Le diagnostic différentiel du prurit chez le cheval - La Semaine Vétérinaire n° 1796 du 03/02/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1796 du 03/02/2019

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : MARINE NEVEUX 

Quelle que soit l’espèce, la démarche face à un prurit est la même, et elle mérite de rester rigoureuse car de nombreux diagnostics sont possibles. Afin d’établir un diagnostic, il convient de réaliser une anamnèse, le recueil des commémoratifs, un examen général, un examen dermatologique et l’évaluation du type lésionnel. Un bilan et des hypothèses en ressortent, puis les examens complémentaires sont réalisés.

Des points clés sont aussi à prendre en compte, comme l’âge, le mode de vie, l’environnement, la saisonnalité.

Il existe un effet de seuil de prurit : pour un même prurit, certains animaux se démangeront, d’autres non. En outre, un effet de sommation est également observé : plusieurs dermatoses concomitantes peuvent donc être à l’origine de démangeaisons chez l’animal.

L’examen dermatologique s’attache à répondre à plusieurs questions : quelles sont les lésions présentes ? Quelle est leur localisation ? Y a-t-il du prurit ?

Les examens complémentaires incluent la trichoscopie, le raclage, le brossage, le test au ruban adhésif, la cytologie.

Par ordre décroissant de fréquence, voici les différentes hypothèses qu’il va convenir d’exclure ou de motiver comme cause de prurit.

Ectoparasites, infections bactériennes, dermatophytoses

Culicoïdes, stomoxes, mouches, taons, simulies : les parasites peuvent engendrer des démangeaisons même en dehors de tout contexte d’hypersensibilité.

Phtirioses : les poux sont fréquents dans les causes de prurit et beaucoup plus présents quand il commence à faire froid (associés au confinement des chevaux dans des conditions sanitaires mauvaises).

Gales : la plus fréquente est la gale chorioptique, avec des facteurs prédisposants (races lourdes et période hivernale). La gale psoroptique et la gale sarcoptique ne sont normalement plus présentes en France, mais des suspicions demeurent.

D’autres parasites sont envisageables : dermatite à Dermanyssus, à hypopodes et à Trombicula.

Il convient aussi de penser à l’onchocercose et aux oxyures (prurit localisé à la base de la queue).

Les infections bactériennes et la teigne peuvent aussi engendrer un prurit, même si, majoritairement, les dermatophytoses ne sont pas prurigineuses.

Allergies

L’allergie est une cause fréquente de prurit. La dermatite estivale récidivante des équidés (Dere) est majoritairement responsable de dermatose par hypersensibilité chez les chevaux. Plusieurs espèces de culicoïdes en sont à l’origine, d’autres insectes pouvant participer à l’entretien de l’allergie. Les lésions incluent prurit, papules, croutes, alopécie, épaississement de la peau. Elles se localisent surtout au niveau de la ligne de dessus du corps (encolure, garrot, croupe et base de la queue). La saisonnalité est un facteur prédisposant. Le diagnostic de la Dere est majoritairement clinique, car la difficulté est d’obtenir des extraits de culicoïdes.

La dermatite atopique équine est bien moins fréquente. Les régions les plus concernées sont : face, encolure, dos, queue et membres.

L’allergie alimentaire se traduit soit par un prurit, soit par une urticaire ou par les deux. Certains animaux associent Dere et dermatite atopique. Y a-t-il de la dermatite atopique liée aux trophallergènes ? C’est une vraie interrogation. La seule méthode diagnostique pour mettre en évidence une dermatite allergique alimentaire est un régime d’exclusion pendant plusieurs semaines, puis une réintroduction de l’allergène.

Maladies immunitaires, troubles nerveux, maladies systémiques

Le pemphigus foliacé, qui est la maladie immunologique la plus fréquente chez le cheval, reste rare. Il peut entraîner un prurit avec des lésions, surtout de croûtes sur la face et les membres. Des cas de prurit peuvent être décrits lors de névrites. Enfin, un prurit peut être associé à certaines maladies systémiques : dermatite éosinophilique systémique, prurit paranéoplasique, troubles du comportements. Ces cas restent faibles en fréquence.

Vincent Bruet Enseignant à Oniris, Nantes (Loire-Atlantique). Article rédigé d’après une présentation faite lors des journées annuelles de l’Avef à Bordeaux (Gironde), le 8 novembre 2018.

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