Comment prendre en charge la faune sauvage en clinique - La Semaine Vétérinaire n° 1796 du 03/02/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1796 du 03/02/2019

CONFÉRENCE

PRATIQUE CANINE

Formation

Auteur(s) : TANIT HALFON  

Lorsqu’un particulier découvre un animal sauvage blessé, son premier réflexe est souvent de l’amener chez son vétérinaire. Dans ce contexte, ce dernier a tout intérêt à le recevoir. D’une part, le code de déontologie indique que face à « un animal malade ou blessé, qui est en péril, d’une espèce pour laquelle il possède la compétence, la technicité et l’équipement adapté, ainsi qu’une assurance de responsabilité civile professionnelle couvrant la valeur vénale de l’animal, il s’efforce, dans les limites de ses possibilités, d’atténuer la souffrance de l’animal et de recueillir l’accord du demandeur sur des soins appropriés ». D’autre part, transférer immédiatement l’animal vers le centre de soins le plus proche peut parfois retarder sa prise en charge médicale. De fait, une gestion initiale en clinique est souhaitée, permettant aussi de faciliter le travail du centre de soins par la suite. De plus, le praticien y gagnera en satisfaction personnelle et contribuera à renforcer la bonne image de la profession.

En cas d’impossibilité, il convient de référer l’animal au centre de soins le plus proche. Pour ce faire, le praticien a tout intérêt à lister en amont les centres à proximité de sa structure, en s’informant sur leur capacité d’accueil, le type d’animaux qu’ils reçoivent (espèces, statut protégé ou nuisible), les soins qu’ils peuvent effectuer et les modalités possibles de transfert.

Déterminer l’urgence

La prise en charge débute par le recueil de l’anamnèse et des commémoratifs. La date, le lieu et les circonstances de la découverte doivent être notés. De plus, il est impératif de vérifier de quelle espèce il s’agit. Le vétérinaire procède ensuite à un examen clinique le plus rapide et efficace possible. En effet, les animaux sauvages sont particulièrement stressés par la capture, le transport et l’examen clinique, ce qui peut aboutir à une mort subite. Pour gagner de précieuses minutes, le praticien doit préparer son matériel d’examen à l’avance. Dans un premier temps, un examen général à distance est préconisé, des symptômes pouvant être cachés par la contention. Il consiste à contrôler l’aspect du contenant ayant servi au transport (présence de déjections, de sang, etc.), à caractériser l’état de vigilance de l’animal, sa posture (tête, membres) et à observer une éventuelle détresse respiratoire. Dans un deuxième temps, le praticien procède à un examen rapproché, afin d’évaluer rapidement son état général et de juger s’il est nécessaire de le stabiliser avant d’aller plus loin (oxygéner, réhydrater, réchauffer). Il consiste à peser l’animal et à vérifier ses constantes vitales, son embonpoint, son état d’hydratation et la coloration de ses muqueuses. Si l’état général de l’animal le permet, un examen approfondi peut ensuite être réalisé. Cette étape aboutira soit au relâcher direct de l’animal (lors de traumatisme léger ou de capture inappropriée), soit à une euthanasie (en cas de pronostic vital très engagé, de pronostic de relâcher compromis ou d’absence de possibilité de transfert), soit à une prise en charge plus poussée. Pour ce qui est du relâcher, il est possible de redéposer un juvénile capturé inutilement à l’endroit où il a été trouvé dans un délai de 24 heures.

Procéder aux premiers soins avant transfert

La gestion de la douleur est primordiale dans la prise en charge d’un animal sauvage blessé. Elle passe par la mise en place d’une analgésie médicamenteuse, d’une mise en confort (réchauffement) et par la pose de pansements si besoin. Une fluidothérapie s’avère souvent nécessaire. De plus, une antibiothérapie précoce peut être envisagée lorsque les blessures sont liées à une attaque animale. L’association amoxicilline-acide clavulanique est alors préconisée.

Passée cette étape d’urgence, soit l’animal est transféré directement vers un centre de soins, soit la prise en charge médicale s’effectue à la clinique. Si le cas le nécessite, il est possible pour le praticien d’envisager une intervention chirurgicale. Lorsqu’une hospitalisation temporaire est décidée, les conditions suivantes sont à respecter : limiter les contacts avec l’animal, sources de stress et d’imprégnation ; isoler l’animal, un portage de pathogènes restant possible ; et proposer un logement et une alimentation adaptés. Pour le logement, attention aux cages qui ne conviennent pas aux oiseaux, leurs plumes pouvant se frotter aux barreaux, créant ainsi des zones de fragilité : un carton solide de bonne taille est encore le plus adapté. Pour l’alimentation, chaque espèce a des besoins spécifiques, mais à très court terme, un aliment pour carnivores peut être proposé. Dans tous les cas, transférer au final l’animal vers un centre de soins reste une obligation légale, qui se justifie par le volet alimentaire, le logement, la spécificité de certaines prises en charge et, surtout, la phase finale de réhabilitation.

LES SOINS ET LE TRANSPORT DE LA FAUNE SAUVAGE SONT RÉGLEMENTÉS

Cécile Le Barzic Assistante hospitalière au centre d’accueil de la faune sauvage (Cedaf) de l’ENVA . Articlé rédigé d’après une présentation faite lors d’une soirée organisée par le Syndicat des vétérinaires de la région Paris Île-de-France (SVRP), en novembre 2018.

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