Réalisation d’un prélèvement urinaire et sanguin chez un petit mammifère - La Semaine Vétérinaire n° 1796 du 03/02/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1796 du 03/02/2019

CONFÉRENCE

PRATIQUE CANINE

Formation

Auteur(s) : PIERRE DUFOUR 

De par la petite taille et les particularités anatomiques des petits mammifères, les techniques de prélèvement peuvent différer de celles des carnivores domestiques.

Prélèvement urinaire

Trois méthodes sont possibles : récupérer l’urine produite par l’animal, réaliser un taxis externe de la vessie ou une cystocentèse.

- Récupérer de l’urine fraîche est difficile, car un substrat est souvent utilisé au fond de la cage. En hospitalisation, cela est permis par un caillebottis, bien que l’urine puisse être contaminée et fausser les résultats des analyses (en particulier bactériennes).

- Réaliser un prélèvement par taxis externe est facile chez le furet et le lapin (une tranquillisation est parfois nécessaire), mais pour les animaux plus petits, elle peut être dangereuse, la paroi vésicale étant fragile. La contamination de l’urine est possible au contact des poils.

- Pour toutes les espèces, si la vessie est assez remplie, la technique recommandée est la cystocentèse, idéalement échoguidée, sous sédation ou anesthésie flash, avec une aiguille de petit diamètre (25 gauges). L’urine peut être contaminée par des traces de globules rouges, dues à la perforation de la paroi vésicale.

Prélèvement sanguin

Préparation

Afin de limiter le stress, les manipulations sont réalisées rapidement et calmement. Pour éviter toute blessure de l’animal ou du manipulateur, la contention est essentielle. Elle peut être mécanique, avec une serviette, ou si non supportée, chimique, grâce à une sédation (midazolam et butorphanol) ou une anesthésie générale (isoflurane ou sévoflurane).

Volume

Le prélèvement ne doit pas excéder, en millilitre, plus de 1 % du poids en gramme, soit un maximum de 10 ml pour un lapin de 1 kg. Il est réalisé avec une aiguille de 25 gauges et une seringue de 1 ou 2 ml.

Sites de ponction

La veine céphalique, sur la face craniale du radius, est utilisable (sauf chez le cobaye où elle est plus latérale et tortueuse). Son faible diamètre et son emplacement, proche de la gueule, rendent le prélèvement difficile sans sédation ou anesthésie, et la conserver pour un cathéter est conseillé.

La veine jugulaire a un diamètre suffisant pour prélever des volumes permettant un examen sanguin complet. L’animal est positionné en décubitus sternal, au bord de la table d’examen, la tête en hyperextension, et les membres antérieurs tendus vers le bas. Il est rare de la sentir, le prélèvement se fait alors grâce à une ligne virtuelle définie par l’axe articulation temporomandibulaire-articulation de l’épaule. Le stress occasionné peut nécessiter une sédation. Cette technique est couramment utilisée chez le furet et le lapin.

L’oreille du lapin possède plusieurs vaisseaux sanguins prélevables, en particulier chez les béliers et ceux de grande taille (plus de 3 kg). Il s’agit des artères auriculaires, au milieu du cartilage auriculaire sur la face externe (pour le dosage des gaz sanguins), et des veines marginales auriculaires, sur la face externe du pavillon en parties rostrale et caudale. Une bonne compression de l’artère auriculaire (artère terminale) prévient le risque de nécrose de la pointe de l’oreille. Les veines auriculaires marginales sont plutôt préservées pour les cathéters. La veine saphène externe est préconisée pour une ponction veineuse chez le lapin, et est aussi utilisée chez d’autres espèces. L’animal est positionné en décubitus latéral. Une main maintient le thorax, une autre le bassin, tout en réalisant une compression à la base du membre postérieur qui n’est pas en contact avec la table.

La veine saphène externe est palpée en regard du muscle gastrocnémien. Elle est superficielle et, chez le lapin, prélever 1 ml de sang est aisé.

La veine cave craniale est la veine accessible de plus fort diamètre. C’est la technique de choix chez le furet. L’animal est positionné en décubitus dorsal avec la tête présentée par l’aide vers celui qui prélève. L’aiguille, de 25 gauges, montée sur une seringue de 1 ou 2 ml, est insérée à la jonction entre le manubrium sternal et la première côte, avec un angle de 45°, la pointe dirigée vers la hanche opposée. Sur les lapins et les rongeurs, une anesthésie flash est recommandée, car la contention est stressante, et leur thorax étant beaucoup moins long que celui du furet, si l’animal bouge, il existe un risque de léser le myocarde.

Charly Pignon Diplomate ECZM-Small mammals, chef du service NAC à l’ENVA. Article rédigé d’après une présentation faite au congrès de l’Afvac à Nantes (Loire-Atlantique), en novembre 2017.

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