Traitement par ostéopathie d’un syndrome vestibulaire chez un chaton

Présentation du cas

Anamnèse, examen

Une chatte de 3 mois est présentée pour troubles de l’équilibre, prostration et déformation de la boîte crânienne, traitée avec des anti-inflammatoires sans succès. L’ataxie est très handicapante. L’euthanasie est envisagée si les séances d’ostéopathie, qui motivent la consultation en référé, ne donnent rien.

L’animal présente une ataxie marquée, avec une hypermétrie des membres et une augmentation du polygone de sustentation. Une déformation de la boîte crânienne et un nystagmus horizontal sont aussi notés. Le port de tête est bas et le chaton n’arrive pas à la redresser.

L’examen ostéopathique en résilience (pression manuelle testant la viscoélasticité des tissus) met en évidence une dysfonction en flexion de la symphyse sphéno-basilaire (SSB), une fixation bilatérale des sutures osseuses temporo-pariétales et une articulation C0-C1 en extension.

Diagnostic

Ce tableau clinique (syndrome vestibulaire, baisse de vigilance, nystagmus) est un signe d’atteinte nerveuse classiquement associé à une hypertension crânienne, qui serait liée ici à la dysfonction de la SSB. Le diagnostic différentiel inclut une craniosténose (soudure précoce des sutures osseuses du crâne) entraînant une hypertension crânienne, une hydrocéphalie, un œdème cérébral ou une masse intracrânienne.

Les propriétaires n’ayant pas les moyens pour un scanner, il est décidé de mettre en place un traitement ostéopathique et d’en observer les résultats.

Traitement

Un travail est réalisé en motilité sur les sutures crâniennes, associé à un traitement myotensif structurel sur l’articulation C0-C1, et une compression du 4^e ventricule (CV4).

Au total, quatre séances sont effectuées en 1 mois. En fin de traitement, la déformation crânienne est moins visible, le nystagmus a disparu dès la première séance, le chaton ne présente plus d’ataxie et joue beaucoup.

Discussion

À la naissance, les os du crâne ne sont pas encore soudés. Il existe, entre les parties osseuses, des membranes cartilagineuses molles qui se durcissent dans les premiers mois de vie. Cette souplesse permet au cerveau de grandir, et à la tête du chaton de s’adapter pendant la mise bas.

Lors de celle-ci, si le diamètre est étroit, une compression peut provoquer une fixation des sutures crâniennes. Cette contrainte empêche le développement des structures, entraînant une déformation du crâne. Les dysfonctions crâniennes peuvent alors provoquer différents troubles : circulatoires (congestions, hypertension crânienne, céphalées, etc.), hormonaux (par l’atteinte de la tente de l’hypophyse) et nerveux (crises épileptiformes par tension de la dure-mère, ataxies par celle de la tente du cervelet).

Les symptômes présentés par le chaton de ce cas peuvent tous être reliés à la dysfonction crânienne décelée en ostéopathie. Le crâne étant encore souple, les manipulations ont redonné de la mobilité à la boîte crânienne, afin qu’elle retrouve son élasticité et s’adapte au développement du cerveau. Ceci a permis un retour à la normale des fonctions locomotrices, la disparition du nystagmus, dû probablement à une hypertension crânienne, et une résorption de la déformation du crâne. Le comportement de prostration et de souffrance du chaton, lié aux céphalées, s’est résolu dès la première séance, permettant aux propriétaires d’envisager un avenir pour leur chat.
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Bibliographie

- Fosse F. Ostéopathie crânienne. Cours Avetao. 2012.

- Kamina P. Anatomie clinique, tome 2, 3^e édition, Maloine, 2019, p. 21.

- Lessard S., Gagnon I., Trottier N. Exploring the impact of osteopathic treatment on cranial asymmetries associated with nonsynostotic plagiocephaly in infants. Complement Ther. Clin. Pract. 2011;17(4):193-198.

- Liem T. Ostéopathie crânienne, Maloine, 2010.