ENSV et FVI : la nouvelle directrice veut « accentuer les réussites » - La Semaine Vétérinaire n° 1794 du 19/01/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1794 du 19/01/2019

ENTRETIEN

ACTU

Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR LORENZA RICHARD 

Nathalie Guerson succède à Olivier Faugère à la tête à la fois de l’École nationale des services vétérinaires (ENSV), épaulée par François Darribehaude, son directeur adjoint, et de France Vétérinaire International (FVI). Interview croisée.

Durant mon parcours professionnel, j’ai toujours contribué à la formation, notamment en tant qu’intervenante de terrain dans plusieurs structures », explique Nathalie Guerson, qui a d’abord été inspectrice de la santé publique vétérinaire (ISPV), puis manager à la Direction générale de l’alimentation (DGAL), et enfin directrice départementale de la protection des populations de la Loire. « Ma réorientation de carrière, qui me permet de transmettre et de coaliser cette appétence que j’ai toujours eue pour la formation, est dans la continuité logique et la potentialisation de ce que j’ai fait jusqu’à présent. »

Nommée, parmi huit candidats, à la tête de l’École nationale des services vétérinaires (ENSV), par le ministère de l’Agriculture, et de France Vétérinaire International (FVI), par le conseil d’administration de ce groupement, notre consœur prend ses fonctions le 1er février. Elle succède à Olivier Faugère, directeur depuis 2008 de l’ENSV et depuis 2011 de FVI, qui a annoncé son départ à la retraite. Ce changement de direction est l’occasion de faire le point sur la formation des ISPV et les nombreux autres projets dans lesquels l’école est engagée, avec Olivier Faugère, Nathalie Guerson et François Darribehaude, directeur adjoint de l’ENSV.

Comment la formation dispensée par l’ENSV est-elle amenée à évoluer ?

Olivier Faugère : La formation est organisée selon un triptyque : initiale, continue et à l’international. Les enjeux sociétaux ont toujours été intégrés aux formations par les directions et les équipes successives. C’est ainsi que la gestion du bien-être animal a été incluse et celle de la biodiversité le sera bientôt. La compétence en analyse des politiques publiques a également été introduite dans la formation des ISPV, afin de leur permettre de mieux comprendre le contexte d’intervention et de compléter leur compétence technique en management de la santé publique vétérinaire.

Nathalie Guerson : Les ISPV qui sortent de l’ENSV sont compétents sur les nouveaux enjeux dès le premier poste. Par exemple, notre dernière stagiaire a mis en place les grilles de respect du bien-être animal à l’abattoir. Cela est lié à la formation, pratique, pointue, dispensée par des intervenants de terrain, et qui repose sur des exemples concrets du quotidien.

François Darribehaude : Le virage numérique pris en 2017 permet notamment aux étudiants d’avoir accès aux ressources pédagogiques via Internet. Il renforce aussi notre expertise et la mise en place de l’enseignement en distanciel révolutionne nos pratiques pédagogiques.

N. G. : Le distanciel donne une avance à l’ENSV. L’évolution d’un enseignement uniquement en présentiel vers la mise à disposition de connaissances à distance en prérequis permet de consacrer le présentiel à expliquer ce qui a été préalablement acquis, donc de le potentialiser.

Qu’en est-il des formations continue et à l’international ?

O. F. : Le souci de s’adapter aux besoins de la société et de l’administration est constant dans la formation continue des agents de l’État et des vétérinaires sanitaires : nous y répondons avec réactivité. Par exemple, en collaboration avec l’Institut national de formation des personnels du ministère de l’Agriculture (Infoma), nous avons mis en place une formation qualifiante des personnels qui vont être recrutés pour assurer le contrôle frontalier entre la France et le Royaume-Uni. La formation à l’international, y compris en anglais, est en fort développement pour assurer la promotion du management de la santé publique vétérinaire “à l’européenne”, mais aussi du fait de la mission de l’ENSV comme centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), pour la formation des vétérinaires officiels. L’OIE nous a également demandé, en association avec d’autres centres collaborateurs, de créer une plateforme de formation pour les besoins de promotion de sa politique sanitaire au sein de chacun des 182 pays membres. C’est un beau défi !

