Vers un usage des pesticides plus encadré ? - La Semaine Vétérinaire n° 1796 du 03/02/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1796 du 03/02/2019

ABEILLES

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON 

L ’ Anses recommande de durcir la réglementation relative aux modalités d’évaluation et d’utilisation des produits phytopharmaceutiques, afin de mieux protéger les pollinisateurs.

Saisie le 15 juin 2018, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) devait évaluer le cadre réglementaire définissant les modalités d’utilisation des produits phytopharmaceutiques, « à la lumière des nouvelles données scientifiques », le but étant « d’améliorer la protection des abeilles et des autres pollinisateurs ». Sa conclusion1 : appliquer les recommandations déjà émises dans un précédent avis de 20142, et continuer à durcir le cadre réglementaire. Ainsi, le 31 mars 2014, l’Anses proposait que les produits faisant l’objet d’une dérogation3 à l’interdiction de traitement pendant les périodes de floraison et/ou de production d’exsudats ne puissent être appliqués « qu’après l’heure du coucher du soleil telle que définie par l’éphéméride et dans les trois heures suivantes, dans des conditions permettant d’assurer la sécurité et la santé des opérateurs ». Cette condition permettait de « garantir un délai suffisant entre l’application et le début de l’activité de butinage des abeilles domestiques ». Avec la nouvelle saisine, l’agence propose d’élargir la liste des produits susceptibles de faire l’objet d’une dérogation. En effet, cette dernière, définie par l’arrêté du 28 novembre 2003, ne s’applique qu’aux insecticides et aux acaricides. Aussi, l’Anses propose d’inclure désormais les herbicides, les fongicides et les produits à base de micro-organismes. à noter qu’elle recommande aussi que les produits à base de micro-organismes soient pris en compte dans les dispositifs de surveillance.

Renforcer l’évaluation des produits

L’agence conseille de rendre obligatoire les tests évaluant les effets à long terme sur le couvain (méthode de toxicité larvaire en exposition répétée) pour toute demande de dérogation, en incluant les produits déjà autorisés et les substances systémiques en pulvérisation avant floraison ou en traitements de semences. De la même manière, elle recommande d’évaluer les effets d’une intoxication chronique autre que sur le développement du couvain, ainsi que ceux sur le long terme consécutifs à une exposition aiguë ou sur le comportement. En particulier, elle précise que les insecticides avec un mode d’action ciblant le système nerveux central devraient faire l’objet du test de retour à la ruche. Enfin, des tests de toxicité aiguë orale et par contact pour les bourdons seraient à envisager systématiquement lors d’une demande de dérogation.

À la suite de cette publication, les autorités ont annoncé la création d’un groupe de travail pour la protection des pollinisateurs. Son objectif : « Définir les mesures permettant de limiter les risques liés aux produits phytosanitaires pour les pollinisateurs, tout en prenant en compte les contraintes techniques pour les agriculteurs. »

1 bit.ly/2tkalvC.

2 bit.ly/2WXSSaj.

3Les dérogations reposent sur l’intérêt potentiel agronomique et sur des études d’évaluation de toxicité du produit sur l’abeille fournies par le laboratoire, en plus de celles demandées par la réglementation européenne.

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