Vers une résistance croissante des bactéries zoonotiques ? - La Semaine Vétérinaire n° 1799 du 24/02/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1799 du 24/02/2019

ANTIBIORÉSISTANCE

ACTU

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL 

Selon une étude européenne réalisée par deux autorités sanitaires, la résistance bactérienne aux antibiotiques est toujours plus forte, ce qui devrait alarmer les é tats membres.

Les agences sanitaires européennes tirent la sonnette d’alarme ! Selon un rapport1 publié le 26 février par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), les antibiotiques habituellement efficaces contre des zoonoses, telles que la campylobactériose et la salmonellose, font face à une résistance bactérienne toujours plus forte. Ce constat inquiète les autorités sanitaires, qui craignent que ce nouvel avertissement ne devienne « une sirène assourdissante ». « Le rapport publié aujourd’hui constitue un nouveau signal d’alarme. Cela montre que nous entrons dans un monde où il devient difficile, voire parfois impossible, de traiter un nombre croissant d’infections courantes », indique Vytenis Andriukaitis, commissaire européen chargé de la santé et de la sécurité alimentaire. Les données transmises par les états membres de l’Union européenne en 2017, en santé humaine et en santé animale, se concentrent sur les niveaux de résistance de Salmonella, de Campylobacter, d’Escherichia coli et de Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline. Cette dernière est la principale bactérie à causer une infection pouvant être contractée directement chez les animaux par le biais d’une exposition environnementale ou de la consommation de viande.

Résistance commune chez Campylobacter

et Salmonella

Les données collectées témoignent de niveaux de résistance élevés, voire très élevés, aux fluoroquinolones (ciprofloxacine) parmi les isolats de Campylobacter provenant d’êtres humains. Dans certains pays, le rapport note que les niveaux de résistance sont parfois si hauts que les fluoroquinolones ne peuvent plus être utilisées pour traiter les cas graves de campylobactériose. Les résultats montrent aussi que plus du quart (28,3 %) des isolats humains de Salmonella étaient multirésistants aux fluoroquinolones. De plus, le rapport révèle des niveaux élevés de multirésistance (MDR) chez les isolats de Salmonella Typhimurium et de Salmonella Typhimurium monophasiques chez le porc. Parmi les isolats de Salmonella Typhimurium, 64,2 % de ceux de carcasses de porcs et 59,3 % de ceux des porcs à l’engrais étaient de type MDR. Concernant la deuxième bactérie, une multirésistance aux médicaments a été observé dans 77,2 % des isolats de carcasses de porc et 78,9 % de ceux de porcs à l’engrais. L’analyse a également révélé des niveaux élevés de multirésistance chez les isolats de Salmonella Typhimurium et de Salmonella Typhimuriummonophasiques provenant de porcs.

Favoriser l’approche “Une seule santé”

Parmi les isolats de Salmonella Typhimurium, 64,2 % provenaient de carcasses de porcs et 59,3 % de porcs en engraissement. Parmi les isolats monophasiques de Salmonella Typhimurium, le rapport observe une multirésistance dans 77,2 % des isolats de carcasses de porc et 78,9 % de ceux de porcs en engraissement. Cependant, la résistance combinée aux antimicrobiens d’importance critique était très faible à faible pour Salmonella et Campylobacter chez l’homme et chez l’animal, ainsi que pour l’indicateur E. coli chez l’animal. Parmi les autres résultats à noter, le rapport retient des niveaux élevés de résistance aux tétracyclines, au sulfaméthoxazole, à l’ampicilline et au triméthoprime chez E. coli, observés chez des porcs à l’engraissement et des veaux de moins de 1 an, ainsi que des taux de prévalence variables de β-lactamases à spectre élargi (BLSE) chez Salmonella et E. coli chez des bovins et des porcs, des porcs à l’engraissement et des veaux. Les autorités sanitaires indiquent par ailleurs que les politiques nationales ambitieuses de certains pays limitant l’utilisation d’antimicrobiens ont entraîné une diminution de la résistance aux antimicrobiens. « Ainsi, avant que les sonnettes d’alarme ne deviennent une sirène assourdissante, assurons-nous que nous agissons de plus en plus tous ensemble, dans tous les pays et dans les secteurs de la santé publique, de la santé animale et de l’environnement, dans le cadre de l’approche “Une seule santé”. »

1 bit.ly/2H04DrN.

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