De l’importance du One Health - La Semaine Vétérinaire n° 1801 du 09/03/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1801 du 09/03/2019

ÉPIDÉMIOSURVEILLANCE

ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON 

L’Académie d’agriculture de France accueillait le 12 mars une journée d’études sur les maladies infectieuses, durant laquelle la question du lien entre la santé humaine et la santé animale a été abordée.

Organisée conjointement par l’Académie d’agriculture de France (AAF), l’Association pour l’étude de l’histoire de l’agriculture (AEHA) et le comité d’histoire du ministère de la Transition écologique et Solidaire, une journée d’études a été consacrée le 12 mars aux relations entre santé animale et santé humaine. Un sujet d’importance pour le président de l’AAF. Et très actuel, en témoigne le concept One Health, ligne directrice de nombreux nouveaux projets de recherche et stratégies de gestion de santé, qui a imprégné plusieurs conférences de cette journée. Si la formalisation du concept est récente, sa réalité est au contraire très ancienne, comme l’a mis en évidence la conférence d’ouverture retraçant l’histoire de la circulation des agents infectieux entre les continents. C’est au néolithique qu’apparaissent les premières zoonoses, en lien avec la sédentarisation des hommes. Il y a 6 500 ans, le virus de la rougeole s’installait en Mésopotamie, à partir de la peste bovine. Au xive siècle, la peste noire a fait des ravages en Europe. Plus récemment, les oiseaux migrateurs ont permis l’introduction du virus du West Nile aux états-Unis ou de l’encéphalopathie japonaise en Asie.

Des conséquences en santé publique

Plusieurs présentations ont illustré la transmission de l’animal à l’homme. D’abord, celle sur les zoonoses alimentaires. « Les bactéries zoonotiques ne sont pas spécialement résistantes aux antibiotiques », a expliqué Arlette Laval, vétérinaire et membre de l’AAF, mais cela reste possible. Et les contaminations de l’homme par de telles bactéries ne sont pas si fréquentes en Europe. Malgré tout, elle a rappelé ces cas humains infectés par des Enterococcus faecium résistants à la vancomycine détectés en 1988. « Un lien a pu être établi avec l’usage de l’avoparcine comme facteur de croissance chez les monogastriques, à l’origine de l’interdiction des antibiotiques promoteurs de croissance en 1997 ». Autre exemple : le clone SR131 d’Escherichia coli, dont le réservoir est la poule, présente aussi une résistance à de nombreuses familles d’antibiotiques, notamment à la ciprofloxacine. Récemment isolé chez l’homme dans plusieurs pays, il est actuellement à l’origine d’une pandémie. Barbara Dufour, enseignante-chercheuse à l’ENVA, a, quant à elle, relaté la crise du Bargy durant laquelle la brucellose a touché l’homme via du fromage de bovin au lait cru. Enfin, comme l’a souligné Stéphan Zientara, directeur-adjoint du laboratoire de santé animale de l’Anses-Maisons-Alfort, les animaux peuvent aussi être des réservoirs pour des maladies vectorielles telles que le virus West Nile : en France, en 2018, 27 cas humains autochtones ont été confirmés, dont 23 en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, associés à 13 cas équins.

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