F. D. : Ce qui caractérise l’ENSV est sa capacité d’être à l’écoute, réactive et innovante dans tous les aspects de la formation. Un dispositif de e-learning en anglais destiné à l’international (E-Cerise1) est en construction, parmi d’autres innovations.

N. G. : L’équipe de l’ENSV a mis beaucoup de choses en place, dont je vais hériter et que je vais poursuivre, concernant la formation au long cours et les projets internationaux.

De nouveaux projets sont-ils prévus ?

F. D. : VetAgro Sup fourmille de nouveaux projets auxquels contribue l’ENSV, en sa qualité d’école interne, qui ont un effet positif sur sa visibilité. C’est le cas notamment de la création de la chaire partenariale consacrée au bien-être animal à VetAgro Sup, dont certaines actions de formation et de recherche sont portées par l’école. De même, des travaux sont confiés à ses étudiants par l’Agence française pour la biodiversité.

O. F. : Nathalie Guerson me succède également à la direction de FVI, groupement d’intérêt public composé de l’ensemble des organisations, publiques ou privées, qui comportent une valence vétérinaire en France. Le rôle de FVI est de promouvoir l’expertise et la formation vétérinaire française. Avec l’ENSV, ils disposent du même vivier d’experts et travaillent dans une grande proximité thématique et méthodologique. Nous prônons le transfert des missions de FVI vers celles de l’ENSV pour renforcer la performance de l’offre de formation et d’expertise française à l’international.

Comment voyez-vous l’avenir ?

F. D. : Le changement de direction est l’opportunité d’un bilan du chemin parcouru, individuellement et collectivement, afin de rester une force de proposition pour l’avenir, notamment dans la continuité de ce qui a été initié.

N. G. : Il conviendra d’accentuer ce que l’équipe précédente a réussi, notamment les cours pratico-pratiques pour que les ISPV soient des chefs de service opérationnels immédiatement, et concourent à mettre en œuvre des politiques publiques durant leur carrière. Une formation en communication pourrait être développée, car il est important de bien s’exprimer en cas d’alerte médiatisée.

O. F. : Le bâtiment, inauguré en 2008, sera agrandi en 2019, pour faire face à l’augmentation d’activité et des effectifs en personnels et étudiants. L’ENSV est un continuum depuis 45 ans : les directions et équipes successives ont conduit cette petite structure à évoluer régulièrement.

1 Online Continuing Education for Veterinary Services.

Pour en savoir plus :

ensv.fr et france-vet-international.org.

REGARDS SUR LA PLACE DES VÉTÉRINAIRES DANS LA FONCTION PUBLIQUE

« Fonctionnaire depuis ma sortie d’école, explique Olivier Faugère, j’ai pu exercer quatre métiers : à l’étranger comme chercheur au Cirad1, puis comme conseiller d’ambassade en charge de projets de développement rural, et en France comme administrateur de la santé publique vétérinaire à la DGAL, puis comme directeur de l’ENSV et de FVI. Les jeunes vétérinaires pensent à tort qu’exercer dans la fonction publique n’est pas enthousiasmant. Pourtant l’Administration offre la possibilité d’avoir, comme les chats, plusieurs vies professionnelles au cours de sa carrière, et ça c’est unique ! »
« J’ai également exercé plusieurs métiers, renchéritNathalie Guerson. Nos parcours différents illustrent la polyvalence des ISPV. C’est une évidence pour moi de travailler pour l’intérêt général et d’avoir différentes fonctions au fur et à mesure de ma carrière. De nombreuses institutions ont besoin de personnes avec des compétences en santé publique et en management, et, actuellement, les places sont prises par les agronomes. Les étudiants vétérinaires devraient pouvoir s’y orienter, par exemple, par le biais d’une 5e année “santé publique vétérinaire”. Cela peut être également intéressant pour les confrères qui veulent se réorienter. »

1 Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.
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