Les vétérinaires exhortent à interdire l’abattage sans étourdissement - La Semaine Vétérinaire n° 1798 du 16/02/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1798 du 16/02/2019

ROYAUME-UNI

ACTU

Auteur(s) : BÉNÉDICTE ITURRIA  

Début février, la BVA et l’association de protection animale RSPCA ont demandé dans une lettre ouverte à leur gouvernement d’abroger une exemption légale qui permet d’abattre, à des fins religieuses, des animaux sans étourdissement préalable.

Dans cette missive1 conjointe adressée à Michael Gove, secrétaire d’état du département de l’environnement, de l’alimentation et des affaires rurales (Defra), le 1er février, la British Veterinary Association (BVA) et la Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals (RSPCA) ont rappelé les raisons d’une telle demande : «   Des preuves scientifiques indiquent clairement qu’un abattage sans étourdissement préalable peut causer des souffrances inutiles. Le niveau de contrainte requis pour immobiliser un animal, exposer sa gorge et effectuer une entaille du cou efficace est généralement supérieur à celui nécessaire pour un abattage conventionnel. Lorsque la coupe du cou est effectuée, cela déclenche un torrent d’informations sensorielles vers le cerveau de l’animal conscient. L’étourdissement avant l’abattage garantit que les animaux sont inconscients et ne ressentent donc pas de douleur, ou ne souffrent pas inutilement. Par conséquent, nous demandons au gouvernement britannique de retirer du règlement sur le bien-être des animaux la dérogation autorisant des souffrances inutiles aux animaux au moment de la mise à mort. Tous les animaux devraient être étourdis avant l’abattage, sans aucune exception.   »

Pour une législation renforcée

En attendant qu’une telle législation soit en place, la RSPCA et la BVA demandent au gouvernement de prendre les mesures suivantes :

- un étourdissement post-jugulation immédiat pour les bovins, les moutons, les chèvres et les cerfs afin de réduire la période de douleur et d’anxiété ;

- un renforcement de la législation pour garantir que l’offre de viande issue de l’abattage sans étourdissement suffise uniquement à la demande des communautés religieuses locales que la dérogation est censée servir ;

- une interdiction d’exporter de la viande provenant d’animaux non étourdis ou d’animaux vivants destinés à un abattage non conventionnel. Cette exportation doit être interdite en tant que pratique contraire à l’esprit de la dérogation en vigueur (visant à fournir des aliments destinés à la consommation des communautés religieuses du Royaume-Uni) ;

- l’introduction d’un étiquetage précisant la méthode d’abattage pour informer clairement le consommateur ;

- la nécessité d’une plus grande transparence sur la question de l’abattage sans étourdissement. Il est pour cela demandé à la Defra de publier le rapport2 basé sur une enquête exhaustive de la Food Standards Agency (FSA), qui fournit des détails sur le nombre d’animaux abattus de façon non conventionnelle en Angleterre et au pays de Galles, et sur les exportations.

Un rapport enfin publié

Cette lettre ouverte a eu le mérite de faire réagir les pouvoirs publics britanniques, qui ont exaucé au moins l’un des souhaits des deux associations en publiant, le 14 février, le rapport tant attendu. Pour cette enquête menée par les vétérinaires officiels basés dans les abattoirs, le taux de retour de l’ensemble des sites d’abattage a été de 100 %.

Ces chiffres ont révélé que plus de 94 millions de bovins, d’ovins et de volailles ont été abattus en 2018 sans avoir été préalablement étourdis en Angleterre et au pays de Galles. Les données de l’enquête ont également révélé que près du quart (24 %) de la viande de mouton n’avait pas été étourdie avant son exportation. Cela équivaut à environ 750 000 moutons abattus sans étourdissement par an pour être consommés en dehors du marché intérieur. Si la majeure partie de cette viande est destinée aux marchés de l’Union européenne, 19 % a été déclarée comme étant exportée vers des destinations “inconnues”.

Ce rapport n’a fait que renforcer la conviction de Simon Doherty, président de la BVA : «   Nous sommes fermement convaincus que tout abattage sans étourdissement devrait être interdit au Royaume-Uni afin de réduire les dommages causés au bien-être animal. Cependant, en attendant, le gouvernement doit prendre des mesures pour mettre fin à l’exportation de viande non étourdie. Permettre cette pratique est en contradiction avec la législation visant à se limiter à la demande nationale.   »

1 bit.ly/2t25H5E.

Il est possible de signer cette lettre en ligne sur rspca.org.uk/endnonstun ou de se joindre au débat sur les réseaux sociaux à l’aide du hashtag #EndNonStun.

2 bit.ly/2SSqurC.

Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr