DIVAGATIONS - La Semaine Vétérinaire n° 1798 du 16/02/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1798 du 16/02/2019

FILM

DITES-NOUS TOUT

Auteur(s) : MICHEL BERTROU  

Bêtes blondes s’ouvre sur un personnage s’éveillant en pleine nature auprès des restes d’un pique-nique dont il ne se rappelle plus une miette. Fabien – dont on va découvrir que la mémoire se réinitialise à chaque fois qu’il s’endort et le condamne ainsi, entre stupeur et indifférence, à un perpétuel présent – nous entraîne dans des pérégrinations extravagantes, qui dévoileront peu à peu qu’il est en réalité prisonnier de son passé. Alors qu’il était la star d’une série télé éphémère dans les années 1990, il a vécu un terrible traumatisme qu’il noie depuis dans l’oubli et l’alcool, mais que sa rencontre avec un jeune homme bouleversé par un drame comparable va doucement faire resurgir. On croise beaucoup d’animaux (réels ou allégoriques) dans ce conte moderne qui divague à la manière des rêves, cultive l’enchantement par l’outrance des artifices… et s’agrémente d’un humour très noir (une tête coupée s’y promène). Tourné en 4/3, format historique de la télévision, cet improbable road-movie, qui cherche moins à convaincre le spectateur qu’à l’inviter à se laisser porter par la fantaisie de son récit, suit son protagoniste comme un animal curieux pour finalement explorer, de manière poétique, l’anéantissement de l’identité et l’immense douleur auxquelles nous sommes confrontés avec la perte de l’être aimé. Si le surréalisme de la mise en scène n’a pas la densité de celui des films de Buñuel ou de Ruiz, il a l’intérêt de la fraîcheur et de ne se conformer à rien de ce qui se fait.
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Bêtes blondes de Maxime Matray et Alexia Walther, avec Thomas Scimeca, Basile Meilleurat, Agathe Bonitzer, France, 1 h 42, sortie le 6 mars.

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