Bien-être des animaux d’élevage : récit d’un parcours personnel en quatre étapes - La Semaine Vétérinaire n° 1800 du 02/03/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1800 du 02/03/2019

ACTU

1 - Le Comité d’éthique de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), que je présidais, a rendu en 2015 un avis sur le bien-être des animaux d’élevage. Ce bien-être ne consiste pas seulement en l’absence de maladies, de souffrances, de faim et de soif, mais aussi dans la capacité d’exprimer ses comportements naturels, physiologiques et sociaux.

Le comité a fait deux recommandations majeures :

- il faut développer les recherches pour mieux comprendre le bien-être, mieux l’évaluer et mieux l’assurer ;

- le bien-être doit être une des finalités des élevages.

2 - J’ai rejoint en 2012 La Fondation droit animal éthique et sciences (LFDA), qui avait établi en 1978 la Déclaration universelle des droits de l’animal, qui a été actualisée en 2018. Cette déclaration précise notamment :

- article 3 : le bien-être tant physiologique que comportemental des animaux sensibles que l’homme tient sous sa dépendance doit être assuré par ceux qui en ont la garde ;

- article 4 : tout acte de cruauté est prohibé. Tout acte infligeant à un animal sans nécessité douleur, souffrance ou angoisse est prohibé ;

- article 5 : tout acte impliquant sans justification la mise à mort d’un animal est prohibé. Si la mise à mort d’un animal est justifiée, elle doit être instantanée, indolore et non génératrice d’angoisse ;

- article 6 : aucune manipulation ou sélection génétique ne doit avoir pour effet de compromettre le bien-être ou la capacité au bien-être d’un animal sensible.

3- La LFDA a été à l’origine, au milieu des années 1980 de l’étiquetage des œufs, qui est à présent réglementaire. Début 2017, la fondation a approché le groupe Casino afin de mettre en place un étiquetage bien-être des poulets de chair.

Après 20 mois de travail associant Casino, la LFDA, l’OABA et l’association CIWF1, cet étiquetage a été mis en place dans les magasins en décembre 2018.

Il comporte quatre niveaux de bien-être définis sur la base de 230 critères faisant l’objet d’un contrôle annuel et couvrant les étapes de la vie des poulets de la naissance à l’élevage, au transport et à l’abattage.

Trois groupes de producteurs de poulets se sont depuis joints au projet : Avigers, Fermiers du Sud-Ouest et Poulets de Loué.

Ma conviction est que cet étiquetage, qui sera étendu avec la même rigueur à d’autres espèces animales et qui répond à des préoccupations éthiques, sert les filières de production françaises dont l’avenir est fondé sur la qualité.

4 - L’Ordre national des vétérinaires a décidé de créer en 2019 un Comité d’éthique animal, environnement, santé (CEAES), dont il m’a confié la présidence. Le comité comprendra notamment des représentants de l’agriculture, des personnalités politiques, des personnalités scientifiques et des représentants d’organisations non gouvernementales (ONG).

1 Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs, Compassion in World Farming.

LOUIS SCHWEITZER

vient de prendre la présidence du Comité d’éthique animal, environnement, santé (CEAES). Il est également président de La Fondation droit animal, éthique et sciences (LFDA). Il a aussi présidé le groupe Renault de 1992 à 2005, puis la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) jusqu’en 2010.

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