Les zoos, un maillon dans la lutte contre la perte de biodiversité - La Semaine Vétérinaire n° 1799 du 24/02/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1799 du 24/02/2019

FAUNE SAUVAGE

ACTU

Auteur(s) : PIERRE DUFOUR  

Les missions des zoos ont évolué depuis leur origine, en donnant naissance à des centres scientifiques pour la préservation des espèces.

L’Agence régionale de la biodiversité en Île-de-France, créée l’année dernière, a pour rôle d’évaluer l’état de la biodiversité, d’identifier les priorités d’actions régionales, de diffuser les bonnes pratiques et de sensibiliser le public. À ce titre, elle a organisé une conférence sur le thème « Les zoos sont-ils utiles à la biodiversité ? », le 21 février à Paris. « L’International Union for Conservation of Nature (UICN) estime que 28 % des espèces ont une probabilité supérieure à 50 % de disparaître dans les cinq prochaines années », rappelle Michel Saint Jalme, maître de conférences au Muséum national d’histoire naturelle et directeur de la ménagerie du Jardin des Plantes. « Dans ce contexte, le muséum représente une collection de 78 millions d’exemplaires, mais il est avant tout un centre pédagogique et de sensibilisation. » La Ménagerie du Jardin des Plantes, quant à elle, a été créée à la fin du xixe siècle avec l’idée qu’il est nécessaire, pour accroître le savoir, d’associer collections mortes et vivantes. En 1960, 500 espèces y étaient présentes, puis après réduction de leur nombre au profit de l’espace, 167 sont recensées à l’heure actuelle. Progressivement, en réfléchissant à l’amélioration de l’habitat, à la compréhension des besoins des espèces, les zoos sont devenus des centres de conservation s’intéressant au comportement, aux interactions entre les animaux, à leur bien-être, aux écosystèmes, à l’écologie, etc.

Conserver in situ et préserver un patrimoine génétique

Les espèces peuvent être conservées in situ (parc, réserve naturelle, etc.), mais la survie de certaines d’entre elles est parfois difficile (destruction des habitats par l’activité humaine) et des méthodes alternatives, comme la conservation ex situ, sont alors indispensables pour leur survie. En 1985, des European endangered species programmes (EEP) ont été créées pour quatre espèces. Aujourd’hui, ils impliquent 44 pays et concernent 402 espèces (la Ménagerie abrite presque 50 d’entre elles), dont la réintroduction n’est pas toujours l’ambition première. Un autre rôle du zoo est de maintenir à long terme les potentialités évolutives des populations animales en captivité afin que la réintroduction de l’espèce dans le milieu naturel soit génétiquement viable. L’objectif est de préserver, avec une population initiale de 50 individus, dont les proportions génétiques sont proches de celles retrouvées dans la nature, 90 % de la variabilité génétique sur une période de 100 à 200 ans. Les zoos entretiennent également des banques de gènes (gonades, spermatozoïdes).

Soutenir des projets de conservation et fédérer autour d’eux

La World Association of Zoos and Aquariums (Waza) représente 1 200 zoos, attirant 700 millions de visiteurs par an, soit autant d’opportunités d’éduquer et de sensibiliser. « Et ceci est particulièrement important pour certains enfants qui n’ont plus de lien avec la nature, à l’heure de l’urbanisation massive », souligne le conférencier. En Europe, l’European Association of Zoos and Aquaria (EAZA) soutient des projets de conservation. L’an passé, cette aide concernait 375 espèces et s’élevait à 26 millions d’euros. « Nous développons des programmes d’élevages en lien avec une conservation en milieu naturel tout en sensibilisant les acteurs locaux. Leur adhésion et leur implication sont incontournables ! », conclut-il.

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