2 Mortalité également similaire à un groupe d’abeilles n’ayant pas consommé de pollen.

Giacomini J. J., Leslie J., Tarpy D. R. et coll. Medicinal value of sunflower pollen against bee pathogens. Sci. Rep. 2018;8(1):14394.
Tanit Halfon

LA TEMPÉRATURE INFLUENCE LA CHARGE VIRALE EN VIRUS DES AILES DÉFORMÉES

Une étude a évalué l’influence de la température sur les interactions entre l’abeille domestique et le virus des ailes déformées (DWV pour deformed wing virus), une information essentielle pour les auteurs afin de mieux comprendre et prédire la dynamique virale face à des changements environnementaux. Pour ce faire, des groupes de 40 à 50 abeilles1 sont soumises in vitro à des températures de 15, 28, 34 et 37° C. Pour les essais à 37° C, les abeilles sont en plus exposées tous les jours pendant 1 et 3 heures à des températures extrêmes (40 ou 43° C). Il est apparu que la survie des abeilles est réduite à haute et basse température. À 37° C, elle diminue de près de 50 % après 8 ou 11 jours suivant les essais. Ce phénomène est plus particulièrement marqué pour les abeilles exposées à 43° C. Cependant, des courtes expositions à 40° C augmentent la survie des abeilles, en comparaison avec celles maintenues uniquement à 37° C. Ce résultat est conforté par des études ultérieures ayant démontré que des fluctuations de température décalent la température critique normalement tolérée par les abeilles. à 15 °C, la mortalité est significativement plus élevée qu’à 28 ou 34° C, en lien, selon les auteurs, avec le trop faible nombre d’abeilles inclus dans les essais, ne leur permettant pas de produire assez de chaleur, à la différence d’une colonie composée de milliers d’individus. Une baisse de la charge virale est, de plus, constatée avec la hausse de la température, notamment lors de l’exposition à des températures extrêmes. En outre, pour les abeilles exposées quotidiennement pendant 3 heures à 40° C, la charge virale est toujours basse même lors d’un retour à 37°, suggérant l’existence d’un seuil critique pour la multiplication virale. Malgré ces résultats encourageants, la charge virale est restée encore trop haute et proche de la charge initiale après émergence, excluant toute possibilité de traitement thermique pour contrôler le virus. Pour les auteurs, cette expérience démontre que la température environnementale participe aussi aux fluctuations de la charge virale en DWV, tout comme la variation saisonnière de Varroa. Ce facteur doit donc être pris en considération pour mieux comprendre l’épidémiologie des maladies virales, en particulier dans un contexte de changement climatique.


1 Abeilles issues de colonies traitées ou pas contre Varroa destructor et prélevées chez trois apiculteurs situés près d’Avignon (Vaucluse).

Dalmon A., Peruzzi M., Le Conte Y. et coll. Temperature-driven changes in viral loads in the honey bee Apis mellifera. J. Invertebr. Pathol. 2019;160:87-94.
Tanit Halfon
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