Erreurs médicales : accroître la sensibilisation - La Semaine Vétérinaire n° 1796 du 03/02/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1796 du 03/02/2019

PROFESSION

ACTU

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL 

Une étude menée auprès de trois structures vétérinaires américaines démontre la prépondérance des erreurs médicamenteuses.

Erreur de dosage, d’identité du patient, mauvais membre opéré… Les erreurs médicales font régulièrement l’objet d’articles dans la presse grand public. Une étude1 publiée le 5 février réalisée par des chercheurs du Département des sciences cliniques de l’université Cornell (états-Unis) et des spécialistes vétérinaires américains s’intéresse aux erreurs en médecine vétérinaire. Elle recense les incidents les plus fréquemment signalés par le personnel de trois structures vétérinaires : un hôpital universitaire pour petits animaux, un hôpital universitaire pour grands animaux et un hôpital privé d’urgence et de référés. Le but de ce travail était de déterminer le type et la gravité des erreurs médicales commises dans ces structures. Les auteurs partent d’un constat : s’il est établi qu’en médecine humaine, les erreurs médicales sont l’une des principales causes de mortalité, les erreurs en médecine vétérinaire, rarement étudiées, sont de nature et de fréquence mal connues.

La mauvaise dose

Pour cette étude, les personnels mais aussi des étudiants des trois structures vétérinaires ont accepté de déclarer en ligne les incidents médicaux constatés dans leur pratique. Les signalements ont été classés dans les catégories suivantes : erreurs liées aux médicaments, aux substances iatrogènes, à une mauvaise communication, aux laboratoires, à la supervision, au personnel ou aux équipements. Dans tous les hôpitaux participant à l’étude, les erreurs liées aux médicaments ont été les incidents les plus fréquemment signalés, suivies des erreurs de communication. Les erreurs de laboratoire, celles de personnel et d’équipement se sont révélées rares. Les erreurs médicamenteuses ont été dues le plus souvent à l’administration de la mauvaise dose du médicament. Concernant les erreurs de communication, qui arrivent après les erreurs de posologie, il n’y a pas de différence significative entre les hôpitaux. Dans la plupart des cas, les incidents signalés n’ont causé aucun préjudice aux patients. «   Cependant, de nombreux événements évités de justesse peuvent potentiellement entraîner une morbidité ou une mortalité significative   », indique l’étude. La fréquence des fautes graves causant des blessures ou la mort est faible, avec moins de 2 % des incidents signalés.

épuisement émotionnel

Selon les auteurs, il est important de produire des enquêtes sur l’ensemble de ces incidents vétérinaires, qu’ils aient pour effet d’entraîner des dommages ou non, d’abord dans un but d’amélioration des services. Par ailleurs, l’étude remarque que les erreurs dans les hôpitaux d’enseignement vétérinaires présentent une plus forte probabilité de ne pas être détectées avant d’atteindre le patient et sont plus susceptibles de causer des dommages. «   Il est dans la nature des hôpitaux d’enseignement de compter un grand nombre d’étudiants et de membres du personnel débutant. Ils sont peut-être moins familiarisés avec les politiques de sécurité et moins expérimentés   », rappellent les auteurs. Leurs conclusions mettent en avant l’importance de reconnaître non seulement le préjudice causé au patient et son effet sur la réputation d’un hôpital, mais également son impact émotionnel sur ceux qui se sentent responsables de l’incident. «   Il a été démontré que les erreurs médicales contribuent de manière significative à l’épuisement émotionnel chez les professionnels de la santé, et les vétérinaires ont signalé leur effet négatif sur leur confiance en leur pratique   », souligne l’étude. Pour les chercheurs, de nombreuses erreurs peuvent être évitées. Ils proposent notamment d’accroître la sensibilisation et la recherche sur les erreurs médicales en médecine vétérinaire, ainsi que la mise en place d’une évaluation régulière des données disponibles au moyen de systèmes de signalement et de comités de révision des incidents. Ils ajoutent qu’il est essentiel que les structures disposent de structures donnant la possibilité aux vétérinaires d’admettre leurs erreurs tout en étant accompagnés, sans oublier la dimension de l’attention aux patients, dans une démarche renouvelée de communication avec leurs clients.

1 bit.ly/2SNXIHE

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