La permanence et continuité des soins - La Semaine Vétérinaire n° 1798 du 16/02/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1798 du 16/02/2019

PROFESSION

ÉCO GESTION

Auteur(s) : JULIEN BUQUET  

La permanence et continuité des soins est un sujet d’importance dans le quotidien des confrères. Le conseil régional de l’Ordre des vétérinaires de Nouvelle-Aquitaine et des collectivités d’outre-mer a dévoilé les résultats d’une enquête réalisée au moyen d’un questionnaire diffusé à tous les vétérinaires de la région. Plusieurs tendances apparaissent.

Sujet d’interrogations, de crispations, voire de mal-être au sein de la profession, la permanence et continuité des soins (PCS) a été déclarée cause ordinale 2018 par Jacques Guérin, le président du Conseil national de l’Ordre des vétérinaires, lors de ses vœux. C’est dans ce cadre que le conseil régional de l’Ordre de Nouvelle-Aquitaine et des collectivités d’outre-mer (COM) a pris une initiative originale sous forme d’un sondage en ligne réalisé par ses soins et diffusé à tous les vétérinaires de la nouvelle région. Le but de cette enquête, qui comporte des questions à choix multiple et laisse également de la place aux réponses libres, était de faire ressortir les problématiques et les attentes des vétérinaires de la région concernant les modalités d’organisation de cette PCS.

Un fort sens du devoir couplé à un sentiment de pénibilité

En tout, plus de 700 vétérinaires ont répondu à ce sondage. La participation est représentative de la population vétérinaire régionale en matière de répartition par sexe, âge et modalités d’exercice de la profession. Ces particularités en on fait un outil particulièrement bien exploitable d’un point de vue statistique. Les réponses ont été analysées par bassin de vie et non par département, afin de mieux faire ressortir les spécificités territoriales.

En ce qui concerne l’organisation pratique de cette PCS, une majorité de vétérinaires (environ 88 %) assure ses gardes au sein même de sa structure ou à l’aide d’un service organisé avec ses voisins de clientèles (33 %). 12 % des vétérinaires interrogés se plaignent de devoir assurer les urgences pour des confrères qui ne proposent aucune solution à leurs clients. La gestion des appels se fait dans 83 % des cas directement sur le téléphone du vétérinaire d’astreinte, que ce soit avec ou sans filtrage par répondeur. L’utilisation de plateformes de filtrage est encore minoritaire (9,5 %). Plus surprenant, lorsque la PCS d’une structure est assurée par une autre, dans près de 55 % des cas, cette collaboration se fait sans convention ni contrat. Lorsqu’un contrat est signé, celui-ci est rémunéré dans seulement 2,9 % des cas et 54 % des vétérinaires interrogés ignorent qu’une convention peut l’être.

En matière de rémunération, la consultation d’urgence est majorée mais pas les actes, dans 76 % des cas, et la facturation est la même quelle que soit la provenance du client, pour 82 % des répondants. Près d’un vétérinaire sur trois pense qu’assurer ses gardes reste rentable, ce qui est également sujet à discussion.

Une question récurrente dans le débat sur la PCS est le temps de trajet acceptable pour des propriétaires dont l’animal doit être vu en urgence. La question a été posée en termes de durée et non de distance, car cela semble plus adapté, les temps de trajets étant différents pour une même distance en fonction de l’état des routes et de la circulation. Une grande partie des répondants (45 %) a indiqué que 30 minutes était le délai le plus raisonnable.

Un déséquilibre entre vie professionnelle et vie personnelle

L’enquête s’est également penchée sur le ressenti des praticiens, afin de mieux cerner les critères de satisfaction et les problématiques personnelles de cette PCS. Les points positifs les plus fréquemment relevés mettent en avant la notion de bien-être animal et le sentiment pour le praticien d’accomplir son devoir. Concernant les difficultés soulevées, près de 77 % des personnes interrogées pointent un déséquilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, et 67,5 % évoquent un sentiment de corvéabilité. Les impayés, les difficultés de recrutement et l’agressivité du public ont été aussi signalés parmi les critères de pénibilité dans l’organisation de la PCS.

Le dernier volet du questionnaire était dédié aux animaux errants et à la faune sauvage. Il a fait ressortir le manque de communication des mairies pour 87 % des vétérinaires ayant répondu au sondage, associé à une impossibilité à joindre les services concernés en dehors des horaires d’ouverture.

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