Une pétition pour un étiquetage des viandes selon le mode d’abattage - La Semaine Vétérinaire n° 1799 du 24/02/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1799 du 24/02/2019

COURRIER

DITES-NOUS TOUT

Stéphane Cluseau (T 06), vétérinaire en Haute-Garonne, a récemment sollicité les politiques et a lancé une pétition demandant un étiquetage des viandes selon le mode d’abattage (avec ou sans étourdissement). Il a envoyé une lettre au président Emmanuel Macron, ainsi qu’à d’autres hommes politiques, afin de les interroger sur cette problématique. Nous publions des extraits de son courrier.

Je vous écris aujourd’hui afin de connaître votre avis, position et souhait de réforme future avec projets de loi concernant l’étiquetage des viandes et produits carnés selon leur mode d’abattage (avec ou sans étourdissement).

En mai 2016, en lisant un article paru dans La Semaine Vétérinaire, j’avais été surpris de la prise de position de M. Stéphane Le Foll, alors ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, qui déclarait : « Je ne suis pas favorable à l’étiquetage. » Par souci d’information du consommateur, il me semblerait que cet étiquetage offrirait une transparence, que notre société souhaite dans nombre de domaines, a fortiori dans le domaine du bien-être animal. Et cela permettrait au consommateur d’acheter librement et consciemment les viandes et produits carnés en sachant réellement comment l’animal a été abattu. C’est pourquoi, j’ai écrit en 2016 deux lettres à M. Stéphane Le Foll, lui demandant de m’expliquer les raisons pour lesquelles il n’était pas favorable à l’étiquetage des viandes et produits carnés selon leur mode d’abattage. M. Stéphane Le Foll n’a jamais répondu à aucune de ces deux lettres...

Pourtant, il me semble que ce sujet aborde des thématiques d’actualité, à savoir d’une part l’éthique animale et le respect du bien-être animal dans le mode d’abattage des animaux d’élevage destinés à la consommation, et d’autre part l’information et la transparence vis-à-vis des consommateurs, ces derniers étant souvent des “consomacteurs”.

Dans le cas de l’abattage sans étourdissement, l’animal ressent une douleur extrême lors de l’égorgement et surtout lors de la période qui suit l’égorgement (l’animal, toujours conscient, peut ressentir la douleur, l’inquiétude, le stress, la détresse), de plus l’agonie peut être très longue (plus de 2 minutes, jusqu’à 14 minutes…!!!). D’autre part, l’abattage sans étourdissement peut nuire gravement à la qualité sanitaire de ces viandes, entre autres causes : l’impossibilité matérielle de ligaturer l’œsophage des animaux qui ont été égorgés sans étourdissement peut gravement nuire à la salubrité des viandes. Lorsque l’animal est suspendu pour être éviscéré, des épanchements provenant des estomacs s’écoulent alors de la section béante de l’œsophage et peuvent souiller la carcasse, certains germes bactériens pouvant être très pathogènes pour l’homme et risquant d’être retrouvés dans des pièces de découpe (notamment le collier) ou dans des steaks hachés préparés avec celles-ci.

Bien évidemment, la liberté religieuse doit être respectée, cependant, elle ne doit pas entraver la liberté de conscience et la liberté de choix des millions de Français qui ne connaissent pas toute cette problématique. Si un Français souhaite consommer des viandes ou produits carnés d’origine animale venant d’animaux abattus sans étourdissement, il le peut (l’abattage rituel et les étiquetages halal et casher le lui permettent). En revanche, si un Français souhaite consommer des viandes ou produits carnés d’origine animale venant d’animaux abattus avec étourdissement, il ne le peut pas ! Les consommateurs mangent donc sans le savoir ni le vouloir de la viande pouvant provenir d’animaux qui étaient pleinement conscients lorsqu’ils ont été abattus...

Dans une société française du xxie siècle, ouverte, laïque, préoccupée par l’éthique et par la place qu’occupe l’animal, et souhaitant partager avec ses citoyens le maximum de transparence, afin que ce dernier puisse vivre et faire ses choix de vie et de consommation en toute liberté de conscience et d’information, il me paraît totalement anormal, amoral et désuet qu’un étiquetage des viandes et produits carnés selon leur mode d’abattage n’existe pas et qu’il ne soit pas débattu à nouveau dans le but de l’inscrire dans un prochain projet de loi, afin que le citoyen puisse choisir le mode d’abattage de l’animal qu’il va consommer selon ses propres choix.

Par conséquent, je vous sollicite afin de connaître votre point de vue sur cette question, votre avis, position et souhait de réforme future avec projets de loi concernant l’étiquetage des viandes et produits carnés selon leur mode d’abattage. »

La pétition est accessible via le lien : bit.ly/2H4g7L3.

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