2019, l’année de la reconquête vétérinaire - La Semaine Vétérinaire n° 1800 du 02/03/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1800 du 02/03/2019

ACTU

Plusieurs reportages ont pointé en fin d’année 2018 la pénurie de vétérinaires en milieu rural, voire l’apparition de « déserts médicaux ruraux pour les animaux ». La formule est “choc”, mais elle traduit une réalité : celle d’une désaffection progressive pour la rurale.

En août 2016, le rapport de Viviane Moquay sur le maillage vétérinaire et la santé animale soulignait que cette désaffection pour l’activité rurale s’amplifiait. D’une part parce qu’elle est « perçue comme plus contraignante et moins rémunératrice », ce dernier point étant démenti par le rapport Asterès. D’autre part en raison de « causes sociologiquement explicables par le nouveau profil des étudiants : souvent très attentifs à la bientraitance animale et à la mouvance végétarienne, à l’attractivité des territoires comme lieux de vie, en lien sans doute avec leur origine urbaine ».

L’Atlas démographique 2018 de la profession vétérinaire confirme la poursuite de cette trajectoire : l’année 2017 a été marquée par une nouvelle légère baisse du nombre de vétérinaires exerçant pour les animaux de rente à titre principal ou secondaire. Le président Jacques Guérin a ainsi raison de souligner l’enjeu que représente le renouvellement des générations de vétérinaires ruraux partant à la retraite, car au-delà de la profession vétérinaire, c’est tout notre dispositif de lutte contre les maladies contagieuses, les zoonoses et les anthropozoonoses qui est en jeu. Et à travers lui, c’est aussi l’avenir de notre filière agricole et agroalimentaire qui est posé, car la santé des animaux est un impératif pour les éleveurs. La vive attention portée à l’évolution de la peste porcine africaine à nos frontières nous le rappelle.

Il me paraît donc essentiel de veiller à maintenir un réseau adapté de vétérinaires ruraux. Des expériences comme les semaines d’immersion peuvent contribuer à attirer des jeunes diplômés en milieu rural. Celles menées dans certains départements en matière de contractualisation entre vétérinaires et éleveurs, de recours à la télémédecine ou de centres de régulation d’appels pourraient également permettre d’alléger les contraintes qui pèsent sur les vétérinaires. Les modes d’organisation de la profession doivent évoluer et s’adapter pour répondre à la fois aux aspirations de jeunes vétérinaires inscrits dans la société et aux évolutions économiques, mais aussi à l’impératif de sécurité sanitaire dont l’État ne peut se désintéresser.

Au-delà de l’activité rurale, le Brexit a également fait ressortir le besoin de vétérinaires. Le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation s’est ainsi interrogé, en fin d’année dernière, sur la capacité de nos dispositifs de contrôle sanitaire aux frontières.

Avenir de la rurale, Brexit, deux sujets qui paraissent éloignés. Ils mettent toutefois en évidence le rôle et l’importance des vétérinaires dans notre système de veille et de sécurité sanitaires. Je forme donc le vœu que 2019 soit une “année de reconquête vétérinaire”, dans l’intérêt de notre pays.

GÉRARD LARCHER (L 73)

est président du Sénat depuis 2014, un poste qu’il avait déjà occupé de 2008 à 2011.
Vétérinaire équin pendant 14 ans, il accompagne l’équipe de France de sports équestres pendant cinq ans, notamment aux Jeux olympiques de Montréal (Canada) en 1976. Maire à 33 ans, sénateur des Yvelines à 36, il a été ministre délégué à l’emploi, au travail et à l’insertion professionnelle des jeunes à 55 ans.

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