Tout bien pesé - La Semaine Vétérinaire n° 1793 du 13/01/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1793 du 13/01/2019

Edito

Auteur(s) : TANIT HALFON 

En novembre dernier a eu lieu une petite révolution. Le cylindre de platine et d’iridium, précieusement conservé sous une triple cloche de verre à Sèvres (Hauts-de-Seine), qui est la référence internationale du kilogramme, a cédé sa place à la constante de Planck. Cette nouvelle définition quantique de l’unité de mesure devenait urgente : à chaque pesée, la masse de l’étalon diminuait légèrement par rapport à celle de ses copies. Dommage : il est à parier que peser moins lourd1, sans effort particulier, aurait fait plaisir à plus d’un. Mais perdre en précision – dirons-nous pour simplifier – aurait pu être, selon les experts, lourd de conséquences. Le poids a son importance, jusque dans la langue française. Faire pression, c’est peser sur. Avoir une grande influence, c’est peser lourd. Les vétérinaires ne sont pas épargnés par le poids, et ce jusque dans leurs missions régaliennes. En abattoir, les services vétérinaires ne pèsent-ils pas de moins en moins lourds, du fait de leur manque d’effectifs ? En témoigne le rapport parlementaire Falorni2 de 2016. Le constat : les effectifs des services vétérinaires sont « insuffisamment nombreux pour mener de front leurs deux missions : la qualité sanitaire de la viande et la protection animale », la première apparaissant alors prioritaire par rapport à la seconde. Un problème de poids, au regard des vidéos de maltraitance animale postées par les associations antispécistes. Une difficulté pesante aussi quand l’évolution dans les établissements d’abattage est à l’augmentation des cadences, compliquant de fait le travail des agents des services vétérinaires3. Dans ces conditions, comment faire le poids ? D’autant plus que la légitimité des services vétérinaires en abattoir peut être facilement remise en cause, comme nous l’apprend une récente thèse en sciences politiques4, l’intérêt sanitaire pouvant aller à l’encontre d’impératifs économiques. Ne l’oublions pas, les contrôles des services vétérinaires en abattoir restent essentiels, tant du point de vue de la santé publique, de la santé animale que – et c’est particulièrement vrai aujourd’hui – de la protection animale. Mais pour faire le poids, encore faut-il leur en donner les moyens.

1 Si la masse et le poids sont deux notions bien différenciées en physique, la deuxième valeur est proportionnelle à la première.

2 bit.ly/2FPrF3j.

3 bit.ly/2Hs2VRb.

4 Lire page 34 à 40 de ce numéro.

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