La profession face aux attentes - La Semaine Vétérinaire n° 1799 du 24/02/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1799 du 24/02/2019

SALON INTERNATIONAL DE L’AGRICULTURE

ACTU

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL 

Le SIA a été l’occasion de rappeler le rôle du vétérinaire dans le bien-être animal. L’apparition de l’élevage urbain soulève d’autres enjeux.

Des élevages en ville

L’agriculture urbaine investit le cœur des villes. Cette pratique, c’est la rencontre du monde rural et des citadins, comme la culture potagère sur les toits, mais pas seulement. Bien qu’encore peu développé, faute de place et d’équipement, l’élevage arrive aussi dans les villes (de poules et d’abeilles, notamment). C’est le cas notamment avec l’université de Villenateuse, en région parisienne, qui héberge une bergerie. D’autres initiatives émergent. La métropole du Grand Paris encourage de telles initiatives. La question de la gestion de la santé de ces animaux se pose, ainsi que l’incidence de ces pratiques sur la santé publique. De par son expertise, le vétérinaire est l’interlocuteur naturel pour répondre à ces enjeux. L’Association française d’agriculture urbaine professionnelle (Afaup) regrette, de son côté, le manque d’intérêt et d’implication de la profession sur ce sujet. Outre son rôle sanitaire, elle pourra profiter de l’essor de l’agriculture urbaine pour s’impliquer davantage dans la sensibilisation et l’accompagnement des éleveurs. Une réflexion serait alors à mener en matière de démographie et d’évolution de la formation vétérinaire.

LE VÉTÉRINAIRE, ACTEUR DU BIEN-ÊTRE ANIMAL

Quels sont les travaux menés actuellement par le ministère de l’Agriculture pour aider la profession vétérinaire à répondre aux enjeux de bien-être animal ?
Patrick Dehaumont, directeur de la Direction générale de l’alimentation :
Les animaux accidentés ne doivent pas être envoyés à l’abattoir s’il n’existe aucun moyen de leur épargner des souffrances en cours de transport : il n’est plus question de tirer un animal par un treuil dans un camion alors qu’il est blessé. S’il n’est pas possible de différer le départ, le temps de les remettre sur pied, il peut être envisagé d’abattre certains animaux accidentés sur leur lieu de détention : ces abattages doivent être réalisés sous supervision vétérinaire (examen clinique avant abattage) par des personnes reconnues compétentes en matière d’hygiène et de protection animale. L’animal saigné et éviscéré doit immédiatement être envoyé à l’abattoir pour inspection sanitaire et mise à la consommation éventuelle. Pour les cas où le report de transport et l’abattage sur place ne sont pas possibles, le ministère encourage les professionnels à mettre en place un système assurantiel, afin de limiter les pertes économiques liées à une euthanasie sans valorisation de la viande. En ce qui concerne les exportations nécessitant des transports de longue durée, les contrôles à différents stades ont été renforcés (préparation, chargement, contrôles a posteriori). La question du devenir des non-valeurs économiques est également à l’ordre du jour (veaux laitiers, chevreaux., etc.).

Clara Marcé, cheffe du bureau de la protection animale du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation :
Le ministère participe au développement de cellules opérationnelles départementales pour la détection et la prévention des risques de maltraitance animale. Il travaille par ailleurs sur le mandatement de vétérinaires, par exemple, pour expertiser des cas de maltraitance signalés. Enfin, dans le cadre de la stratégie nationale pour le bien-être animal, un projet de communication (articles et vidéos) sur les bonnes pratiques actuellement mises en œuvre en élevage par les professionnels va voir le jour prochainement.
Propos recueillis par Clothilde Barde

LA FORMATION, UN OUTIL À SAISIR

Comment l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) peut aider la profession vétérinaire à répondre aux nouveaux enjeux de l’agriculture ?
Le Salon international de l’agriculture a été l’occasion de lancer officiellement le master Global quality in European livestock production, coaccrédité par VetAgro Sup et l’université Clermont Auvergne, en partenariat avec Bordeaux Sciences Agro, l’université de Lorraine-École nationale supérieure d'agronomie et des industries alimentaires (ENSAIA) et l’Inra. Cette formation a pour objectif d’apporter aux étudiants et aux professionnels du secteur (agronomones, vétérinaires, ingénieurs, etc.) des connaissances pluridisciplinaires (sciences animales, développent territorial, sociologie, éthique, etc.) pour répondre aux enjeux actuels de l’élevage (évolution et critiques sociétales) en raisonnant la qualité des nouveaux systèmes de production animale dans les territoires.
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