Devoir d’innover ? - La Semaine Vétérinaire n° 1796 du 03/02/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1796 du 03/02/2019

Edito

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL 

Alors innove ou n’innove pas ? Les entreprises de la santé animale jouent le jeu de l’innovation. Au cours des 10 dernières années, elles ont mis sur le marché tous les ans au moins une innovation plutôt majeure et, en moyenne, 10 nouveaux médicaments. La dynamique est constante, répondant ainsi aux multiples défis lancés par un monde toujours plus connecté et sans frontières. Les industriels ont démontré leurs capacités à proposer des innovations “révolutionnaires”. Dans ce secteur, les nouveautés possibles paraissent aussi multiples que les besoins à couvrir. Et si l’innovation y était sans fin ? La seule barrière pourrait être les freins posés par la société elle-même. Des exemples multiples d’innovations techniques suscitent des controverses vives tant dans le monde scientifique qu’auprès de l’opinion publique. Serions-nous prêts à voir sur le marché un animal génétiquement modifié, plus résistant à certaines maladies ? Le contexte sociologique actuel ne permettrait sans doute pas d’aborder cette question sans un débat des plus musclés. Les scénarios catastrophes, dignes d’une production de l’un des plus grands experts du box-office, construiront en partie la doxa alors en vigueur. Le succès international de la série Black Mirror témoigne d’ailleurs d’une dualité entre une volonté de préserver des valeurs et la maîtrise d’un avenir encore flou. Pourtant, c’est à son innovation que l’homme doit sa survie. Drôle d’antagonisme. Yuval Noah Harari, auteur du best-seller Sapiens, une brève histoire de l’humanité, considère que l’Homo sapiens est l’espèce qui domine le monde du fait de sa capacité à construire des coopérations massives et flexibles. Il aurait réussi à dominer les espèces les plus intelligentes telles qu’Homo neanderthalensis. Dans la suite de cet ouvrage, intitulée Homo deus, une brève histoire de l’avenir, le futur de l’humanité est dépeint comme plus sombre. L’humain est dominé par ses propres excès. Le monde rime avec vitesse et intelligence artificielle. L’homme de demain sera quasi-immortel et deviendra avec le temps un Homo deus. Son sens de l’innovation ne semble plus avoir de pédales de frein, et ce au détriment de son propre bonheur. Pourtant, une autre voie est possible. Celle de la juste innovation : innover juste ce qu’il faut. Encore faut-il prendre le tournant au bon moment. ●

Lire pages 40 à 46 de ce numéro.

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