Les multiples facettes des vétérinaires pompiers - La Semaine Vétérinaire n° 1793 du 13/01/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1793 du 13/01/2019

SÉCURITÉ PUBLIQUE

ACTU

Auteur(s) : PIERRE DUFOUR  

345 vétérinaires sont aussi sapeurs-pompiers. Aperçu des missions qui leur incombent, avec Dominique Grandjean, vétérinaire colonel à la brigade de sapeurs-pompiers de Paris.

VetoAdom, société de vétérinaires à domicile, a invité, le 20 décembre, à Montrouge (Hauts-de-Seine), Dominique Grandjean, vétérinaire colonel à la brigade de sapeurs-pompiers de Paris et professeur à l’École nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA), à témoigner sur la contention de l’animal difficile en visite à domicile. En préambule, il a présenté le panorama des vétérinaires pompiers. Ainsi, en France, 345 vétérinaires sont sapeurs-pompiers, volontaires, professionnels fonctionnaires territoriaux ou réservistes à activité militaire. En 2017, sur 53 000 interventions concernant des animaux, 3 000 ont nécessité des vétérinaires, majoritairement en région parisienne et sur la Côte d’Azur. Rien qu’en région parisienne, 500 vétérinaires ont été nécessaires pour 11 000 interventions l’année dernière. Le secteur parisien est divisé en groupements géographiques et s’étend aussi en profondeur, avec les catacombes, le métro, les anciennes carrières, ce qui en fait toute sa particularité et sa difficulté. « Vous seriez surpris de voir des scorpions dans les sous-sols parisiens », illustre notre confrère Dominique Granjean.

Cynotechnie, recherche de personnes, sécurité publique

Les vétérinaires pompiers réservistes de Paris, dont il fait partie, ont différents rôles. En charge de la cynotechnie, ils contrôlent, par exemple, les compétences des chiens utilisés pour retrouver des survivants dans des décombres. La recherche de personnes égarées ou même noyées est également facilitée par ces animaux. « Si le courant n’est pas trop fort, le corps humain, en rentrant dans l’eau, laisse une tâche huileuse de sébum qui reste à la surface et que le chien peut sentir », illustre-t-il, avant d’ajouter : « Les capacités des chiens sont étonnantes, et les applications nombreuses, notamment pour la détection du cancer du côlon, actuellement en recherche au Liban, mais aussi le diagnostic de la maladie de Parkinson, presque cinq ans avant le diagnostic médical clas sique, ou du cancer du sein. » Les vétérinaires pompiers gèrent également les risques biologiques, les toxi-infections alimentaires massives ou le bioterrorisme. Ils sont aussi appelés lors de risques animaliers. « Nous travaillons dans un contexte de santé et de sécurité publique », souligne notre confrère. Ils viennent au secours d’animaux blessés sur la voie publique pouvant représenter un danger, ils préviennent les risques liés aux animaux dangereux. Lors de sa carrière, notre confrère a été confronté à de nombreuses espèces : fauves (serval, lion), singes (dont le chimpanzé de Bambou, dernière compagne de Serge Gainsbourg), araignées, fourmis invasives importées, oiseaux, sangliers, chevreuils, rat, fouine, mangouste, hippopotames, éléphant, etc.

QUELQUES CONSEILS POUR APPROCHER LES ANIMAUX DIFFICILES


Les interventions des vétérinaires pompiers concernant le chat et les nouveaux animaux de compagnie (NAC) sont en augmentation. « Le chat est l’espèce qui expédie le plus de victimes à l’hôpital. C’est un animal très dangereux, j’utilise des gants et une pince », précise notre confrère Dominique Grandjean. Pour les chiens, le port du chapeau est déconseillé, même lorsqu’il est obligatoire comme pour les pompiers. La voix doit être grave et douce. Le lasso permet de museler les animaux à la limite de l’agressivité, et pour ceux qui en font preuve, parfois formés au mordant, l’utilisation d’une manchette est indispensable. « Pour moi, la race la plus difficile est le rottweiler ; je n’arrive pas à le lire et à anticiper ses réactions », ajoute-t-il. Parmi les NAC, les reptiles sont les cas les plus difficiles, avec 200 interventions par an, dont 20 % concernant des venimeux, en région parisienne. Pour capturer un serpent, notre confrère conseille l’utilisation d’un balai pour bloquer l’arrière de la tête avant de l’attraper par-derrière. Il recommande également de considérer un spécimen comme venimeux si son espèce n’est pas reconnue.
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