Le Sénat s’organise autour de la question animale - La Semaine Vétérinaire n° 1800 du 02/03/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1800 du 02/03/2019

ACTU

Fraîchement arrivé au Sénat, en octobre   2017, après 30 ans d’exercice libéral en médecine canine, mais aussi 16 années de mandat de maire, et près de 7 ans de présidence de conseil départemental, j’ai vite pris conscience que la Haute Assemblée devait organiser ses réflexions autour de la question de l’animal dans notre société.

Nécessité encore plus évidente lors de l’examen de la loi EGalim1, avec son article 13 prévoyant des dispositions relatives au bien-être animal, dont l’expérimentation de la vidéosurveillance en abattoirs et l’interdiction de nouveaux élevages de poules pondeuses en cage.

J’ai regretté, avec nombre d’autres sénateurs, que cet article vienne en discussion sans avoir fait l’objet d’un travail global, c’est-à-dire historique, philosophique, scientifique, juridique et social autour de la question animale.

Vaste tâche ! Mais le Sénat a souhaité s’en donner désormais les moyens avec la création d’un sous-groupe d’études dédié entièrement à la question de l’animal dans notre société du xxie siècle.

C’est avec fierté et détermination que j’en suis l’animateur.

J’en conduis donc les travaux selon deux axes. Une réflexion globale, dans l’esprit du Sénat, en vue de partager, entre sénateurs de compétences et sensibilités diverses, les prolégomènes indispensables à la construction d’un avis.

Mais aussi le travail immédiat de sujets concrets, comme le renforcement de la lutte contre le trafic d’espèces protégées.

Ainsi, l’année 2019 devrait marquer un progrès contre le trafic d’ivoire, car le braconnage qu’il induit continue à décimer la population d’éléphants d’Afrique. La question orale que j’ai posée au gouvernement a mis en lumière la nécessité d’une initiative européenne dans les prochains mois.

Le groupe d’études prévoit également un transport sur la plateforme aéroportuaire de Roissy-Charles-de-Gaulle pour prendre connaissance des mesures mises en œuvre pour intercepter les importations illégales d’animaux – et de végétaux – et essayer de proposer des améliorations pour réduire un trafic international des plus rémunérateurs et surtout extrêmement préjudiciable à la conservation des espèces.

La volonté du Sénat est donc de pouvoir aborder tout sujet législatif ayant une “dimension animale” qui lui serait soumis avec une solide connaissance de son environnement et de ses enjeux, mais aussi des propositions de progrès.

En effet, les sujets d’actualité sont potentiellement nombreux : les animaux sauvages dans les cirques, les modalités d’abattage des animaux, mais aussi les importations de produits animaux dans le cadre d’accords internationaux, certaines pratiques d’élevage, etc.

Nous devons être attentifs, pour que les évolutions de notre législation soient de véritables progrès, à ne pas exporter de facto des pratiques que nous souhaitons modifier ou faire disparaître vers des pays n’ayant pas les mêmes exigences.

L’esprit du Sénat, fait du respect de chacun et de ses opinions, du goût pour le travail de fond et d’analyse, mais aussi de pragmatisme, et imprégné du bon sens des territoires dont les sénateurs sont les représentants, me semble la garantie d’un travail de qualité et d’une contribution décisive au progrès de l’espèce humaine dans ses relations avec le vivant, car, à mes yeux, c’est bien cela dont il s’agit.

1 Tire son nom des états généraux de l’alimentation.

ARNAUD BAZIN (A 81)

a exercé 30 ans en canine dans la ville de Persan (Val-d’Oise). Élu maire de sa ville en 1995, et trois fois d’affilée, il assume en parallèle les fonctions de conseiller général du Val-d’Oise de 1998 à 2011, de président du conseil général de 2011 à 2015, et de président du conseil départemental de 2015 à 2017. En 2017, il est élu sénateur du Val-d’Oise et devient membre de la commission des finances du Sénat. Il est également membre du Conseil national d’évaluation des normes (CNEN). Depuis peu, il est vice-président du groupe d’études élevage du Sénat, en charge de la thématique “animal et société”.

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